Ce que même Cazeneuve n’arrive plus à recaser
C’est en voyant un ange gardien comme Bernard Cazeneuve voler à son secours que l’on comprend à quel point le système est irrémédiablement cassé.
La Macronie est désormais si lépreuse que même ses aspirants-sauveurs se sentent obligés de commencer leur sauvetage par une sérieuse gronderie : « la responsabilité du gouvernement est écrasante », pontifie Cazeneuve, qui, frais comme l’ère Hollande, est probablement presque sincère quand il nous explique qu’il aimerait bien qu’on recommence à ménager un peu les apparences du parlementarisme, et à faire reluire ces « syndicats réformistes » qui ont toujours été les meilleurs alliés de la révolution oligarchique. Simplement, ces syndicats courent aujourd’hui derrière une base qui, les ayant dépassés depuis longtemps, menace de les envoyer dans cet écomusée du XXe siècle où vit aussi Bernard Cazeneuve.
Vitupérant contre la mauvaise éducation des députés LFI, qui permet à « l’extrême droite » (si, si – il parle vraiment de la PME Le Pen) de « se donner une image de respectabilité qu’elle ne mérite pas », Cazeneuve rêve de toute évidence d’un grand gouvernement central de l’euromondialisme bourgeois réconcilié, bien calé contre un épouvantail à droite et un autre à gauche.
Cazeneuve : le futur antérieur du mode irréel de la Macronie
Cazeneuve semble ne pas remarquer que « son projet » est depuis longtemps réalisé, sous la forme de la Macronie. Et que, comme une majorité de français (certes impossible à fédérer pour l’instant) vomit ce projet, sa mise en œuvre ne peut plus passer par l’école de danse et de bonnes manières du parlementarisme cazeneuvien, ne pouvant plus s’incarner que dans l’exécutif dictatorial du mari de Brigitte.
Réinventant tous les matins la SFIO, Cazeneuve fait donc mine de déplorer les conséquences de causes dont il est l’incarnation – et qu’il propose avec candeur de réchauffer. On finirait presque par croire qu’il aurait envie de gouverner – s’il n’était pas, par ailleurs, tellement évident qu’il cherche juste à allumer des contre-feux à l’encontre d’une jeune garde de LFI qui semble vouloir sa peau, et mentionne trop souvent son nom en rapport avec les largesses d’un certain émirat bien connu pour acheter sur pied les animaux politiques de la ferme bruxelloise.
À la différence de Macron, Cazeneuve est ridicule, mais pas fou.
- Source : Le Courrier des Stratèges