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« L'armée de terre tiendra toute entière au Stade de France »

Auteur : Pierre Harski via rue 89 | Editeur : Stanislas | Samedi, 03 Août 2013 - 16h13

La formule, tirée d’un rapport parlementaire, fait mouche : « En 2015 le “cœur projetable” de l’armée de terre se situera à 70 000 hommes, c’est-à-dire moins que le nombre de places dans le Stade de France » (80 000 places).

Le Conseil des ministres devait entériner ce vendredi le principe de nouvelles diminutions d’effectifs de 24 000 hommes dans l’armée française au cours des cinq prochaines années, en plus des réductions de 10 000 hommes déjà actées sous Nicolas Sarkozy.

C’est évidemment une tendance lourde historique, comme le montre cetteinfographie très parlante de nos confrères du Monde, qui présente deux courbes, celle de la population française (en rouge), et celle des effectifs militaires (en bleu).

La première a connu deux baisses au cours du dernier siècle, les deux guerres mondiales, mais ne cesse de progresser, tandis que la deuxième a connu un pic historique pendant la Première Guerre mondiale avec près de 5,7 millions d’hommes, et retrouve aujourd’hui son niveau du… XVIIe siècle avec à peine plus de 100 000 hommes.


Effectifs de l’armée française et population depuis quatre siècles (Capture d’écran LeMonde.fr)

Plus d’ennemis aux frontières

Il y a d’abord une logique militaire : la France n’a plus d’ennemis à ses frontières, n’a plus de colonies, moins de bases à l’étranger.

Toute la question que se posent les actuels cadres militaires, c’est comment conserver une capacité, même réduite, de se projeter sur des « fronts » lointains (Mali…), de s’engager sur les nouveaux théâtres comme la cyberguerre, les drones de surveillance, etc., tout en gardant ses missions habituelles.

Un débat budgétaire qui contient tout de même un tabou et une question sans réponse :

le tabou, c’est l’arme nucléaire. Seuls d’anciens ministres de la Défensecomme Paul Quilès (socialiste) et Hervé Morin (centriste) posent ouvertement la question du renoncement à la force nucléaire ou au moins à l’une de ses deux composantes (aérienne et sous-marine). Mais officiellement il n’y a pas de débat ; la question sans réponse, c’est celle de la Défense européenne, qui devrait être le relais logique de la baisse des capacités nationales, mais qui reste une idée dans les cartons, sauf à considérer que l’Otan devrait en être le cadre… Les 28 devraient en reparler au second semestre, mais difficile de croire que l’Europe soit en état de faire de gros progrès sur ce terrain-là.

En attendant, fort logiquement, dans un pays en crise sociale et économique profonde mais en paix, le budget de la Défense baisse. Et le moral des troupes avec.


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