Trump a-t-il vraiment un plan pour l’Ukraine ?
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Ce qui est étrange avec les projets du président Trump pour l’Ukraine, c’est que personne ne sait ce qu’ils sont réellement.
Ces derniers jours, j’ai essayé de comprendre ce qu’il essayait de faire. Je n’ai pas réussi à trouver une théorie qui tienne la route. Son comportement est incohérent. Il n’y a pas non plus d’indications utiles de la part de la Maison Blanche ou de fuites dans la presse. Il y a des actions frénétiques ici et là et des déclarations pompeuses. Mais quels sont les plans d’ensemble ?
Le professeur Mearsheimer déclare également (vidéo) que le comportement de Trump n’a aucun sens. Faire chanter l’Ukraine pour obtenir un accord d’extraction de ressources n’est pas une position réaliste. Elle n’est même pas mercantiliste. Il n’y a rien à vendre là-bas et tout accord sera sabordé par les tribunaux sous la pression des oligarques. Cela n’a aucun sens.
Qu’est-ce qui prouve que Trump a un plan ? Qu’est-ce qui prouve qu’il négocie réellement avec la Russie ? Que fait-il concrètement pour mettre fin à la guerre comme il l’a prétendu ?
Yves Smith, citant les opinions contraires de Brian Berletic et John Helmer, se demande également ce que fait Trump :
"Parce que l’administration Trump n’a pas d’idée claire sur ce qu’elle veut en termes de finalité pour l’Ukraine, sauf à pouvoir prétendre que Trump a mis fin à la guerre et qu’il est donc un grand négociateur, elle risque fort de tomber dans le comportement contre lequel Sun Tzu a mis en garde : « Rien que de la tactique et aucune stratégie, c’est le bruit qui précède la défaite ».
Plus précisément, nous examinerons comment les évaluations étrangement sous-amplifiées de Brian Berletic et John Helmer montrent que l’idée, populaire dans les médias indépendants, selon laquelle Trump représente une grande rupture en matière de politique étrangère par rapport au passé est exagérée. Ses différences de méthodes sont indûment confondues avec des différences d’objectifs.
Mais nous allons d’abord nous pencher sur la façon dont une nouvelle fixation de l’administration, celle d’arracher à l’Ukraine un accord sur les minéraux et autres droits économiques, est contraire à l’objectif de parvenir à un accord avec la Russie.
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Cet accord sur les minerais ukrainiens pourrait être un exemple des habitudes de Trump, à son détriment. L’approche de Trump, qui consiste à maximiser son espace de négociation en avançant toutes sortes d’idées révolutionnaires, n’est pas une si bonne idée lorsqu’elle est adoptée par réflexe, comme cela semble être le cas pour Trump 2.0, plutôt que de manière délibérée.
Trump lui-même menace régulièrement de prendre des mesures radicalement extrêmes, comme le nettoyage ethnique à Gaza, et intimide les chefs d’État pour essayer d’obtenir ce qu’il veut. Non seulement Trump n’obtiendra pas le développement de sa Riviera, mais ses intimidations le font passer pour un imbécile irascible. Pourquoi voudrait-on nouer des relations avec un partenaire qui aime non seulement les démonstrations de domination grossières, mais aussi l’humiliation des chefs d’État (comme le roi Abdallah de Jordanie) et qui est indifférent à la déstabilisation de l’ensemble de la région ? Ces actions ne permettent pas d’instaurer la confiance et de traiter avec autre chose que des parties soumises.
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Ou peut-être Trump et ses agents croient-ils encore que la Russie a du mal à soutenir son effort de guerre, et qu’en renforçant la crédibilité et l’engagement des États-Unis, elle sera amenée à faire des concessions".
Aucune des deux approches que l’on pourrait penser que Trump adopte – utiliser un accord sur les ressources de l’Ukraine pour maintenir les États-Unis en Ukraine et poursuivre la guerre, ou utiliser l’accord sur les ressources de l’Ukraine pour finalement rompre avec l’Ukraine – n’est cohérente avec une évaluation réaliste des faits sur le terrain. En tout cas, pas si le but du jeu est de faire la paix.
Trump ne fait peut-être que réarranger les chaises avant de poursuivre le même vieux programme impérial :
"Brian Berletic soutient que la plupart des commentateurs indépendants sont tombés dans le piège de la campagne MAGA/America First, alors que Trump représente la continuité stratégique des États-Unis en essayant de maintenir leur domination, en particulier vis-à-vis de la Chine. Berletic a observé, en se basant sur les audiences de confirmation des choix de Trump en matière de défense et de renseignement, que les États-Unis ne se débarrassent pas vraiment de l’appareil de changement de régime/messagerie de l’USAID mais se contentent de fermer la partie DEI et autres éléments désapprouvés par dans le cadre du MAGA.
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Inutile de dire que cette évaluation, basée sur ce que l’administration Trump a déclaré vouloir faire avec les opérations de l’USAID, est très en désaccord avec l’opinion conventionnelle et complaisante selon laquelle Trump a arrêté l’activité de changement de régime des États-Unis. Pourquoi, je vous prie, aurait-il été dans l’intérêt stratégique des États-Unis de le faire ? Ce n’est pas comme si nous pouvions obtenir des concessions en éliminant cet appareil".
Le point de vue d’Yves Smith sur l’analyse de John Helmer :
"Helmer s’est basé sur sa propre expérience au sein de l’administration Carter ainsi que sur les informations fournies par des sources russes pour confirmer ce que l’on pouvait déduire des remarques des différents participants [aux pourparlers de Riyad], à savoir que la session, du point de vue de la Russie, était un naufrage. Même si vous n’avez pas eu le bénéfice des rapports ultérieurs, la façon dont les États-Unis se sont comportés était insensée. Ils ont exigé la tenue immédiate d’une session de haut niveau, alors que ce type de session n’a généralement pas lieu avant qu’un travail préparatoire adéquat n’ait été entrepris. En outre, les principaux membres de l’équipe de politique étrangère de Trump venaient à peine d’être installés. Et comme le DOGE a fait passer un bulldozer à travers l’État, ce n’est pas comme si Rubio et ses collègues avaient une quelconque expertise (comme celle des fonctionnaires de carrière qui étaient là avant l’arrivée de l’équipe Biden) sur laquelle ils pouvaient s’appuyer.
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Il a réitéré certaines de ses conclusions et ajouté de nouvelles observations lors d’un entretien avec Nima de Dialogue Works.
Au début :
Helmer : La perception russe est que le côté américain est un kasha, une bouillie, un désordre. Mais il ne faut pas être impoli et le dire…..D’abord, que doit faire la partie russe ?
Le problème est sérieux. Les États-Unis ont convoqué une réunion de haut niveau et n’avaient aucune idée de ce qu’il fallait faire : pas d’ordre du jour, pas de questions, pas de propositions. L’objectif semblait être de créer une impression d’élan et de prétendre que Trump faisait de sérieux progrès pour mettre fin à la guerre. Helmers souligne le caractère presque désespéré de la partie américaine, qui a affirmé que cette rencontre prouvait que Trump était le seul homme capable de mettre fin à la guerre… au lieu d’avoir quoi que ce soit d’autre à dire".
Ma conclusion est que Trump n’a aucun plan pour faire la paix en Ukraine.
Par conséquence, le conflit devra être tranché sur le champ de bataille.
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
- Source : Moon of Alabama (Etats-Unis)