Google et Aurore Bergé veulent verrouiller l’information : Meta, TikTok, YouTube, X… sont convoqués

Google vient de franchir un cap dans l’intégration de l’intelligence artificielle à son moteur de recherche avec le lancement de l’AI Mode, un chatbot générant des réponses instantanées sous forme d'articles. Cette innovation relance un débat crucial : l’IA signera-t-elle le glas des journalistes et des médias indépendants ? Parallèlement, la réunion organisée par la ministre Aurore Bergé avec les dirigeants du numérique, officiellement consacrée à la modération en ligne, suscite des craintes : ne sert-elle qu’à masquer une censure déguisée ?
Google et l’IA : vers une marginalisation des médias ?
L’AI Mode, s’appuyant sur des modèles comme Gemini, synthétise des réponses en puisant parfois dans des contenus sous licence, tels ceux du New York Times – partenaire d’Amazon pour alimenter des assistants vocaux comme Alexa. Si cette technologie simplifie l’accès à l’information, elle menace directement l’écosystème médiatique : en détournant les internautes des sites sources, elle prive les rédactions de revenus publicitaires vitaux et elle empêche la vérification des informations par le croisement des sources. Moins de trafic, c’est aussi moins d’audience pour les voix divergentes, déjà fragilisées par la concentration des pouvoirs médiatiques.
Plus inquiétant, l’IA pourrait uniformiser l’information au profit d’une pensée standardisée. Les algorithmes, conçus par des entreprises aux liens étroits avec les gouvernements et les multinationales, risquent d’évincer les analyses critiques. Un exemple récent en témoigne : le Chicago Sun-Times a diffusé une sélection estivale de livres… inventés de toutes pièces par une IA. Ces dérives, loin d’être anecdotiques, discréditent les sources fiables au profit de contenus erronés ou biaisés.
Pour la profession journalistique, l’horizon s’assombrit. Une enquête du New York Times révèle que l’automatisation accélère la précarisation des jeunes diplômés, y compris dans les métiers de l’écriture, où les tâches junior sont désormais confiées à des machines. Les rédactions, exsangues après des années de coupes budgétaires, pourraient se réduire à de simples pourvoyeurs de données pour les IA, tandis que les géants tech engrangeront les bénéfices.
Aurore Bergé : “Les gens ne choisissent pas vraiment ce qu’ils regardent”
— Camille Moscow (@camille_moscow) June 2, 2025
Traduction :
Le peuple est trop bête pour penser par lui-même,
et trop libre sur les réseaux.
Solution ? Fliquer les algorithmes, convoquer TikTok, YouTube, X, Twitch…
Avec l’ARCOM et la police, s’il… pic.twitter.com/BSvxpM2ASR
Aurore Bergé et le numérique : réguler ou museler ?
La ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes, Aurore Bergé, a réuni le 2 juin 2025 les dirigeants de Meta, TikTok, YouTube, Snapchat, Twitch et X pour évoquer leur « responsabilité » face aux contenus violents ou haineux. Épaulée par la ministre déléguée à l’IA, Clara Chappaz, et l’ARCOM, elle exige un renforcement de la modération. Mais cette initiative, sous couvert de protection, ne cache-t-elle pas une volonté de contrôle, celle de la Commission européenne ?
Aurore Bergé, les discours de haine, elle les connaît d’autant mieux qu’elle a échappé à la modération sur les réseaux. Ainsi s’était-elle répandue sur des exactions du Hamas — 40 bébés mis dans un four, des femmes enceintes éventrées — qui se sont révélées des fakes haineux. Elle avait déclaré « taguer une étoile de David, c’est un poison pour nous tous ». Les Russes, encore eux, ou bien lapsus antisémite ?
Le discours d’Aurore Bergé, ciblant les plateformes et les influenceurs, interroge. En assimilant les réseaux sociaux à des vecteurs de haine, elle ouvre la voie à une régulation drastique et liberticide. Cette logique rappelle les poursuites visant des intellectuels comme Youssef Hindi, convoqué pour ses prises de position sur Israël comme une entrave à la liberté d’expression. Sous prétexte de combattre la « haine », ces mesures pourraient cibler les médias alternatifs, déjà pénalisés par les algorithmes.
Menace sur le pluralisme : l’étau se resserre
La convergence entre l’IA privatisée et la régulation étatique dessine un scénario alarmant pour ce qu’il nous reste de démocratie et de liberté d’expression. D’un côté, les algorithmes de Google formatent l’information, invisibilisant les médias indépendants. De l’autre, les injonctions politiques, comme celles d’Aurore Bergé, risquent d’instaurer une surveillance généralisée, où toute critique serait étiquetée « haineuse ». Ce double verrou – technologique et légal – pourrait cantonner le débat public à des cadres approuvés par les puissants.
- Source : Le Média en 4-4-2