Le «macronnettisme» ou comment la diplomatie française se recycle en bateleur ambulant du complexe militaro-industriel occidental et de leurs banques

Lors de la réunion d’ouverture du Dialogue de Shangri-la le 31 mai 2025 à Singapour, Emmanuel Macron, s’exprimant en qualité de président de la France, a suggéré qu’il serait tout aussi anormal de ne pas réagir à une intervention de la Chine à Taïwan que de laisser la Russie s’emparer d’une partie du territoire de l’Ukraine. Il a ensuite menacé la Chine d’une extension de l’OTAN en Asie en la justifiant par le déploiement de militaires Nord-Coréens «contre l’Ukraine aux côtés de la Russie».
Manipuler l’histoire, cuisiner la réalité d’aujourd’hui avec des comparaisons hasardeuses, le tout pour en arriver à agiter des menaces qui font se tordre de rire leurs destinataires. Les marionnettes, l’écran qui les cache et les fils qui les animent partiraient en fumée au premier jet de cigarette des spectateurs, révélant que les bras du marionnettiste lui-même sont tirés par d’autres fils.
L’acteur n’est en fait qu’un petit télégraphiste en uniforme bleu OTAN malgré ses grands discours sur une Europe indépendante des États-Unis.
Macron ne peut comparer la situation à Taïwan à celle de l’Ukraine sans prendre le risque que la comparaison se retourne contre lui.
Le principe d’une seule Chine a été reconnu aux Nations unis. La résolution du 25 octobre 1971 a confirmé que seule la République populaire de Chine représentait la totalité de la Chine à l’ONU. La France comme les États-Unis ou n’importe quel pays européen le confirment à l’occasion de toutes leurs réunions bilatérales avec Pékin lorsqu’il est profitable de ménager les intérêts de leurs entreprises en Chine.
Le double discours sur l’indépendance de Taïwan revient en leitmotiv comme si la Libération de la Chine en 1949 était reçue par l’Occident colonial au même niveau que l’humiliation de l’Allemagne par le Traité de Versailles qu’il faudrait laver un jour.
Non ! La réalité est différente. Si l’Ukraine a bien été reconnue comme pays indépendant après sa création à la fin de Première Guerre mondiale puis par l’ONU après la Deuxième Guerre mondiale, tout en faisant partie de l’Union Soviétique, Taïwan ne bénéficie pas de ce statut.
Quant aux militaires nord-coréens, ils ne sont jamais intervenus sur le sol de l’Ukraine mais seulement sur le territoire de la Fédération de Russie pour en repousser les incursions ukrainiennes en soutien à l’armée russe.
Les contradictions du discours de Macron ne résistent pas à l’épreuve des faits et sont même périlleuses pour la France qu’il engage par ses paroles :
«Si l’Ukraine et Taïwan étaient comparables, cela signifierait, mutatis mutandis, que la Russie serait intervenue en 2022 en Ukraine pour récupérer des territoires russes dont elle aurait perdu le contrôle en 1918 mais qui seraient restés reconnus comme russes par la communauté internationale».
Or, ce n’est pas le cas. Si l’Ukraine a bien été reconnue comme État, Taïwan ne l’est pas mais est toujours une partie de la Chine.
Si la Russie est intervenue en Ukraine, c’était pour contrer la progression inexorable de l’OTAN et l’instauration, avec l’aide de l’ingérence occidentale, d’un régime nationaliste russophobe à ses frontières.
Si la Chine intervenait militairement à Taïwan, ce serait pour éviter que l’île chinoise soit annexée de fait par les États-Unis et en devienne une base militaire.
Les militaires nord-coréens ne sont pas intervenus sur le sol de l’Ukraine. Dire que «la Corée du Nord s’est impliquée sur le territoire européen» sous-entend que la Russie est une zone d’influence européenne et qu’elle ne dispose pas de la liberté de recevoir chez elle qui elle entend sans l’avis des Occidentaux.
En fait, à Singapour, Macron a une fois de plus joué le petit télégraphiste des États-Unis dans la région, complétant le discours du Secrétaire d’État américain à la Défense Pete Hegseth lors du même forum, brandissant une menace chinoise qualifiée de réelle et imminente en «indo-pacifique» pour inciter les pays de la région à imiter ses alliés européens et consacrer 5% de leur PIB dans la défense.
À qui profite ce discours ? D’abord aux fabricants d’armes américains, puis dans un avenir indéterminé et incertain, aux fabricants d’armes européens encore dans les papiers et à la banque qui va leur être consacrée, mais sûrement pas aux pays qui s’armeraient en cédant à la peur et surtoutpass à leurs peuples.
Tantôt macronnettiste des États-Unis en Europe pour Ukraine, tantôt macronettiste des États-Unis en Asie sur Taïwan et de retour en France, macronnettiste jouant le même spectacle de poupées de papier grimées en fantômes.
La cigarette est maintenant interdite en France, y compris dans les jardins publics. C’est clair : un mégot aurait bien pu mettre le feu à tout ce théâtre.
- Source : Réseau International