L’Autriche demande à sortir de Schengen !
C’est la nouvelle qui agitait en ce mardi matin la blogosphère : Vienne demande à suspendre les accords de Schengen. Ah ! Il est vrai que le plan Mare Nostrum du grand voisin italien a transformé ce petit pays de 8,5 millions d’habitants en passoire. Les malheureux loqueteux que l’on sauve de la noyade en Méditerranée échouent toujours plus nombreux sur les plages du sud de l’Europe, et de là entament leur remontée vers l’eldorado nordique.
Les policiers autrichiens ont les nerfs qui lâchent : « Au Brenner [le col qui sépare l’Autriche de l’Italie], la situation devient insoutenable. » Comme elle l’est en Sicile, à Malte, à Gibraltar, à Calais comme autrefois Sangatte…
Le gouvernement autrichien donne les chiffres : 4.700 migrants ont déjà été arrêtés sur le territoire depuis le début de cette année 2014, et pratiquement tous renvoyés en Italie, avec une moyenne de 30 personnes par jour. C’est dire qu’on frise les 11.000 par an puisque ça augmente continuellement… Encore l’Autriche n’est-elle qu’une terre de passage puisque, parmi les personnes arrêtées, seules 300 ont demandé l’asile politique au pays. La plupart veulent gagner le Royaume-Uni qui est, avec l’Irlande, hors Schengen.
Alors adieu Schengen et sa libre circulation ? C’est ce que réclame l’Autriche, et l’Italie du nord également par la bouche de Maurizio Fugatti, commissaire de La Ligue du Nord (région de Trente) qui n’a pas hésité à déclarer : « Que l’Italie prenne exemple sur l’Autriche et commence à envisager la fermeture de toutes les frontières, puisque l’Autriche est en discussion pour pouvoir suspendre Schengen.[…] Au vu de l’explosion migratoire due à Mare Nostrum, il est urgent de suspendre immédiatement cette opération criminelle et de fermer toutes les frontières. »
Facile à dire. Sauf que… sauf que c’est tout bonnement impossible en l’état du droit européen. Comme le soulignait Henri Labayle, professeur de droit (sur Figaro Vox, le 22/09) : « Ce que l’on appelle “l’acquis de Schengen”, c’est-à-dire l’ensemble des règles produites dans ce cadre, a été intégré dans le droit de l’Union de manière irréversible. » C’est le cadeau qui nous a été fait par le traité d’Amsterdam en 1999. Aux termes du traité, l’espace Schengen englobe maintenant plus de 400 millions d’habitants sur une superficie de 4.312.099 km2. Et comme on le dit avec fierté : « Il fait aujourd’hui partie de l’espace de liberté, de sécurité et de justice européen. »
Sauf que, là encore, on se paye de mots. Liberté peut-être, mais sécurité et justice, sûrement pas. Car cette Europe-là n’existe réellement que sur le papier. Avons-nous une politique commune sur le droit de séjour des étrangers ? Avons-nous une politique commune de reconduite aux frontières ? Quid de la coopération transfrontalière et judiciaire ? Et quand un Nicolas Sarkozy, Tartuffe suprême, ose venir déclarer devant 9 millions de téléspectateurs : « J’aurais dû aller plus loin, j’aurais dû le dire : Schengen, c’est pas possible ! », il se fout carrément de notre gueule.
Lui qui s’est assis sur le vote des Français, ignorant le « non » au référendum sur la Constitution pour mieux la ratifier dans notre dos, fait mine de battre sa coulpe. Il fait sa chattemite pour mieux nous embobiner. La belle affaire. Il est trop tard. Trop tard pour lui, trop tard pour nous, hélas. Le chaos qui a embrasé l’Orient et l’Afrique va continuer de déverser à nos portes des hordes de malheureux et presque autant de mafieux. La seule vérité qu’aujourd’hui chacun s’accorde à reconnaître, c’est qu’un État seul ne peut lutter contre ce fléau de la misère qu’est l’immigration massive. Un continent le peut-il ? Rien n’est moins sûr, mais nous n’avons pas d’autre solution que d’essayer. En adoptant, au moins, une politique commune et en renforçant le contrôle aux frontières extérieures de l’Union. Après cela, il ne restera plus que la prière…
- Source : Marie Delarue