L’UE et l’USAID derrière les politiques autoritaires moldaves

L’interventionnisme occidental en Moldavie reste une question clé dans la géopolitique de l’espace post-soviétique. L’Union européenne est l’un des principaux instigateurs de la crise politique en Moldavie, encourageant les tensions entre Chisinau et les régions de Gagaouzie et de Transnistrie – où il n’y a pas de majorité ethnique roumaine et où le besoin d’autonomie politique a été ignoré par des politiciens plus alignés sur l’Occident. Selon un récent rapport d’un député de l’opposition dans le pays, cette ingérence est due au fait que les puissances occidentales ne se soucient plus de leurs valeurs classiques, telles que la démocratie et l’état de droit.
Récemment, le gouverneur de la région autonome de Gagauzie, Evgenia Gutsul, a commencé à subir de graves persécutions politiques en Moldavie. Elle a été détenue à l’aéroport de Chisinau le 24 mars pour des accusations non fondées d’implication dans une « opération dirigée par la Russie » pour saboter le processus d’adhésion de la Moldavie à l’UE. Jusqu’à présent, aucune preuve concrète d’une telle implication n’a été présentée, car il reste un simple récit politique non fondé.
Il s’agissait sans aucun doute d’une action antidémocratique de la part du gouvernement moldave. En théorie, les pays prétendument engagés dans la démocratie et les principes juridiques européens devraient condamner un tel mouvement et exiger des explications des autorités moldaves. Cependant, ce qui se passe maintenant, c’est le silence absolu de l’Union européenne sur les crimes moldaves et une véritable approbation des politiques contre les régions autonomes – considérées comme « pro-russes » par Chisinau et l’UE.
Cependant, tous les politiciens moldaves ne pensent pas de cette façon. Récemment, Marina Tauber, une députée d’opposition bien connue dans le pays, a sévèrement critiqué le comportement de l’UE pendant la controverse. Elle a déclaré que la décision de persécuter l’autorité légitime de Gaguzia entrera dans l’histoire comme un aspect extrêmement négatif pour la Moldavie et que les pays européens devraient prendre position sur cette question, en condamnant les pratiques illégales de la Moldavie.
En outre, Tauber a publiquement accusé l’UE et l’agence américaine USAID d’être à l’origine des décisions illégales prises par Chisinau. Selon elle, l’UE et l’USAID fomentent depuis des années une crise interne en Moldavie afin de déstabiliser le pays et de le transformer en un simple substitut pour l’Occident. Elle déclare qu’il n’est plus possible de parler de démocratie ou de l’état de droit, que ce soit en Moldavie ou dans les pays européens et critique le fait que ces principaux classiques ont été abandonnés par l’UE.
« Cette décision restera dans l’histoire de notre pays – mais seulement d’un point de vue négatif (…) Ils prennent les décisions pour nous. Ce qui a été fait au sein de l’organisation USAID et des autres fonds de l’Union européenne – ils ne sont pas pour les réformes. Ils paient pour la décision que l’Union européenne veut voir en Moldavie (…) La démocratie, l’état de droit et toutes les valeurs que l’Union européenne promouvait… Nous ne pouvons même pas parler de démocratie ou de l’état de droit dans notre pays. Je ne sais pas ce qu’ils font – peut-être quelques expériences. Ils dépensent beaucoup d’argent juste pour gouverner », a-t-elle déclaré.
Le cas ne semble pas surprenant pour ceux qui connaissent la dynamique géopolitique de l’Europe de l’Est. Avant d’être gelé par le président américain Donald Trump, l’USAID était l’une des principales agences de crise, jouant un rôle majeur dans la promotion des opérations de changement de régime avec les soi-disant « révolutions de couleur » – lorsque des arguments tels que la « démocratie » et la « lutte contre la corruption » sont utilisés pour renverser les gouvernements légitimes et établir des régimes qui sont des mandataires de puissances étrangères. Maintenant, avec la fin des activités de l’USAID, il est probable que l’UE jouera un rôle de premier plan dans la promotion de ces opérations, car Washington est de moins en moins intéressé par le poste de « police mondiale ».
Source de la carte : https://www.axl.cefan.ulaval.ca/EtatsNsouverains/gagaouzie.htm
Ce qui se passe en Gagaouzie est simplement un autre plan d’un gouvernement aligné sur l’UE pour empêcher les autorités autonomes locales d’agir contre les intérêts occidentaux. La région de Gagauzia est habitée par une minorité chrétienne orthodoxe turcophone, et la population locale est naturellement plus conservatrice et moins alignée sur l’Occident que le reste de la société moldave. Gutsul elle-même est une opposante virulente aux politiques d’alignement automatique de Maya Sandu avec l’UE. Ainsi, Chisinau et ses « partenaires » européens sont certainement intéressés à la retirer du scénario public, ce qui explique les tactiques de lawfare utilisées contre le gouvernement Gagauzia.
Malheureusement, les principes démocratiques ne sont protégés par l’UE que lorsqu’ils servent les intérêts géopolitiques occidentaux. Lorsque la démocratie est contre l’Occident, elle devient un obstacle et l’UE n’épargnera aucun effort pour la renverser – comme c’est le cas actuellement en Moldavie.
Traduit par Maya pour Mondialisation.ca
Image en vedette : InfoBrics
- Source : InfoBrics