Les géants européens du gaz se plient aux exigences de Vladimir Poutine
La Commission européenne estime que les clients européens de Gazprom comme Engie peuvent se conformer, sous conditions, au nouveau système de paiement instauré par la Russie pour protéger ses revenus gaziers. Ce qui n’exclut pas totalement le risque de rupture d’approvisionnement.
Le risque de rupture d’approvisionnement gazier s’éloigne un peu... au moins provisoirement. La plupart des clients européens de Gazprom – Engie en France , Uniper en Allemagne ou encore ENI en Italie – s’apprêtent en effet à céder aux exigences de Moscou, tout en respectant les lignes directrices de la Commission européenne.
« On est en train de trouver un compromis où personne ne perdra la face, décrypte une source industrielle. Chacun pourra dire qu’il a imposé ses conditions à l’autre ».
L’Union européenne se dirige vers la fin d’un dangereux suspense, entretenu à dessein par Vladimir Poutine depuis la fin mars. Le Kremlin menace de couper le gaz aux pays qui n’acceptent pas un nouveau système de paiement visant à sanctuariser les revenus de la Russie. Une menace mise à exécution le mois dernier en Pologne et en Bulgarie , où les compagnies clientes de Gazprom ont refusé d’obtempérer.
Échéances avant la fin du mois
La Commission européenne a transmis il y a quelques jours aux États-membres un document, consulté par l’agence Bloomberg, pour expliquer ce que les importateurs de gaz peuvent faire sans contrevenir aux sanctions de Bruxelles.
Les énergéticiens attendaient cette clarification avec fébrilité, car les prochaines échéances de paiement interviennent d’ici à la fin du mois pour la plupart d’entre eux – la semaine prochaine dans le cas d’Engie.
Conversion en roubles
Le nouveau système de paiement mis en place par un décret de Vladimir Poutine est particulièrement complexe dans le contexte actuel, parce qu’il implique un paiement en roubles, a priori incompatible avec les sanctions de l’Union européenne.
Engie et les autres importateurs de gaz russe devront ouvrir deux comptes en Russie chez Gazprombank, l’un en euros ou en dollars, selon la monnaie dans laquelle sont libellés leurs contrats, l’autre en roubles. Une fois l’argent versé sur le premier compte, la banque fera la conversion dans la devise russe et le transfert sur le compte en roubles.
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20 compagnies gazières européennes ont ouvert un compte à GazpromBank pour payer le gaz aux Russes. Von Der Leyen mange son chapeau
Selon l’agence Bloomberg, 20 entreprises européennes ont déjà ouvert des comptes auprès de GazpromBank pour payer le gaz russe en convertissant des euros en roubles. 14 autres clients ont demandé les documents nécessaires pour les ouvrir. Et 4 ont déjà effectué le paiement en roubles !
En effet, le temps presse, les délais de paiement pour les expéditions d’avril, pour les principaux acheteurs d’Europe de l’Ouest, approchent ce mois-ci.
Le 11 mai, le Premier ministre italien a même annoncé que l’Allemagne avait déjà commencé à payer le gaz russe en roubles. De plus, les dépenses allemandes en importations de marchandises en provenance de Russie ont augmenté de 77,7% en mars (soit 4,4 milliards d’euros). Et ses chiffres sont dus à la hausse des prix du pétrole et du gaz…
La Commission européenne de Von Der Leyen, elle, mange son chapeau ! Mais pour ne pas avoir l’air d’avoir été rattrapée par les réalités, la Commission annonce qu’elle a élaboré un plan d’achat de gaz de la Russie qui ne violerait pas les sanctions. L’organe exécutif de l’UE lors d’une réunion fermée a ainsi permis aux gouvernements des pays européens d’ouvrir des comptes en roubles à GazpromBank pour l’achat du gaz russe.
C’est Ubu Roi : la Commission annonce qu’elle autorise les entreprises à contourner son propre embargo sur le nouveau système de paiement du gaz élaboré par la Russie !
L’Union européenne est donc ainsi contrainte d’autoriser les importateurs de gaz à violer ses propres sanctions lors de l’achat de carburant en Russie en satisfaisant aux exigences de Vladimir Poutine d’utiliser le nouveau système de paiement : ouvrir un compte à GazpromBank. Celle-ci reçoit les paiement dans la monnaie du contrat (euros, dollars, yuans..), les convertit en roubles et les transfère à Gazprom.
Pour ne pas perdre la face, la Commission attend des entreprises gazières qu’elles fassent une déclaration claire selon laquelle elles considèrent leurs obligations remplies lorsqu’elles paient en euros ou en dollars conformément aux contrats existants.
Elles sont bien loin toutes les mâles déclarations des dirigeants des pays de l’UERSS affirmant qu’ils « ne paieraient pas le gaz russe en roubles ». Aujourd’hui tous ces charlots préfèrent ne pas commenter la situation afin qu’elle ne ressemble pas à une capitulation en rase campagne devant le maître du Kremlin.
source : Pierre Olivier - Jeune Nation
- Source : Les Echos