Comment sont apparus les juifs en Europe entre le premier et cinquième siècle ?

Ce texte a pour but de réfuter l’idée communément admise sans preuves historiques que les juifs européens, notamment, sont les descendants de juifs expulsés de Palestine depuis la destruction du temple d’Hérode en 79 de notre ère, en montrant comment des communautés juives sont apparues en Europe au Ve siècle de notre ère.
Comme on le verra plus loin dans le texte, si l’on admet que le droit «au retour» en Palestine est justifié pour les Européens de confession juive, alors ce droit au retour est tout autant justifié pour l’ensemble des Européens de confession chrétienne.
On verra que les historiens qui se sont investis dans l’étude des religions monothéistes savent pertinemment que les juifs vivant sur le sol européen sont majoritairement des Européens qui ont opté pour le judaïsme lorsqu’ils ont eu à se prononcer sur la nature messianique de Jésus de Nazareth vers cinquième siècle de notre ère. Mais pour des motifs partisans, la réalité historique est confinée, par bribes, dans d’obscurs ouvrages savants qui prennent la poussière dans les bibliothèques universitaires ou confessionnelles.
On verra également que ces mêmes historiens savent pertinemment que le christianisme et le judaïsme ont commencé à se séparer seulement à partir du IIe siècle et que la séparation a duré plusieurs siècles, et ce n’est que vers la fin du Ve siècle que juifs et chrétiens sont devenus les fidèles de deux religions séparées, bien qu’il existe encore aujourd’hui des preuves que les juifs et les chrétiens ont continué à se considérer comme deux courants d’une même religion jusqu’au début du vingtième siècle.
On verra également que les historiens savent pertinemment qu’en Palestine même, les juifs, loin d’avoir été expulsé de «la terre promise» comme on veut nous le faire croire aujourd’hui, ont vécu côte à côte avec les chrétiens sur les mêmes terres, et ce, jusqu’aux conquêtes musulmanes du VIIe siècle, et au-delà jusqu’aux croisades.
Mais d’abord, il faut aborder ce qui se cache derrière la notion de diaspora juive qui est frauduleusement indiquée comme suit : «La diaspora juive ( (he) Tefutzah, «dispersé» ou Galout, «Exil «) désigne la dispersion du peuple juif à travers le monde et quelle a commencé lors de l’Exil à Babylone, au vie siècle avant J. -C. Elle s’est accentuée après la conquête du royaume de Judée par les armées romaines qui s’achève par la destruction du temple d’Hérode 70 après J. -C.».
Comme on le verra, la diaspora juive n’est pas ce que l’on nous raconte, et même si cela était, est-ce que cela justifierait un droit au retour 2000 ans plus tard et le droit de massacrer les habitants actuels.
Mais comme on va le voir, en dehors des notions d’antériorités et donc de légitimité sur un territoire donné, la «diaspora juive» et le «peuple juif» ne sont pas ce que l’on veut faire croire.
Ce que l’on nomme une diaspora a été et est toujours une migration, pour raisons économiques principalement. Dans l’antiquité, il y a eu les diasporas romaines, juives, grecques, phéniciennes, il s’agissait essentiellement des négociants et commerçants installés dans les centres de commerce, et la diaspora juive ne dérogeait pas à la règle, elle était composée des négociants et commerçants qui s’étaient installés à l’étranger pour les affaires. De nos jours, il existe également de nombreuses diasporas, par exemple la diaspora portugaise dans le monde est estimée à plus de 80 millions de personnes (sans tenir compte des 200 millions de Brésiliens), s’il prenait l’envie à cette diaspora portugaise de retourner au Portugal, nul doute que cela poserait des problèmes insolubles à ce petit pays de 10 millions d’habitants.
La diaspora juive du temps de Babylone et de la Perse
Ce que l’on nomme «diaspora juive» est un détournement de sens du mot diaspora : en effet, ce mot a été chargé d’un contenu spécifique sous-entendant que les juifs de l’antiquité auraient été dispersés hors de la Palestine, soit par les babyloniens et les Perses, soit plus tard par les Romains.
Concernant l’épisode Babylone et Perse, on pourrait écrire des pages, mais cela n’est pas l’objet de ce texte, on se contentera d’indiquer que seules les élites aristocratiques et religieuses ont été exilées et en aucune façon, l’ensemble de la population. Des études archéologiques et démographiques montrent que la population a été réduite d’à peine 10% de ce qu’elle était avant l’exil. Nous sommes bien loin d’une dispersion du «peuple juif».
De plus, après la prise de Babylone par les Perses, l’empereur Cyrus II manifesta une grande mansuétude envers les Hébreux de Babylone, en leur restituant tous les objets précieux de culte emportés par son prédécesseur, et il autorisa tous les Hébreux à retourner à Jérusalem, liberté dont beaucoup ne profitèrent pas, choisissant de rester à Babylone, ce qui laisse donc penser que les conditions de vie devaient leur être très favorables et qu’ils s’étaient bien intégrés. Et surtout, il incita tous ceux qui avaient choisi de retourner à Jérusalem à reconstruire le Temple, faisant lui-même des dons généreux pour permettre la réalisation de l’entreprise. Les descendants des Hébreux qui ont fait le choix de rester à Babylone seront ceux-là mêmes qui rédigeront le Talmud de Babylone, dont on verra l’importance plus tard pour le judaïsme moderne.
Selon la bible, plus de quarante mille profitèrent de l’autorisation pour quitter Babylone. Mais les livres bibliques témoignent aussi que beaucoup s’étaient installés et restèrent à Babylone qui devint un centre majeur du judaïsme et qui assura sa diffusion au Moyen-Orient, mais également la présence pérenne des descendants des Hébreux juifs dans cette partie du monde.
Contrairement à l’idée répandue, les Hébreux, vaincus à la guerre, ont bénéficié de conditions autrement plus acceptables que ce que leurs descendants spirituels infligent aux Palestiniens d’aujourd’hui. Sans les Perses, Israël et le Temple de Jérusalem n’auraient pas vu le jour et le rayonnement du judaïsme dans tout le Moyen et Proche-Orient, ainsi que sur le pourtour de la Méditerranée, n’aurait jamais existé. Le christianisme lui-même doit son existence à la mansuétude de Cyrus II, un ancêtre des Iraniens, envers les Hébreux. Par une ironie dont l’histoire a le secret, ceux que les Iraniens de l’antiquité ont sauvés il y a 2500 ans veulent aujourd’hui atomiser l’Iran actuel.
Et pourtant, les inventeurs de la légende de la diaspora spécifique des juifs présentent cet épisode historique comme un des éléments de preuve de la «dispersion du peuple juif», or, c’est l’inverse qui s’est réalisé. Non seulement les Hébreux n’ont pas été dispersés, contrairement à ce que prétend la légende, mais les exilés, nobles et religieux, ont été particulièrement bien traités au regard des normes antiques, et leur exil a largement contribué à la propagation du judaïsme dans tout le Proche et Moyen-Orient.
La diaspora juive du temps des Grecs et de Rome
À la suite des révoltes successives des juifs contre Rome, Les juifs sont interdits de séjour à Jérusalem sous peine de mort en 135 après J.-C. Mais les romains n’ont expulsé aucuns juifs des territoires occupés par les Hébreux, hormis les prisonniers de guerre emmenés à Rome. Les six ou sept millions d’habitants de confession juive ont continué à vivre sur les terres de la Palestine et territoires proches, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire. Ils ne sont jamais partis, ils n’ont jamais quitté ce bout de terre depuis 2000 ans, et aujourd’hui, ces descendants des juifs de l’antiquité sont massacrés par ceux qui se sont convertis au judaïsme en Europe et qui prétendent incarner le judaïsme.
Mais on y reviendra.
Au début de l’Empire romain, il y aurait eu près de 8000 juifs vivant à Rome. Ils sont nombreux à Damas, à Antioche. Il y aurait près de 1 million de juifs résidant en Égypte (soit le huitième de la population). Cette importance de la population pratiquant la religion juive est en grande partie due aux conversions volontaires, mais aussi forcées, comme celles opérées par les rois Hasmonéens sur les territoires qu’ils contrôlent dans et autour de la Palestine.
Les juifs de la diaspora ne représentaient qu’une faible part de la population juive, et pour la plupart d’entre eux, il s’agissait d’une diaspora économique tout à fait normale à l’époque.
Avant la prédominance de Rome, les juifs avaient profité de la domination grecque pour s’installer tout autour de la Méditerranée : au IVe siècle avant J.-C., la Palestine est conquise par Alexandre le Grand. Au cours des luttes pour le partage de l’empire d’Alexandre, la Palestine est disputée entre les Séleucides d’Antioche et les Lagides d’Égypte. Les juifs accroissent leur présence dans les régions soumises aux Ptolémées (souverains de l’Égypte) et aux Séleucides, en Syrie, en Asie Mineure et dans les îles grecques.
Vers 300 av. J-C, le roi Ptolémée Soter envahit la Palestine. Il confie à des juifs la défense des forteresses grecques établies en Cyrénaïque (région côtière de l’actuelle Libye). Beaucoup de juifs viennent s’établir à Alexandrie, capitale de l’Égypte lagide. Les juifs occupent deux des cinq quartiers principaux de la ville.
Pendant les guerres puniques (en 254-146 av. J-C), de nombreuses communautés juives s’installent en Libye et en Afrique du Nord où elles convertirent des populations berbères. (D’où sont issus les juifs algériens francisés par le décret Crémieux en 1870).
Comme on le voit, les juifs n’ont pas été expulsés des terres ancestrales qu’ils occupaient pendant l’antiquité par les Romains, et les juifs ont été traités par Rome comme l’ont été tous ceux qui ont été vaincus par les légions romaines : quelques milliers de prisonniers emmenés en esclavages à Rome, et si de nombreux juifs se sont expatriés pour raison de commerce et de négoce, 6 à 7 millions de juifs n’ont pas quitté les terres de la Palestine et des contrées avoisinantes ni de l’Égypte, et ils sont de plein droit les ancêtres de ceux que Netanayou veut éradiquer, bien qu’ils ne pratiquent plus la même religion.
Cette diaspora n’a vraiment pas de réalité en dehors principalement des commerçants juifs qui se sont expatriés pour raisons personnelles et des prisonniers que les Romains ont emmenés à Rome après les défaites juives.
La prétendue dispersion de plus de 5 000 000 de juifs à partir de 80 après J.-C. aurait pourtant dû laisser des vestiges archéologiques, des témoignages, des anecdotes répercutées jusqu’à nos jours, et pourtant aucun historien n’a pu exhumer dans l’histoire la moindre allusion à ce transfert gigantesque de population, surtout pour l’époque.
Le plus significatif est qu’aucune communauté juive en Europe ou ailleurs n’a conservé dans ses traditions orales ou écrites la moindre allusion à leur déportation depuis la terre promise, aucun chant folklorique décrivant la traversée de la Méditerranée et des territoires inconnus.
Il y a une bonne raison à cela : il n’y a jamais eu de convois de réfugiés juifs depuis la Palestine romaine vers les côtes européennes ou barbaresques par voie de terre ou de mer.
Si aucune source historique ne fait état de déplacements massifs de personnes, ni de l’arrivée de réfugiés en quelques points du continent européen ou des cotes de l’Afrique du Nord, c’est tout simplement parce que cela n’a jamais eu lieu. L’arrivée de centaine de milliers de personnes sur les côtes françaises ou espagnoles aurait été remarquée. Et comment nourrir un tel afflux d’humains ? Inenvisageable tout simplement. La logistique de l’époque ne le permettait pas, les armées de quelques milliers d’hommes en déplacement étaient un casse-tête logistique alors que penser de l’ampleur de la tâche pour déporter des millions de réfugiés.
Faut-il préciser également que les moyens logistiques pour déplacer des millions d’hommes, de femmes et d’enfants n’existaient tout simplement pas à l’époque, l’ensemble des Marine de guerre ou commerciales n’y aurait pas suffi. De plus, le coût financier d’une telle entreprise n’était tout simplement pas soutenable, Rome en serait sorti ruinée pour de longues décennies.
Faut-il aussi rappeler que le droit humanitaire international, tant vanté aujourd’hui bien que totalement illusoire, n’était pas à l’ordre du jour au cours du premier siècle de notre ère, l’empire romain se serait contenté de passer les juifs au fil de l’épée, ce qui n’aurait pas soulevé d’objection à l’époque ?
La présence du judaïsme en Europe entre le IVe et le Ve siècle après J.C.
Pour résumer, il n’existe pas de trace de migration forcée ou volontaire de 5 millions de juifs depuis la Palestine vers l’Europe entre le moment de la destruction du temple d’Hérode et le cinquième siècle après J.C, mais au cours du Ve siècle, des communautés pratiquant le judaïsme font leur apparition en différentes parties de l’Europe, et de nombreux témoignages sont parvenus jusqu’à nous de l’apparition de ces communautés.
Comment expliquer l’émergence de ces communautés de confessions juives en Europe vers le Vr siècle ?
En fait, l’apparition du judaïsme en Europe est indissociable, pour ne pas dire consubstantielle, de l’émergence du christianisme dans cette même Europe.
Jusqu’à la fin de cinquième siècle, judaïsme et christianisme sont intimement entrelacés, ne faisant en fait qu’une seule et même croyance, partageant les mêmes rites et les mêmes églises/synagogue.
Dans certaines régions, cet entrelacement a perduré dans le temps, notamment, dans la région de Tras os Montes au nord du Portugal.
Dans les années 1930, un curé a témoigné qu’il dressait, lors de la messe, une corde à l’intérieur de la nef de l’église de son village, les juifs devaient entrer à gauche de la corde et les catholiques à droite. Cette coutume avait même une traduction visuelle et symbolique sur les frontons de certaines petites chapelles de la campagne portugaise, sur lesquels on voyait, à gauche, l’étoile de David gravée dans la pierre et, à droite, la croix chrétienne.
La «symbiose» entre juifs et chrétiens n’est pas, bien évidemment, une exclusivité portugaise, mais au Portugal, les Portugais de confession juive ont toujours représenté une partie significative de la population. Un auteur ayant traité du sujet écrit prudemment : «On ne sait pas exactement quand ils sont arrivés dans ce pays, mais on a des témoignages historiques sur leur existence au VIe».
Étonnant, non ? Il n’existe aucune trace historique de l’arrivée au Portugal d’une partie significative de la population portugaise. Ce qui est encore plus surprenant, c’est que leur existence est attestée à partir du VIe siècle, et, à moins que la fameuse diaspora, dont il n’existe aucune trace, soit entrée dans une faille temporelle au Ier siècle pour surgir 400 ou 500 ans plus tard, il faut bien trouver une explication rationnelle à ce «presque mystère».
D’ailleurs, il en va de même pour les juifs de France, dès la fin du Ve siècle, on trouve des témoignages abondants de la présence juive, notamment à Narbonne, Vannes, Clermont-Ferrand, Valence, etc. Une synagogue est mentionnée à Paris en l’an 582, une autre à Orléans en 585.
Nous pourrions énumérer des faits semblables dans toute l’Europe christianisée du Ve siècle.
Pour comprendre ce surgissement «spontané» de juifs en Europe, il faut se pencher sur les débuts du christianisme et faire un large détour par la Palestine du Ier siècle de notre ère.
Au tout début était la naissance du christianisme.
Pour comprendre le surgissement de communautés juives en Europe, il faut en premier lieu rappeler où et comment est né le christianisme, appelé christianisme primitif ou archéo-christianisme ou encore de judéo-christianisme.
Il faut d’emblée préciser que le christianisme primitif était une assemblée de juifs qui reconnaissaient le christ comme étant le messie des juifs, et que le judaïsme rabbinique ne l’a jamais reconnu comme tel, et entre les deux naviguaient les juifs indécis quant à la nature de messie de Jésus de Nazareth. L’adhésion massive des juifs au christianisme est dû au fait que ces derniers se réfèrent à un dieu miséricordieux bien plus tentant qu’un dieu de colère dépeint dans la Torah.
Il n’a jamais été question de «conversion au christianisme» de la part des juifs, à une époque où le christianisme n’existait pas comme religion séparée du judaïsme. Les seules conversions au sens propre (le changement de religion) n’étaient alors envisagées que pour les païens, non pour les juifs (dont les apôtres faisaient partie).
Mais l’histoire officielle du christianisme comme celle du judaïsme est apparue quasiment impossible à faire pour les trois premiers siècles, au moins de manière globale et continue : impossibilité de faire une histoire événementielle strictement chrétienne ou strictement juive tellement les deux courants étaient imbriqués.
Formation du paléo-christianisme et du judaïsme
Après la mort de Jésus, de premiers groupes chrétiens se forment à Jérusalem et en Galilée, créés par les disciples de Jésus de Nazareth, au sein du judaïsme «pluriel» du Ier siècle, en Galilée et plus généralement en Palestine.
Puis certains membres, les apôtres, se dispersent et diffusent le message chrétien parmi les communautés juives de la diaspora commerçante, et chez les juifs de langue grecque, il en va de même dans différents groupes de la société gréco-romaine qui ne sont pas juifs (appelés les païens).
Cette diffusion concerne également l’Asie Mineure, depuis le plateau anatolien jusqu’aux villes hellénisées de la côte orientale comme Éphèse. Des communautés s’organisent également en Macédoine et dans la péninsule grecque.
La diffusion s’opère aussi dans la diaspora commerçante de Mésopotamie par Antioche et Damas. Une communauté se forme probablement à Babylone dans le milieu juif qui n’était pas rentré d’exil. Il est possible que se constituent aussi des communautés en Arménie et en Géorgie. Les communautés chrétiennes semblent se développer dans la totalité de l’espace araméophone, en particulier à l’est du Jourdain et de l’Euphrate.
La diffusion se fera également vers l’espace dominé par Alexandrie : l’Égypte et la côte de l’Afrique en direction de Cyrène.
Les communautés juives de Rome seront «démarchées» avant l’an 50. La capitale de l’empire servira ensuite de relais à la diffusion du christianisme dans les provinces occidentales de l’Empire, tandis que les Grecs le diffuseront en Europe orientale. Le christianisme est à ce moment une secte du judaïsme, et ce, pour encore un ou deux siècles ! Le terme secte n’a rien de commun avec ce que l’on entend aujourd’hui, une secte était un courant de pensée du judaïsme ou école juive.
En Palestine, vers l’an 44, ces groupes de juifs chrétiens obéissent à l’autorité de Jacques le Mineur, dit le «frère de Jésus», établi à Jérusalem. On qualifie ces premières communautés de judéo-chrétiennes, car le christianisme n’est alors qu’une secte ou école juive parmi les autres pour plusieurs décennies encore.
En 48 ou 49, à Jérusalem, prends place entre l’hellène Paul et l’hébreu Jacques le Mineur un débat sur la place à accorder aux non-juifs. Paul estime que l’on peut devenir chrétien sans être soumis aux observances religieuses juives, notamment la circoncision. Jacques acquiesce, mais impose aux convertis de s’abstenir de tout sacrifice païen. Concrètement, alors que le christianisme n’existait pas, la secte chrétienne recrutait en dehors des cercles juifs. Mais cette secte se définissait avant tout comme juive. Les non-juifs se convertissaient au judaïsme avant tout.
En 66, les juifs zélotes se soulèvent contre l’autorité de Rome. En 70, à la suite d’un long siège, les légions impériales s’emparent de Jérusalem. Le Temple, cœur de la foi juive, est incendié. Les différentes sectes juives disparaissent, à l’exception de l’école pharisienne, qui deviendra l’école rabbinique, et de l’école chrétienne.
Après la destruction du Temple d’Hérode, deux courants religieux émergent simultanément : le judaïsme rabbinique et le christianisme primitif.
Entre 132 et 135, la guerre fait rage à nouveau en Palestine. La victoire de Rome est exploitée par les futurs chrétiens, qui voient dans la dévastation de Jérusalem et l’expulsion des juifs de leur capitale une punition divine sanctionnant la mort de Jésus.
C’est à cette occasion que ces deux sectes du judaïsme entament leur différenciation et la séparation réelle sera effective au Ve siècle, quoiqu’en des zones géographiques reculées, le schisme sera moins complet. (Épisode raconté plus haut sur l’église de Tras os Montes au Portugal).
Quand ce christianisme primitif devient une religion admise par Rome puis la religion officielle de l’Empire romain au IVe siècle, les premiers conciles définissent peu à peu un ensemble de dogmes chrétiens, tandis que le judaïsme rabbinique, lui, s’est structuré du IIe au VIe siècle après J.C. avec la rédaction des talmuds de Jérusalem et de Babylone, imposant les deux normes du judaïsme.
Les «autorités ecclésiastiques chrétiennes et juives» ont ainsi commencé à creuser le fossé entre le christianisme et le judaïsme.
Les deuxièmes et troisièmes siècles ont vu s’amorcer la rupture théologique du christianisme avec le judaïsme traditionnel, mais également l’essor de ce judéo-christianisme dans les provinces de l’empire romain.
Mais la rupture entre juifs et chrétiens a été très progressive malgré les efforts des chefs ecclésiastiques des deux sectes.
Vers la fin du second siècle, les chefs chrétiens s’emploient à susciter un rejet du judaïsme et de la culture juive et à se revendiquer du christianisme, terme dont la première utilisation enregistrée est due à Ignace d’Antioche vers 107 après J.C. et est associée à la modification du sabbat, à la promotion de l’évêque et à la critique des judaïsants. Le divorce qui durera plus de quatre siècles entre christianisme et judaïsme est ainsi entamé, la majorité des chrétiens cesseront peu à peu d’être considérés et de se considérer comme des juifs. Mais des communautés judéo-chrétiennes perdureront jusqu’au Ve siècle en Occident et au VIe siècle en Palestine, mais elles furent minoritaires et marginalisées dès le second siècle, car il fallait choisir son camp entre les deux versions du judaïsme. En fait, il faudra plus de quatre siècles pour que naisse le christianisme à partir du mouvement messianique juif.
Le divorce n’est pas du fait des seuls chrétiens primitifs, les juifs qui refusent d’admettre la nature de «messie» à Jésus de Nazareth finirent par exclure de la synagogue ceux d’entre eux passés au christianisme. Le développement rapide du christianisme en tant que secte juive dans les milieux d’origine païenne contribua également à la séparation progressive de la Synagogue et de l’Église.
Le repli du judaïsme sur sa version pharisienne s’est durci, donnant naissance au judaïsme rabbinique qui s’est structuré du IIe au VIe siècle de notre ère, devenant peu à peu la norme du judaïsme actuelle au Moyen-Orient et plus tard en Europe.
Comme on le voit, le judaïsme actuel et le christianisme actuel, se sont constitués en religions distinctes en se repliant sur elles-mêmes et en s’excluant progressivement l’une l’autre. Mais fondamentalement, ce qui distingue l’une de l’autre est la reconnaissance, ou la non-reconnaissance, de la nature messianique de Jésus de Nazareth, mais cette distinction n’est pas la cause principale du futur divorce. On y reviendra plus tard, on verra que la cause réelle du divorce découle d’un livre de la Torah, le Pentateuque dans lequel il est question de l’interprétation de la parole divine.
Le livre des chrétiens et des juifs est la Torah, celui-là même qu’enseignait Jésus de Nazareth, le juif religieux, qui est né juif et a observé les rites juifs tout au long de sa vie et qui fut christianisé par les théologiens de l’Église plusieurs siècles après sa mort. Jésus n’a jamais lu et reçu que la Torah ; il priait dans la synagogue et il y prenait la parole pour interpréter le texte biblique, le shabbat. Quand il citait l’Écriture sainte, il s’agissait du Pentateuque, des livres prophétiques et des Psaumes, comme tous ses coreligionnaires. Il enseignait qu’il était venu pour les brebis égarées, c’est-à-dire pour ses contemporains juifs infidèles à leur alliance avec Dieu. Et les païens ne faisaient pas partie du «troupeau» de Dieu.
Les juifs de l’antiquité n’ont pas adopté une position unanime concernant la nature messianique de Jésus, les séparant entre juifs et chrétiens, lecteurs de la même Torah, reconnaissant le même dieu et pratiquant les mêmes rites. Comme on le voit, il n’existait aucune unité doctrinale parmi les juifs divisés en sectes (ou écoles) et ce qu’on appelle aujourd’hui «le judaïsme» s’est constitué de fait vers le IVe et Ve siècle comme continuation radicalisée et anti-judéo-chrétienne, qui s’est focalisé tardivement et artificiellement sur le refus de la nature messianique de Jésus sous la conduite de la seule secte pharisienne. Ce «judaïsme» ne s’imposera d’ailleurs à l’ensemble du monde «juif» que plus de mille ans plus tard avec la diffusion des «Talmud» de Babylone et de Jérusalem et que l’on nommera le judaïsme rabbinique. On reverra ce point un plus loin dans le texte.
Alors d’où proviennent les juifs d’Europe ?
Les lecteurs qui ont eu la patience de me suivre jusque-là auront peut-être des difficultés à admettre ce fait : le judaïsme tel que l’on le connaît aujourd’hui s’est constitué en «religion» en réaction au «judéo-christianisme» vers les IVe et Ve siècles, ce judéo-christianisme qui avait attiré à lui la grande majorité des juifs en tant que secte ou école du judaïsme.
L’étude du christianisme et du judaïsme en tant que religions séparées pour les 5 premiers siècles n’est tout simplement pas possible, par exemple les premiers martyrs de l’Église de Rome concernent, suivant l’hagiographie catholique, les victimes du premier épisode de persécution des chrétiens qui prend place à Rome entre 64 et 68, à l’instigation de Néron, à la suite du grand incendie de Rome, or ces martyrs de l’église catholique sont tous de confessions juives et en aucun cas chrétiens, terme inventé plusieurs dizaines d’années plus tard.
Un autre exemple que nous avons tous appris à l’école primaire, Blandine de Lyon, la jeune esclave chrétienne qui fut martyrisée en 177 après J.C. à Lyon, n’était pas encore une chrétienne, mais bel et bien juive.
Les chrétiens du temps de Blandine étaient en fait encore des juifs et non des chrétiens au sens d’une religion séparée du judaïsme ! Pour bien s’en convaincre, il faut se rendre à Rome et faire connaissance avec Marcion de Sinope, une figure importante dans l’histoire du christianisme.
Marcion de Sinope, né en 85, était un armateur fortuné, il se rend à Rome vers 140. Il y développe sa doctrine qui rompt avec la tradition juive : du contraste absolu qu’il décèle entre la Loi juive (l’ancien testament ou encore torah) et l’Évangile, il conclut à l’existence de deux principes divins, un dieu de colère de la torah et un dieu d’amour de l’évangile, père de «Jésus-Christ» qui est venu pour abroger la torah et le culte de son démiurge de colère.
Marcion défend au sein de la communauté romaine «l’inconciliabilité» radicale qu’il voit entre Jésus et le judaïsme.
Le marcionisme sera condamné comme hérésie par l’Église (l’église et synagogue ne sont pas encore distinctes.) et Marcion sera excommunié par le presbyterium romain présidé par l’évêque Anicet en 144.
Marcion est excommunié pour son rejet du judaïsme qu’il considère comme contraire aux valeurs de Jésus. Les motifs de cette excommunication prouvent que les «chrétiens de Rome» en 144 après J.-C. ne se voyaient pas autrement que juifs dont la Torah était la pierre angulaire.
En réalité, le roman sioniste actuel concernant la diaspora est une double mystification reposant sur la confusion entretenue volontairement au sujet de la naissance du christianisme, d’une part, et d’autre part, concernant la nature de la diaspora dans l’antiquité du judaïsme.
En effet, l’ensemble du monde juif, à l’exception de la Palestine et de Babylone, n’a plus été soumis au Temple de Jérusalem, détruit par les Romains en l’an 79, et ce monde juif s’est trouvé hors de porter des rabbins et plus tard du talmud. La secte chrétienne, elle, structurée par une hiérarchie ecclésiastique militante, a naturellement attiré à elle les juifs laissés à l’abandon par les autres sectes qui ont disparu lors de la prise de Jérusalem par les Romains en l’an 79.
La secte chrétienne s’est développée à travers l’empire romain en convertissant au judéo-christianisme les païens, aussi bien en Europe qu’en Afrique du Nord, au Moyen et Proche-Orient, ainsi que dans le monde de langue grecque.
Le lecteur doit tenir compte qu’il y a eu début de rupture entre le judaïsme et le christianisme seulement à dater de la fin du second siècle et que la rupture fut consommée que vers le Ve siècle, et qu’entre-temps, les «païens» convertis au christianisme l’ont été avant tout au judaïsme. Ce n’est que lorsque la rupture fut effective dans les sommets religieux du judaïsme et du christianisme que les «croyants de base» durent faire un choix : juifs ou chrétiens !
Et ce n’est effectivement qu’à partir du Ve siècle que furent mentionnées les premières communautés juives au Portugal, en Espagne, en Italie, en France, en Allemagne, selon les axes de pénétration du christianisme.
Nous sommes bien loin du roman théocratique concernant un peuple dispersé au premier siècle de notre ère par les Romains, et en quête de sa terre promise depuis 2000 ans. Les juifs d’Europe sont des païens convertis au judéo-christianisme et qui n’ont pas opté pour le christianisme au Ve siècle de notre ère. Quel droit au retour sur la «terre promise» ont-ils ?
Pour «enfoncer» le clou concernant les juifs européens, il faut préciser que ces communautés de juifs prétendument originaires de la «terre promise» ne connaissaient ni l’hébreu ni l’araméen et que l’hébreu utilisé aujourd’hui sur le territoire israélien est une langue reconstituée artificiellement à la fin du XIXe siècle, l’hébreu est la seule langue morte ressuscitée. Il faut bien entretenir la propagande sioniste.
Il existe des écrits qui témoignent indirectement des relations entre juifs et chrétiens «du peuple» vers l’an 510 en France, au moment du baptême de Clovis. Ces écrits prouvent que la rupture idéologique entre juifs et chrétiens était récente, qu’elle concernait surtout les élites, que les relations entre juifs et chrétiens du peuple étaient amicales puisqu’ils prenaient leur repas en commun, ce qui indique aussi que les uns et les autres parlaient la même langue, avaient les mêmes mœurs, fréquentaient les mêmes lieux et étaient amis, car on ne mange pas avec des étrangers de façon régulière et continue.
Cela n’aurait pas été le cas si les personnes de confessions juives avaient été des «pièces rapportées» de la supposée diaspora, c’est pourquoi pour contrecarrer les relations amicales entre juifs et chrétiens, peu après le baptême de Clovis, les premières restrictions édictées par la hiérarchie ecclésiastique portèrent sur l’interdiction de prendre des repas en commun avec les juifs et l’interdiction faite aux juifs d’avoir des esclaves chrétiens – ou païens – afin d’éviter le prosélytisme en faveur du judaïsme.
La bataille pour le contrôle des fidèles est à l’origine des persécutions religieuses anti-juive
Comme toute scission dans les partis politiques, les scissions dans les organismes religieux se font dans le conflit et l’animosité dès qu’il est question d’argent et d’adhérents et donc de pouvoir. La scission entre juifs et chrétiens est un modèle du genre. Les rabbins chrétiens et juifs se sont disputé la garde des fidèles et l’obole au culte dès les premières années d’existence de la secte chrétienne.
Le durcissement des positions du christianisme nicéen (Concile de Nicée en l’an 325), parallèlement à celui du judaïsme rabbinique, provoqua un rejet mutuel et réciproque des judéo-chrétiens entre eux à partir du IVe siècle et en contraignit un grand nombre à abandonner soit la pratique de la loi mosaïque (l’ensemble des préceptes donnés par Moïse, consignés dans la Torah), soit la foi en la messianité et divinité de Jésus.
Cette «différenciation» en juif ou en chrétien se prolongea jusqu’au Ve et VIe siècle en Occident et au moins jusqu’au IXe siècle en Orient.
En Occident, le concile de Tolède de l’an 589 a interdit aux chrétiens les processions communes avec les juifs, et en Orient, la Pâque quartodécimaine, une fête religieuse qui a été pratiquée en commun jusqu’au IXe siècle malgré le Concile de Nicée.
Les autorités religieuses chrétiennes font passer les pratiques judaïsantes pour des hérésies afin d’empêcher les pratiques communes.
Pour leurs parts, les autorités du judaïsme rabbinique de Babylone et de Jérusalem, craignant de perdre la bataille des idées, entreprirent la rédaction du Talmud ou Torah orale. C’est vers les Ve et au VIe siècle que furent terminées les deux versions du Talmud : le Talmud de Jérusalem et le Talmud de Babylone.
Les judéo-chrétiens européens, avant la séparation effective en juifs et chrétiens, restent dans l’ignorance de l’évolution doctrinale du judaïsme rabbinique de Babylone et de Jérusalem, n’ayant que la vision chrétienne comme guide religieux ou moral, jusqu’à la diffusion en Europe de Talmud vers le XIe siècle. La diffusion du Talmud fut, pour une grande part, à l’origine du rejet des juifs en Europe par les chrétiens.
Mais malgré tout, contre les prescriptions des chefs religieux, juifs et chrétiens du peuple continuèrent à se fréquenter, pratiquant ensemble rites et processions religieuses pendant plusieurs siècles.
L’opposition entre les rabbins et les prêtres, commencée très tôt dans un contexte d’émulation entre les sectes chrétiennes et rabbiniques pour la captation des croyants en Palestine s’est transformée au cours des siècles en une polémique violente pour marquer la différence entre chrétiens et juifs traditionnels. Il faut encore une fois rappeler que la différence entre les «traditionalistes» et les «modernistes» se concentre sur la nature de Jésus de Nazareth, «messie» ou «pas messie» attendu par les juifs, et que ce n’est que plus tard que les «chrétiens firent de Jésus le «fils de Dieu». mais, faut-il le rappeler, la différence de point de vue quant à la nature de Jésus n’excluait personne du champ du judaïsme ou de la christianisme pendant plusieurs siècle.
Le genre littéraire du traité «Contre les juifs» qui les accuse d’avoir été à l’origine de la mort de Jésus, commence de se développer vers le IVe siecle, et témoigne de l’ambivalence des relations entre juifs et chrétiens et de la radicalisation progressive des chefs religieux des deux factions.
C’est l’introduction du Talmud en Europe vers le XIe siècle qui accéléra l’opposition entre les chrétiens et ceux qui avaient opté pour la non-messianité de Jésus. Le Talmud devint rapidement partie intégrante de l’étude et de la vie juive, à travers les générations et dans la grande majorité des communautés juives. «Pilier du judaïsme», il fut, dès le XIIIe siècle, la cible d’attaques de la part des chrétiens lorsque ceux-ci s’aperçurent que la foi des juifs reposait autant sur le Talmud que sur la Bible. Ainsi, vingt-quatre charretées remplies d’ouvrages talmudiques furent brûlées à Paris en 1242.
Au cours des siècles, le christianisme est devenu la secte principale, au sens d’école de pensée, et le judaïsme rabbinique, celui qui ne reconnaît pas Jésus de Nazareth comme le messie, s’est recentré sur lui-même, autour des rabbins qui étaient les seuls en capacité d’expliquer le Talmud, car les juifs d’Europe ne connaissent ni l’hébreu ni l’araméen. Or, la langue du Talmud est un mélange d’araméen et d’hébreu. De plus, le Talmud recourt souvent à des termes grecs ou syriaques, dont la signification se perd, d’autant que leur orthographe s’altère au fil des copies.
Cette opacité du Talmud participa au rejet progressif des juifs de la part des chrétiens et les chefs religieux chrétiens en profitèrent pour asseoir leur autorité en reprochant à la branche juive la mort de Jésus.
Qu’est-ce que le Talmud dont la diffusion accélérera le divorce entre les deux factions du judaïsme ?
Le Talmud est une compilation de commentaires de la bible (Torah ou encore l’Ancien Testament), pour définir le comportement à adopter par les croyants dans tous les domaines de l’existence.
Les rabbins en écriront deux en concurrence, le Talmud de Jérusalem, au IVe siècle, sur le sol palestinien. L’autre, le Talmud de Babylone, au Ve siècle.
Les chrétiens ont reproché aux juifs ce corpus supplémentaire à la Torah écrite, c’est-à-dire à l’Ancien Testament émanant directement de Dieu.
Cela peut sembler abscons, mais en fait juifs et chrétiens se sont livré querelle pour savoir qui aurait le droit de parler au nom de dieu, en effet le Deutéronome, un des livres de la Torah, dit que l’interprétation de ses préceptes doit être confiée aux sages des générations à venir, il s’agit ici d’une question existentielle pour les branches du judaïsme, qui sera le représentant de dieu sur terre avec le droit d’interpréter la «parole divine».
Pour les catholiques, ce ne serait plus aux juifs d’interpréter la loi (de Dieu), mais aux descendants de saint Pierre, sur qui la nouvelle Alliance repose.
Le Talmud est donc inacceptable pour les chefs chrétiens qui l’ont dénigré depuis le Moyen Âge, car ils avaient bien l’intention de conserver le monopole de l’interprétation de la «volonté divine». Le pouvoir politique et financier est ainsi assuré pour de longs siècles au travers du pouvoir spirituel.
Cette lutte pour la primauté entre chefs de sectes rivales sera la source du rejet ultérieur des juifs de la part des chrétiens et ceux qui cherchent aujourd’hui à nous culpabiliser collectivement sont ceux qui sont à l’origine de l’anti-judaïsme en Europe, «anti-judaïsme» qui deviendra «antisémitisme» à des fins politiques. Je précise qu’il s’agit des conditions en Europe, je laisse de côté le développement au Moyen-Orient par faute de temps.
Il faut aussi préciser que la branche rabbinique a, elle aussi, tenté de dénigrer la branche chrétienne, notamment au travers de différents opuscules écrit depuis le Ve siècle jusqu’au XXe siècle, les «Toldot Jéshou» dans lesquelles les rabbins cherchent à conserver la mainmise sur leurs ouailles en dénigrant le christianisme au travers de Jésus et qui ont offensé les chrétiens à partir du Moyen Âge. Ces opuscules ont largement contribué à détruire la proximité judéo-chrétienne et à ostraciser les juifs de la part des chrétiens. Ces opuscules étaient généralement des propos diffamants sur la naissance de Jésus, «Jésus a pratiqué la sorcellerie, a séduit et a fourvoyé Israël… né de relations coupables… ta naissance à Bethléem a provoqué un massacre d’enfants… Jésus est un bâtard…»
Un auteur précise au sujet d’un de ces opuscules : «Le Sefer Toledot Yeshou (hébreu : ספר תולדות ישו, Livre des engendrements de Jésus) est un pamphlet juif antichrétien datant du Moyen Âge.
Le livre, dont il existe plusieurs versions, parodie l’histoire de Jésus de Nazareth relatée par les Évangiles. Son «héros», Yeshou, est un séducteur hérétique, né dans l’illégitimité (mamzer), ayant frauduleusement acquis des pouvoirs magiques et mort dans la honte. L’ouvrage a été abondamment cité dans la littérature polémique antijuive comme exemple de haine juive antichrétienne. Certains de ses dénonciateurs en parlaient à tort comme d’une partie du Talmud».
Il est clair que les deux branches de cette religion se sont «crêpé le chignon» pour conserver leurs ouailles et les avantages en résultant. On pourrait continuer longuement sur le sujet, mais ce n’est pas l’objet de mon propos qui se borne à montrer que les juifs d’Europe sont à l’origine des «païens» européens convertis au judaïsme par les judéo-chrétiens et qui n’ont pas finalement adhéré à la thèse de la messianité de Jésus. Ceux qui tentent de faire croire à la dispersion du peuple juif par Rome le font par ignorance ou par adhésion aux thèses sionistes du XIXe siècle. Les «diaspora juives» des séfarades portugais et espagnols du XVIe siècle sont le résultat des animosités exacerbées entre les deux branches modernes du judaïsme antique en tant que religion et non en tant que nationalité ou citoyenneté déportées de la «terre d’Israël».
Il faut insister une fois de plus auprès des partisans de la théorie de la grande dispersion que, encore au Ve siècle, Jérusalem et Babylone étaient deux grands centres d’études rabbiniques, ce qui atteste que les juifs et les chrétiens, en tant que sectes juives, n’ont pas été chassés des terres de Palestine par les Romains.
Ce texte s’est volontairement focalisé sur le développement européen du judaïsme et du christianisme entre le premier et le cinquième siècle, et a laissé dans l’ombre son développement au Moyen-Orient, qui a joué une place prépondérante dans le développement du christianisme et du judaïsme. Outre celle de Babylonie dont la langue était l’araméen, les communautés juives étaient aussi concentrées autour du Bassin méditerranéen et pratiquaient le grec, dont le foyer principal était Alexandrie, où a été traduite la Torah en grec dès le IIIe siècle avant J.-C., la Bible grecque (la Septante), qui devait ouvrir la voie à l’expansion du judéo-christianisme en Europe. Ce texte n’a pas abordé non plus la naissance de l’islam qui puisse ses sources dans le judéo-christianisme de Syrie et d’Irak puisque l’islam n’interfère pas avec le judéo-christianisme européen des cinq premiers siècles de notre ère. Bien sûr, ces quelques pages n’ont fait qu’effleurer le sujet qui mérite une étude plus approfondie.
- Source : Réseau International