« Netanyahu et Barak sont mus par le messianisme ; je ne leur fais pas confiance »
L’ancien chef des services de contre-espionnage (israéliens) Shin Bet a accusé (le premier ministre) Benjamin Netanyahu et son ministre de la défense Ehud Barack de tromper sciemment les gens à la fois sur le programme nucléaire iranien et sur le processus de paix avec les Palestiniens, en déclarant qu’il ne leur faisait pas confiance.
Yuval Diskin a fait cette déclaration vendredi devant un groupe de retraités qui se réunissent chaque semaine dans un restaurant de Kfar Sava pour écouter des conférences de politiciens ou des officiels de la sécurité. Dans un tel cadre, il est probable qu’il se savait filmé.
Les remarques de Diskin surviennent quelques mois après celles de Meir Dagan, qui dirigeait le Mossad à l’époque où Diskin dirigeait le Shin Bet, qui a critiqué Netanyahu et Barak en des termes similaires. « Je n’ai aucune confiance dans la direction actuelle, qui nous conduira vers un événement de l’ampleur d’une guerre contre l’Iran ou une guerre régionale, » a dit Diskin, qui a dirigé le Shin Bet de 2005 à 2011.
Diskin a qualifié Netanyahu et Barak de « deux messianiques - l’un d’Akirov et du projet Assuta, l’autre de Gaza Street et Caesarea, » en faisant référence aux quartiers huppés où ils vivent. « Croyez-moi, je les ai observé de près... En ce qui me concerne, ce ne sont pas des gens à qui je ferais confiance pour mener Israël dans une affaire aussi importante. Ce ne ne sont pas des gens à qui j’aimerais voir confier le volant. »
Diskin a ajouté que Netanyahu et Barak ne disaient pas la vérité sur le programme nucléaire iranien. « Ils trompent le public sur la question iranienne, » a-t-il dit. « Ils racontent que si Israël prend l’initiative, l’Iran n’aura jamais la bombe nucléaire. C’est faux. En fait, de nombreux experts disent qu’une agression israélienne accélérerait la course à l’armement nucléaire iranien. »
Diskin a dit aussi que Netanyahu trompait le public au sujet des négociations avec les Palestiniens. « Oubliez tout ce qu’ils vous racontent sur Abu Mazen [Mahmoud Abbas, le président palestinien] qui ne veut pas négocier. Ce sont eux qui ne veulent pas négocier avec les Palestiniens parce que ce gouvernement n’a aucune envie de parler aux Palestiniens. J’étais un poste il y a encore un an, j’étais bien placé pour savoir ce qui se passe. »
Diskin a dit que Netanyahu savait que s’il faisait un pas en direction des Palestiniens sa coalition se briserait. « Abu Mazen a commis des erreurs, mais cela n’a aucun rapport, » a dit Diskin. Il a dit que les gens étaient intéressés par la question palestinienne mais pas le gouvernement.
Netanyahu et Barak n’ont pas réagi aux piques de Diskin mais des conseillers et des ministres de leurs partis - Likoud et Atzmaut - l’ont attaqué avec des déclarations. Quelques minutes avant le dernier journal d’information la nuit dernière, des conseillers de Netanyahu et Barak ont publié des déclarations très similaires, qualifiant les propos de Diskin de « irresponsables », « embarrassants » et « mesquins ».
Des sources proches du premier ministre ont dit que Diskin était frustré parce que Netanyahu ne l’avait pas nommé chef du Mossad et avait nomme Yoram Cohen pour lui succéder à la tête du Shin Bet, contre l’avis de Diskin. « S’il n’avait pas confiance, pourquoi a-t-il prolongé son mandat d’un an, pour servir six ans au lieu de cinq ? Pourquoi voulait-il diriger le Mossad sous Netanyahu ? » a déclaré un conseiller de Netanyahu la nuit dernière.
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Diskin a commenté aussi les agitations sociales de l’été dernier sur le Boulevard Rothschild à Tel-Aviv. Il a comparé le mouvement à la révolution qui avait démarré sur la place Tahir l’année dernière. « Y’a-t-il une différence entre les soi-disant révolutionnaires du Boulevard Rotschild et ceux de la place Tahir ? La différence est minime mais significative - ceux de la place Tahir était prêts à en découdre, et ceux du Boulevard Rotschild, pas tellement. » Selon Diskin, dès que les chansons et les festivals se sont terminés sur le Boulevard Rotschild, « la fin des vacances a sonné et ils sont tous retournés à l’école ».