Guerre de l’information, guerre à l’information
Il y a quelques années, pour ceux qui s’en souviennent, apparut une campagne apparemment concertée mais peu structurée pour dénoncer les pièges et dangers de Wikipédia. Des journalistes bien en cour, réputés et vénérés comme il se doit, dénonçaient ce dangereux outil pour ce qu’il comportait trop d’erreurs, permettait des amalgames, trop d’approximations. Mais aussi pour ce que Wikipédia ne se soumettait à aucun système de contrôle dont ils aient, eux les druides, la clé. A regarder rétrospectivement, c’était une première tentative de nos druides pour revendiquer l’exclusivité du savoir médiatique : eux seuls concoctent la potion de l’information. Cette campagne fut molle, peu bruyante, et finit en mayonnaise ratée.
Depuis les choses ont changé. Les druides ont pris leur rang de fantassins. Les hauts tenants de la presse française -franco-milliardo-israéliens- mènent un combat en règle pour réduire en crachats abjects les sites d’information alternative. Sous les motifs qu’ils sont conspirationnistes, semitophobes, d’extrême-droite (extrême gauche pouvez passer), révisionnistes, fachos. Les homophobes reculez. Les intégristes catholiques vous pouvez passer, un par un et en silence.
Dans ce combat, l’hebdomadaire L’Express envoie au front un journaliste combattif. L’uniforme est un peu grand pour lui, la plume d’autant plus virulente, il doit anéantir le dragon Meyssan. Boris Thiolay s’y colle.
Donc en avant toute, notre troupier fonce tête baissée pour renverser Meyssan. Lisez l’article, faites-vous votre idée, entrer dans les détails me fatigue. Mais en gros, on y retrouve plutôt la méthode du procureur qui sévissait sous Staline, le fameux Andreï Ianouarievitch Vychinski. On prend tout et son contraire, on saupoudre tout cela des mots clefs qui permettent de lancer et fixer l’anathème : extrême-droite, antisémite, rouge-brun, antisioniste, paranoïaque, suppôt de Bachar qui le paye grassement[1], mais surtout proche de Dieudonné et Soral ! Ça n’est pas pardonnable. Toujours ajouter négationniste, c’est indispensable. Quant à l’homosexualité de Meyssan, ça va, ça passe, c’est bon, il peut continuer. Collabore avec RT (ex-Russia Today, pro-Kremlin)… on continue ? Non, l’article ne mérite pas tant d’efforts.
Tout cela est assez insignifiant. Ce n’est jamais que l’illustration du merveilleux poème de Jean Richepin, Les oiseaux de passage[2], qui juxtapose les volailles de basse-cour et ces oiseaux migrateurs qui à grand coups d’ailes survolent les horizons, contre vents et orages. Boris devrait s’y retrouver.
Ceci étant, lorsque notre troupier reçoit des considérations quelque peu désobligeantes sur son travail, il se sent insulté. Qu’on lui expose que Thierry Meyssan est un analyste intéressant, que « gober » in extenso les explications officielles US sur les attentats du 11 septembre relève de l’idiotie, qu’il est légitime de s’interroger sur les origines du chaos, de l’extension du terrorisme et de ses liens, de Bagdad à Washington en faisant un petit arrêt à Tel-Aviv, il se cabre dans son (trop) large uniforme, et donne des coups de bec.
Mais surtout, la sanction tombe, radicale et sans appel :
Me voilà désactivé, et par ma faute.
Y’a bon Charlie ! N’est-ce pas, Boris ?
C’est dommage, il restait juste à lui communiquer l’enquête de fréquentations des sites Internet de la presse subsidiée. Des chiffres assez édifiants sur le succès de cette guerre de l’information, et à l’information. http://lesmoutonsenrages.fr/2015/04/18/guerre-de-linformation-la-frequentation-des-sites-internet-des-medias-subventionnes-seffondre/
Notes
[1] Affirmation qui ne s’appuie sur aucun fait ni preuve.
[2] http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/jean_richepin/les_oiseaux_de_passage.html
- Source : Mufasa
|
0 |
