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Lundi, 23 Déc. 2024

Élections européennes : une nouvelle chance !

Auteur : Christian Vanneste | Editeur : Walt | Vendredi, 23 Mai 2014 - 21h14

L’Europe est, hélas, une faillite sur tous les plans. C’est d’abord une formidable erreur de navigation. L’Invincible Armada européenne devait conduire le continent au sommet des zones économiques, hissant les nations les moins performantes au niveau des meilleures grâce à la convergence, et l’ensemble au statut de l’économie de la connaissance la plus productive et la plus dynamique et assurant un développement durable exemplaire dans le monde. Le cap était fixé pour 2010. Dès 2005, avant la crise, la Commission reconnaissait l’échec. Aujourd’hui, on peut parler de désastre. Un mauvais esprit pourrait même s’égayer à souligner, point par point, que la route suivie a été l’inverse de celle qui était tracée. En fait de convergence, la zone euro a vu se creuser le gouffre qui sépare l’Allemagne, ses 5 % de chômeurs et ses satellites, des mauvais élèves de l’euro, avec leur taux de chômage au-dessus de 10 et parfois de 20 %.

Le développement durable tourne au gag, avec une Allemagne qui retourne au charbon et une France plus nucléaire que jamais, deux réalismes peu prisés des écolos qui voient reculer, sauf dans les discours, les intermittents du spectacle énergétique, aussi coûteux que les autres – l’éolien et le solaire. Pendant ce temps, les États-Unis sont repartis de plus belle, alliant dynamisme et productivité, gaz de schiste et domination insolente dans les domaines de l’information et de la communication. Comme l’Amérique du Nord est notre principal partenaire commercial, on attend beaucoup des retombées de sa croissance sur la nôtre, qui est deux fois plus faible.

Mais la faillite économique se double d’une faillite politique. Sur la scène mondiale, l’Europe n’existe pas. Elle en est à suivre aveuglément les États-Unis sur un terrain qui devrait être exclusivement le sien : celui des rapports avec la Russie dans la crise ukrainienne. À l’intérieur, l’échec est triple. L’idée européenne a reculé, mais avec elle, la mise en œuvre d’une véritable solidarité européenne. La France est bien seule dans ses interventions militaires et dans ses ventes d’armement. L’Italie se plaint de sa solitude dans la maîtrise de l’immigration clandestine.

Ensuite, la démocratie européenne a reculé avec l’éloignement d’un exécutif technocratique et d’un Parlement qui, à force de prétendre représenter tout le monde, ne représente plus personne, se complaît dans des débats stériles ou s’acharne à la défense d’intérêts nationaux, quand ce ne sont pas ceux des lobbies puissants tellement plus proches du pouvoir que ne le sont les peuples. Enfin, cette crise de la démocratie européenne fait renaître des idéologies extrémistes qui contestent la démocratie libérale en elle-même. L’exemple de la Grèce est frappant.

La faillite morale de l’Europe est plus grave encore. En renonçant à ses racines chrétiennes, à son identité construite sur un humanisme (né en Grèce) et vivifié par la religion chrétienne et sa reconnaissance de la valeur intrinsèque de la personne humaine – de la conception à la mort –, l’Europe s’est tiré une balle, cette fois, dans la tête. Comme elle s’est exposée, sans défense suffisante, au libre-échange des marchandises et à la circulation des personnes, l’Europe s’offre aujourd’hui aux lobbies libertaires qui promeuvent l’avortement, sans objection de conscience, l’euthanasie, les manipulations embryonnaires, la destruction des identités sexuées, et celle de la famille, ce que Jean-Paul II appelait, justement, la culture de mort.

Accepter l’Europe telle qu’elle se présente aujourd’hui et telle qu’elle est orientée, c’est se faire complice de ce triple déclin. S’y opposer, c’est au contraire lui redonner une nouvelle vie, une nouvelle chance.


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