La balance commerciale de la France en chute libre
Crise énergétique/Un déficit commercial de 14,5 milliards d’euros.
Le coût d’importation des sources d’énergie en très forte hausse pèse lourdement sur les échanges de marchandises de la France. Le déficit s’est alourdi de 14,5 milliards d’euros en juillet 2022 et pourrait dépasser 130 milliards sur l’année.
La balance commerciale de la France s’est à nouveau dégradée en juillet, son déficit atteignant 14,5 milliards d’euros, contre 13,1 milliards en juin dernier. Selon les données publiées le 8 septembre par les douanes françaises. Les importations, poussées par la hausse de la facture énergétique, se sont élevées à 63,3 milliards d’euros et ont progressé plus vite que les exportations, qui ont atteint 48,7 milliards. Le déficit commercial mensuel s’est creusé de 0,5 milliard d’euros, passant de 13,5 milliards à 14 milliards d’euros. En avril 2022, la France enregistrait déjà un record négatif à 12 milliards d’euros.
Cette dégradation du solde du commerce extérieur de la France est en très fort accroissement depuis 2020, où il présentait déjà un déficit de près de 65 milliards d’euros. Fin 2021, le déficit atteignait 85,5 milliards d’euros et sur les douze derniers mois mesurés (d’août 2021 à juillet 2022), il frôle déjà 130 milliards d’euros.
Dans une note publiée début juillet, les services des douanes relevaient qu’entre avril 2021 et avril 2022, les exportations françaises, en raison de sanctions commerciales décidées par l’Union européenne contre la Russie, avaient chuté de 78% en valeur alors que le montant des importations (principalement d’hydrocarbures) avait doublé.
Bien que la France soit lourdement déficitaire dans ses échanges de marchandises, elle est traditionnellement excédentaire dans ses échanges de services, notamment grâce au tourisme. Mais en juillet, malgré une excellente saison touristique cet été, l’excédent des services de voyage a reculé à 1,5 milliard en juillet, contre 1,7 milliard le mois précédent. Quant à l’excédent de l’ensemble des services, il s’est réduit à 5,6 milliards d’euros contre 7,1 milliards d’euros.
Avec l’envolée des cours des hydrocarbures, le solde commercial français s’effondre et devrait dépasser un déficit de 100 milliards d’euros en 2022. Les services des transports et flux financiers se portent mieux, sans remettre en cause le déficit. Les douanes ont annoncé le 5 juillet que le déficit commercial français sur les biens s’était creusé à 71 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année, principalement en raison du coût des importations d’énergie. Sur le seul mois de juin 2022 le déficit commercial s’est creusé de 13,3 milliards d’euros, ce qui représente un nouveau record mensuel.
La grosse facture énergétique a plombé les chiffres semestriels, souligne le ministère du Commerce extérieur dans un communiqué diffusé le jour de la parution de ces chiffres. Celle-ci est passée de 27 milliards d’euros au deuxième semestre 2021 à 48 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année. Au cours d’une conférence de presse le ministre délégué chargé du Commerce extérieur Olivier Becht, cité par l’agence de presse française, a estimé que ce surcoût expliquait à lui seul la dégradation très sensible du solde commercial français sur la première moitié de l’année. La barre symbolique des 100 milliards d’euros de déficit annuel devrait logiquement être franchie à la fin 2022. Sur douze mois glissants, la France affiche déjà un déficit commercial de 121,9 milliards d’euros.
Les différentes répercussions du conflit en Ukraine ont entrainé une flambée des prix des hydrocarbures, aggravée sur le solde commercial français par la dépréciation récente de l’euro face au dollar qui a renchéri les importations de pétrole libellées en devise américaine. Le ministère a précisé dans son communiqué qu’hors énergie et matériel militaire, le déficit commercial de la France était de 36 milliards d’euros, proche de son niveau de l’an dernier. Le déficit commercial très important sur les biens est toutefois contrebalancé par une très bonne tenue des services, qui enregistrent un excédent record de 34 milliards d’euros dans ce secteur contre 23 milliards au semestre précédent. Celui-ci a été porté par les services de transports, de voyages et les services financiers, fait-il savoir.
- Source : RI