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Lundi, 23 Déc. 2024

Elections européennes du 25 mai: les sornettes de François Hollande et de Manuel Valls…

Auteur : Albert Ricchi | Editeur : Walt | Vendredi, 16 Mai 2014 - 20h20

En vue des prochaines élections européennes, François Hollande a publié le 8 mai dernier, dans le journal le monde, une longue tribune pour lancer la campagne européenne. Manuel Valls a pris le relais en s’exprimant 3 jours plus tard au journal du soir de TF1.

Le Président de la République et son Premier ministre ont déployé à cette occasion un tissu d’arguments plus faux les uns que les autres pour essayer de justifier le vote socialiste le 25 mai prochain…

C’est sans doute un des "communicants" de François Hollande, énarque ou banquier, qui a pondu ce "plaidoyer" des élites pour l'Europe. Ce texte n'est en effet que bobards et contre vérités à la petite semaine, décrivant une situation radicalement différente de la réalité de l'Europe que nous vivons chaque jour.

Premier argument utilisé, celui de la paix. François Hollande utilise notamment l’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour démontrer que la construction européenne a apporté la paix en Europe. 

Mais la paix de la 2ème moitié du 20ème siècle tient surtout à la menace de l’arme atomique, la fin de la guerre froide et un refus viscéral des instincts guerriers dans tous les pays du continent. Il serait d’ailleurs curieux que quelqu’un parvienne à démontrer qu’en absence de CEE, les pays européens seraient entrés en guerre. On peut rappeler aussi que d’autres pays hors UE (Suisse ou Norvège en Europe, mais aussi le Japon ou l’Australie) ne sont pas particulièrement belliqueux...

Deuxième argument traditionnellement évoqué à chaque échéance électorale : un autre modèle européen serait possible, François Hollande dénonçant une Europe qui ne serait « qu’un marché (…) à l’austérité aveugle ».

Pour ceux qui n’auraient pas bien compris, l’Europe souhaitable serait celle du PS, l’Europe actuelle serait celle de l’UMP et de l’UDI-Modem. Mais ceci est grotesque car ces partis ont voté systématiquement ensemble, à 94%, tous les traités et directives européennes depuis de nombreuses années.

C’est toujours en fait le même leitmotiv depuis 1957, date du traité de Rome : l’Europe de demain sera plus sociale, plus protectrice, harmonisée fiscalement si les peuples votent social-démocrate ou socialiste à l’élection du parlement européen… Mais il faut se souvenir que rien n’a changé, même lorsque les partis sociaux-démocrates étaient majoritaires en Europe, dans les années 90... 

Qui tolère un euro fort au service principalement de l’Allemagne ?

Depuis plusieurs années, l'euro est surévalué par rapport aux grandes monnaies (dollar, livre, yuan, yen, etc.) et cela d'une façon durable.

Les gouvernements ne disposent plus de la politique monétaire en tant qu'arme pour intervenir sur le marché des changes. En effet, celle-ci est du ressort de la Banque Centrale Européenne (B.C.E) dont la mission, spécifiée par le Traité de Maastricht, consiste à contrôler l'inflation potentielle. Par conséquent, la BCE a tendance à augmenter les taux d'intérêt à court terme, dés que les prix à la consommation commencent à s'élever ; ce faisant, ils favorisent une hausse mécanique de l'euro, en augmentant la rémunération implicite dont celui-ci va bénéficier, compte-tenu de la progression du taux d'intérêt.

Et il n'y a aucune raison que cela change prochainement, puisque les changements institutionnels dans l'Union Européenne provoquent toujours des oppositions, d'autant plus obstructrices que l'U.E comprend désormais 28 pays membres.

La monnaie unique établit donc des parités irrévocablement fixes et engendre ainsi une guerre féroce sur les coûts salariaux. L'Europe libérale poursuit le projet inavoué de dissolution des actuelles souverainetés politiques, pour mieux laisser jouer l'ordre du marché, c'est à dire les puissances privées et les banques.

Pire, on a recruté des banquiers comme pompiers de l’Europe avec le soutien des dirigeants européens, Angela Merkel en tête. Ainsi, Mario Draghi, promu président de la BCE est un ancien de la sulfureuse banque Goldman Sachs qui a aidé la Grèce à dissimuler des milliards d'euros d'emprunts d'Etat pendant des années...

François Hollande dénonce « le piège du déclin national  » et critique la volonté d’abandonner la monnaie unique, qui aboutirait selon lui « au retour de l’inflation, (…) à une austérité implacable, (…) la disparition de la solidarité financière  ». Il imagine « une Europe qui investit sur de grands projets (…), qui en termine avec la concurrence sociale et fiscale (…), qui protège ses frontières  ». Le plus effarant est qu’il ose dire que " cette Europe, nous avons commencé à lui donner une réalité depuis deux ans" ...

Mais on peut construire l’Europe de plusieurs façons : la CEE d’avant l’Acte Unique avait une organisation monétaire souple et protégeait notre agriculture et notre industrie. Et il faut un sacré culot pour parler de solidarité au vu des horreurs produites par les plans européens notamment en Grèce. Enfin, les pays hors zone euro vont mieux que ceux qui y sont, avec la protection qu’apporte le contrôle de la banque centrale et une inflation à peine supérieure.

Qui tolère les paradis fiscaux au sein même de l’Europe et de la France ?

Situés le plus souvent près des grands pôles d’activité, les paradis fiscaux canalisent les flux financiers des grandes fortunes, des multinationalesde et de l’économie illicite : argent du crime, de la corruption et de la fraude fiscale. Après retraitement, ces sommes colossales "travaillent" en toute légalité dans les circuits financiers internationaux. Les sommes ainsi mises en circulation chaque année représenteraient entre 15 et 30 % des dettes publiques cumulées, qui s’élèvent à quelque 5 000 milliards de dollars.

Les paradis fiscaux attirent donc tous ceux qui refusent la solidarité par l’impôt, laissant à leurs concitoyens le soin d’en acquitter la charge. C’est une des explications de l’appauvrissement relatif des Etats et de la diminution corrélative de leur capacité de régulation, voire de sauvetage du système lui-même.

Et la France ne s’honore pas non plus à «fermer les yeux» sur certains mouvements de capitaux notamment dans deux micros états, dénoncés par l’ONU, l’Andorre et Monaco qui ont la particularité de se trouver pratiquement sur le territoire français et de compter pour l’un deux, à sa tête, un co-prince en la personne du Président de la République Française…

Qui s'enfonce dans la spirale de l’endettement ?

La France est très endettée (4923 milliards € au total et 4640 € de plus par seconde…) mais elle emprunte actuellement à un taux assez bas, entre 0 et 1%. Il serait donc possible de renégocier l’ensemble de la dette, ou du moins une grande partie, au taux actuel et ainsi diminuer la charge globale de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Pourquoi François Hollande ne le fait-il pas ? Une seule explication: faire plaisir aux banquiers qui pullulent dans son entourage et qui n’aiment pas recalculer des prêts à des conditions moins avantageuses pour les établissements bancaires !

Une autre solution consisterait à emprunter directement à la BCE ou à la banque de France à taux zéro comme cela se faisait avant 1973 (système supprimé par Georges Pompidou, ancien de la banque Rothschild…) mais Bruxelles et l’Europe n’en veulent pas, là aussi pour faire plaisir aux banques qui prêtent aux états avec intérêt et qui engendrent ainsi des super profits sans faire grand-chose.

C'est semble-t-il plus facile pour Manuel Valls de faire un plan d’économies de 50 milliards d’euros et de tailler dans les dépenses publiques, de geler le point d’indice des fonctionnaires, baisser les pensions de retraite, multiplier les déremboursements d’assurance maladie, etc…et d’appliquer le bon vieux principe « mieux vaut prendre aux pauvres, ils sont plus nombreux que les riches »…

Qui s’accommode de la directive sur les travailleurs détachés ?

Avec le soutien de plusieurs États candidats à l’adhésion, soucieux de bénéficier de leurs avantages comparatifs en matière de fiscalité, de salaires et de conditions de travail (au point de blâmer leurs organisations syndicales pour leur opposition à la directive), la Commission de Bruxelles a délibérément renoncé à l’harmonisation au profit du principe du pays d’origine.

Le chantier naval des Constructions Mécaniques de Normandie a décroché récemment un contrat de construction de 6 navires. Ainsi, à Cherbourg une centaine d’embauches de salariés lettons et roumains seront réalisées au détriment d’une main d’œuvre locale qui existe et qui est au chômage !

Il en est de même de toutes les activités, que se soit le bâtiment, l’agriculture, l’industrie ou les services. L’abattoir breton Gad qui a fermé employait une centaine de roumains… Sur le chantier du TGV Rennes-Le Mans, on emploie des ouvriers ukrainiens payés 585 euros mensuels pour 40 heures de travail par semaine, etc...

Qui a permis de créer une taxe Tobin ultra-light ?

La taxe européenne sur les transactions financières (TTF) verra le jour en Europe au 1er janvier 2016 et ne concernera que les actions et quelques produits dérivés. 

Ce n’est en fait qu’une pâle copie de ce qu’il faut faire. C’est seulement un retour de l’impôt de bourse, qui existait au 19ème siècle et que Londres avait encore. L’union bancaire ne protège rien avec son fond de 55 milliards en 2025 pour toute l’UE, qui ne couvrirait même pas les besoins des banques espagnoles… Au lieu de freiner fortement la spéculation et de rapporter 35 milliards d’euros, la TTF européenne n’aura quasiment aucun effet et rapportera dix fois moins.

De tous les renoncements accumulés depuis son élection, celui-ci est le plus symptomatique de la dérive ultralibérale du président de la République. Car c’est le seul dossier économique sur lequel il n’a pas hésité à s’opposer très fermement à l’Allemagne et à la Commission, qui désiraient au contraire taxer l’ensemble des produits dérivés. 

Qui a assuré vouloir aller vite pour mettre en œuvre le traité de libre échange transatlantique ?

La confiance mutuelle a été "restaurée", selon François Hollande déclarant en février dernier à Washington, qu'il fallait aller vite concernant l'accord d'échanges entre les Etats-Unis et l'Europe. "Faisons plus de choses ensemble", s'est écrié Barack Obama. Parmi celles-ci, il y a notamment le Grand Marché Transatlantique mais qui n'est rien d'autre que la mainmise des multinationales américaines sur le continent européen.

Une déclaration plutôt curieuse de François Hollande car les conditions dans lesquelles les négociations ont été lancées entre l’Europe et les Etats-Unis, sans publicité ni débat préalable, auraient mérité de suspendre toutes les discussions en cours.

Aujourd’hui, si cette négociation aboutit, le traité qui en résultera provoquera un bouleversement total du modèle de société qui prévaut dans les nations européennes. Ces négociations ont commencé sans que les peuples d’Europe aient donné à leur gouvernement le moindre mandat pour procéder à un tel reniement de nos valeurs fondamentales et des orientations profondes auxquelles nous sommes attachés.

Il est vrai que dans un autre domaine aussi, celui d’une intervention militaire éventuelle en Syrie, on avait déjà vu un François Hollande plus impatient que Barack Obama lui-même !  

Finalement, sur tous les points pré-cités, François Hollande a adopté les politiques de droite les plus bêtes et c’est pourquoi le PS veut une campagne européenne la plus courte possible.

Ce faisant, il alterne entre mensonges et contradictions, la principale contradiction bien sûr, étant de parler de mettre fin à la course au moins-disant social et fiscal alors même que la baisse du coût du travail est devenu sa priorité numéro 1 !

Et comme l'explique Jean Lassale, député du Modem, au terme de son voyage à pieds sur tout le territoire, c’est sur le terrain que l’on voit le divorce, le fossé immense entre l'européisme béat des élites, et l'euro-scepticisme des ouvriers et des employés.

Gageons que les citoyens enverront un message clair et négatif au PS, UMP et UDI-Modem, partis qui font miroiter depuis plusieurs dizaines d’années une Europe sociale et protectrice mais qui n’ont jamais rien fait concrètement pour la faire avancer…


- Source : Albert Ricchi

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