De dangereux pesticides dans nos céréales
Les pesticides utilisés pour l'agriculture conventionnelle se déclinent notamment en fongicides qui cibleraient uniquement les moisissures, selon leurs fabricants. Une nouvelle étude montre en fait qu'ils sont également toxiques pour les humains...
Développés depuis 1966, les SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase), sont des fongicides qui visent à bloquer l'activité de l'enzyme succinate déshydrogénase qui joue un rôle clé dans la respiration cellulaire. Autrement dit, les SDHI bloquent la respiration des moisissures, ce qui entraîne leur mort... Plusieurs fongicides sont disponibles sur le marché, citons notamment : Flutalonil, Trifluzamide, Boscalid, Fluopyram, Furamethpyr, Isopyrazam, Sedaxane, Bixafen, Penthiopyrad, Fluxapyroxad, Penflufen...
Ces pesticides à large spectre peuvent être directement incorporés sur les semences ou pulvérisés de manière préventive ou curative sur les plantes cultivées.
Ils sont couramment utilisés pour lutter contre les champignons qui affectent les cultures céréalières, mais aussi les pommes de terre, les tomates, les agrumes et le raisin. Ainsi, en France, plus de 70 % des surfaces en blé sont traitées avec ces produits chimiques. Des produits alimentaires et chimiques que nous ingérons ensuite...
Les fabricants de ces produits assurent que ces fongicides inhibent spécifiquement l'activité de cette enzyme dans les moisissures. Cependant, des scientifiques français à l'origine d'une publication scientifique et d'une tribune dans Libération sonnent l'alarme : ces fongicides SDHI bloquent également l'enzyme humaine. Pierre Rustin, généticien et directeur de recherches au CNRS - Inserm, explique dans Libération : ces fongicides "bloquent bien la SDH humaine, nous l'avons testé en laboratoire. Or, nous savons qu'il est extrêmement dangereux de bloquer cette enzyme." En effet, selon les chercheurs ils "peuvent entraîner la mort des cellules en causant de graves encéphalopathies, ou au contraire une prolifération incontrôlée des cellules et se trouver à l'origine de cancers" (reins, système digestif...)
C'est pourquoi, les auteurs de la tribune demandent d'en "suspendre l'utilisation tant qu'une estimation des dangers et des risques n'aura pas été réalisée par des organismes publics indépendants des industriels distribuant ces composés et des agences ayant précédemment donné les autorisations de mise sur le marché des SDHI".
"A la lumière de cette alerte scientifique Générations Futures demande à l'ANSES le réexamen en urgence de l'évaluation de ces fongicides SDHI ainsi qu'une suspension immédiate de leurs autorisations." Déclare François Veillerette, Directeur de l'association Générations Futures.
En outre, les SDHI sont moins efficaces qu'auparavant avec l'apparition de champignons résistants.
L'Anses se mobilise pour évaluer l'alerte
Quelques jours après cette alerte, l’Anses vient de communiquer sur la mise en place d'un groupe d'experts dédié "afin de prendre en compte l’ensemble des données scientifiques disponibles sur ce sujet et notamment examiner sans délai les éléments évoqués par les scientifiques lanceurs d’alerte (...) Ce travail aura notamment pour objectif d’évaluer si des éléments nouveaux doivent être portés au niveau européen et, si nécessaire, de prendre toute mesure de gestion des risques qui apparaitrait appropriée".
Comment éviter au maximum l'ingestion de ces dangereux pesticides ?
Vu qu'il est illusoire d'attendre des décisions politiques rapides et responsables sur ce sujet, le meilleur moyen reste de privilégier les fruits et légumes issus de l'Agriculture Biologique.
- Source : notre-planete.info