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Vendredi, 31 Janv. 2025

Maîtrisez l’IA avant qu’elle ne vous maîtrise

Auteur : Serge Van Cutsem | Editeur : Walt | Vendredi, 31 Janv. 2025 - 15h18

En préambule, il est important de préciser que cette publication n’a pas pour but de plébisciter l’Intelligence Artificielle ni de porter un jugement quelconque, elle a pour unique objectif d’apporter quelques clés de compréhension pour maîtriser l’IA avant qu’elle ne devienne un facteur de contrôle sur votre vie. Car si une chose est certaine c’est qu’il est illusoire de penser ne fut-ce qu’une seconde que cette évolution pourrait être enrayée.

Une révolution à double tranchant

L’intelligence artificielle (IA) est souvent présentée comme une des révolutions technologiques les plus significatives de notre époque. Elle promet de transformer les domaines de la santé, de l’éducation, de l’économie, et bien au-delà. Cependant, comme toute avancée technologique, c’est une arme à double tranchant.

Entre les mains de certains, elle peut être un outil de libération intellectuelle et d’accélération des capacités humaines, mais entre les mains de personnes ou autorités mal intentionnées (…), elle peut devenir un instrument de contrôle, de manipulation et de domination.

Dans son ouvrage Le Triomphe de votre intelligence, Idriss Aberkane souligne que l’IA n’est rien de plus qu’une extension de notre propre ingéniosité. L’erreur fondamentale serait de la considérer comme une entité autonome, dotée d’une conscience ou d’une volonté. Ce n’est pas l’outil qui est dangereux, mais bien celui qui le détient et décide de son utilisation.

Il est essentiel de comprendre l’IA pour mieux l’utiliser

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’IA ne pense pas. Elle analyse des données en masse et fonctionne par modélisation probabiliste. Elle ne crée pas, mais compile et restitue. Cela implique qu’elle hérite des biais et des limitations présents dans les données humaines qui la nourrissent.

L’IA n’est donc qu’un outil, certes de plus en plus performant, mais elle n’est ni un oracle ni un magicien. Elle peut être une aide extraordinaire dans de nombreux domaines : optimisation de processus, aide à la décision, synthèse de connaissances complexes. Cependant, il est crucial de toujours la voir comme un outil, et non comme une vérité absolue. Elle est sujette à l’erreur et elle peut être manipulée pour servir des intérêts particuliers ou réunis en entités telles que le WEF (World Economic Forum) ou l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). L’IA devient alors un instrument de manipulation systémique des masses et l’expérience d’un passé récent nous a démontré que nous ne pouvons plus accorder la moindre confiance à nos gouvernants.

Pour exploiter efficacement l’IA, il est nécessaire de :

  • Poser les bonnes questions : Des requêtes vagues ou ambiguës conduisent à des réponses imprécises ou erronées.
  • Analyser les résultats : Confrontez toujours les informations fournies par une IA à d’autres sources fiables.
  • Développer votre expertise : Maîtriser le sujet abordé reste indispensable pour évaluer la pertinence des réponses.

Sans un esprit critique, l’utilisateur risque de devenir une cible facile pour les contenus trompeurs, comme les fake news ou les deepfakes. Ces manipulations, amplifiées par l’IA, visent souvent à influencer les masses. En somme, même si l’IA peut vous accompagner dans vos réflexions, votre propre expertise, votre sens critique et votre intelligence restent indispensables pour en tirer le meilleur parti.

Une utilisation excessive de l’IA ne peut qu’éroder nos capacités personnelles. Si nous nous reposons trop sur ces outils pour penser à notre place, nous risquons de perdre notre aptitude à analyser, réfléchir et décider par nous-mêmes, tout comme les calculettes ont marginalisé le calcul mental.

L’IA doit donc rester un outil d’optimisation et non un substitut à notre intelligence. Elle peut faciliter l’accès à des connaissances complexes, mais c’est à nous de conserver la maîtrise des décisions finales.

L’enseignement face à l’IA

Nos systèmes éducatifs doivent rapidement s’adapter à l’intégration exponentielle de l’IA dans nos vies. Si l’école ne s’adapte pas en incluant dans l’enseignement les bases de l’IA et du numérique, les élèves vont sans nul doute adopter une utilisation superficielle et paresseuse de ces outils, sans développer l’esprit critique et les compétences nécessaires pour en tirer une réelle valeur.

Pour inverser cette tendance, il est crucial d’intégrer l’IA aux programmes scolaires afin de former les jeunes à utiliser ces outils de façon critique et efficace. Cela implique bien entendu que les enseignants soient également formés à cet effet ce qui, à de rares exceptions près, est loin d’être le cas

Rejeter l’IA serait une erreur. Elle fait partie de notre futur, et il est essentiel de préparer les jeunes à l’utiliser avec discernement.

Les dangers de la surveillance de masse avec l’IA

Certains gouvernements et entreprises utilisent déjà l’IA pour surveiller et contrôler les individus. Ces outils peuvent enregistrer vos données, prédire vos comportements, et même influencer vos choix. En s’appuyant sur l’analyse de nos interactions (en ligne et hors ligne), l’IA peut ainsi créer des profils d’utilisateurs extrêmement précis et cibler nos habitudes, nos opinions ou encore nos vulnérabilités.

Au-delà de la simple collecte de données, c’est l’orchestration d’une véritable «dictature de la pensée» qui se profile. Les algorithmes peuvent façonner l’accès à l’information (via les moteurs de recherche, les réseaux sociaux ou les recommandations de contenus). Cela finit par induire un biais cognitif en faveur de certains points de vue en étouffant toute dissidence ou critique.

Face à cette menace, il est crucial de mettre en place des garde-fous législatifs, éthiques et techniques mais cela n’est pas inhérent à l’IA. Il y a peu le régime où sévissait la Stasi n’avait pas attendu l’IA pour contrôler la population, mais il est vrai que l’IA facilite la tâche de la STASI 2.0 qu’est devenue l’UE.

Les clés pour maîtriser l’IA

Développez votre littératie numérique : Comprenez les principes de base des systèmes d’IA pour en évaluer les limites.

Restez critique : Ne prenez jamais les réponses de l’IA pour argent comptant. Recoupez toujours les informations,

interrogez plusieurs sources, le doute est le point de départ de toute réflexion critique, car il incite à remettre en question les informations reçues au lieu de les accepter aveuglément. Il permet de tester la validité des faits, d’explorer différentes perspectives et de déceler d’éventuelles incohérences. En cultivant le doute, on développe un esprit plus curieux, rigoureux et indépendant. Attention ! UNE source n’est jamais une preuve en soi, car elle peut être biaisée, incomplète ou fausse. Pour établir une preuve, il faut systématiquement recouper plusieurs sources, analyser leur fiabilité et vérifier la cohérence des informations. Seule cette démarche critique permet de distinguer les faits avérés des simples affirmations ou opinions.

Protégez vos données personnelles :  Limitez ce que vous partagez en ligne.

Utilisez l’IA comme un levier : Elle doit compléter vos compétences, pas les remplacer.

Préservez la prise de décision humaine : Gardez le contrôle sur vos choix et évitez l’automatisation aveugle.

Continuez à apprendre : Adoptez une posture d’apprenant permanent pour vous adapter à un monde en évolution. Prenez l’habitude de mémoriser les réponses exactement comme le fait un élève à l’école, ainsi l’IA vous enrichira intellectuellement.

Équilibrez humain et machine : Exploitez les points forts de l’IA sans renoncer à votre créativité et à votre intuition.

Lors d’un échange avec Idriss Aberkane, l’intervieweur lui disait : «Vous dites souvent qu’il faut toujours douter des informations reçues… Mais devrait-on également douter de ce que vous prétendez ?» À cela il a répondu :«Mais bien entendu vous devez également douter de ce que je dis et vous devez le confronter à d’autres sources».

Conservez toujours le «sens du questionnement», ce que Alexis Haupt nomme le «moi-pensant». Lorsque vous déléguez la recherche d’information ou l’analyse de données à un système d’IA, veillez à toujours comprendre la logique sous-jacente et gardez une distance critique. N’oubliez pas que l’IA ne pense pas, elle calcule et infère. Vous demeurez responsable des questions que vous posez et donc de l’interprétation des réponses et des décisions qui en découlent.

Un parallèle historique et un exemple concret :

Il y a soixante ans, les ingénieurs utilisaient des règles à calcul pour effectuer des opérations complexes. L’apparition de la calculatrice puis de l’ordinateur a changé la donne : ces outils ont libéré les esprits des tâches répétitives, permettant de se concentrer sur la conception, l’analyse ou l’innovation. Cela n’a pas pour autant supprimé les ingénieurs et les concepteurs, ils ont eux-mêmes évolué et le temps libéré peut être consacré à la recherche et la réflexion.

En aviation moderne tout le monde comprend que la sécurité et la vigilance y sont critiques. Cette réalité illustre bien les avantages et les limites des systèmes automatisés, un parallèle pertinent avec l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans d’autres domaines.

Les pilotes disposent d’une abondance d’informations provenant des instruments de navigation, des contrôles moteurs, et bien plus encore. De plus, ils sont assistés par une variété d’automatismes, tels que le pilote automatique, les approches automatisées ou encore le changement de fréquences automatiques. Cependant, ces automatismes, bien que très utiles, présentent aussi des inconvénients. Ces limitations sont régulièrement abordées lors des cours de gestion des ressources de l’équipage (CRM), afin de sensibiliser les pilotes à leurs impacts potentiels. Les inconvénients des automatismes c’est qu’ils peuvent réduire la vigilance des pilotes, les plaçant dans un état de semi-inattention dans lequel leur capacité à réagir rapidement est diminuée. En s’appuyant excessivement sur les automatismes, les pilotes risquent de perdre leur perception globale de la situation, un facteur critique pour prendre de bonnes décisions en cas d’urgence.

C’est exactement ce qui se passe, avec le danger immédiat en moins, lorsqu’on se laisse trop prendre au jeu de l’IA. Il importe de maintenir un équilibre humain-machine car les meilleures solutions émergent souvent d’une collaboration harmonieuse entre les humains et les intelligences artificielles.

Laissez l’IA effectuer les tâches pour lesquelles elle excelle (traitement massif de données, reconnaissance de schémas), et misez sur vos points forts humains, tels que la créativité, l’empathie, la capacité de jugement moral ou l’intuition. Ce partenariat doit demeurer complémentaire, et non un rapport de dépendance.

Préservez la capacité de prise de décision. Même lorsqu’une IA vous propose une recommandation, c’est à vous qu’incombe la responsabilité de la décision finale. Ne confondez pas les suggestions d’un algorithme avec une vérité absolue. En gardant le contrôle, vous évitez l’automatisation aveugle et garantissez que vos valeurs humaines, vos principes éthiques et votre propre expérience guident les choix que vous faites.

En résumé, l’objectif est de faire de l’IA une «collaboratrice» qui accroît vos performances intellectuelles, sans jamais vous déposséder de votre sens critique ni de votre liberté de pensée. Votre intelligence humaine reste, et restera toujours, l’élément clé pour donner du sens à ce que l’IA produit et décider de la meilleure façon de s’en servir.

Enfin, nous avons une responsabilité collective dans la manière dont l’IA est développée et utilisée. Cela implique d’encadrer son usage par des règles éthiques claires, de sensibiliser les utilisateurs aux dérives potentielles, et de veiller à ce que la technologie serve toujours les intérêts humains.

Comme le dit Idriss Aberkane, l’IA est avant tout le triomphe de notre intelligence. Si nous apprenons à la maîtriser, elle deviendra une alliée précieuse pour relever les défis du futur. Mais si nous laissons la peur ou l’ignorance guider notre relation avec elle, alors nous risquons de devenir les sujets d’une technologie que nous avons pourtant créée.

Conclusion

Maîtriser l’IA, c’est avant tout maîtriser notre propre rapport à la technologie. L’outil est entre nos mains ; à nous de l’utiliser avec intelligence et prudence. Ainsi, l’IA pourra enrichir nos vies sans jamais les dominer.


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