Les tickets resto passent à la carte à puce: nouveau flicage?
Jusqu’ici les 3,5 millions de salariés qui bénéficiaient de tickets resto avaient la sensation d’avoir un deuxième carnet de chèques en main. Mais « grâce » au « choc de simplification », censé simplifier la vie quotidienne, il sera remplacé par une carte à puce.
Cette réformette passée quasi inaperçue n’a eu l’air de bouleverser personne : plus sûr, moderne, avantageux... Mais certains dans cette rédaction (et en dehors) pensent que l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Pour
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Un système plus sécurisé
La carte est nominative, valable trois ans, et surtout, elle est protégée par un code pin. En cas de perte ou de vol, l’argent du mois ne sera donc pas perdu. A condition de faire opposition sur la carte, et d’en commander une nouvelle.
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Moins de pertes d’argent
Fini les avoirs dont vous n’aurez jamais l’occasion de vous servir, les refus des restaurateur de vous rendre la différence en monnaie sonnante, et les comptes d’apothicaire : les paiements seront débités au centime près sur la carte.
Le solde du compte pourra également être consulté en temps réel sur un espace personnel en ligne.
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Réduction des coûts
La gestion et la distribution des tickets resto au sein des entreprises sera logiquement simplifiée, et donc moins coûteuse.
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Avantageux pour les restaurateurs
Ceux-ci seront remboursés en seulement 48h au lieu de trois, sept ou vingt-et-un jours. Ils n’auront par ailleurs aucun coût à supporter pour effectuer la transition au dématérialisé, puisque la carte devrait être compatible avec les traditionnelles bornes CB.
Contre
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Fini, les petits arrangements
Le détenteur de la « carte resto » ne pourra plus prêter un ticket à son collègue qui a oublié son carnet, l’échanger contre du cash en cas de coups durs, ni le donner à sa progéniture qui veut aller au Quick avec ses amis.
Fini également la charité : impossible dorénavant de donner un ticket à un SDF dans le besoin. La collecte annuelle de tickets organisée par les Restos du Cœur sera techniquement irréalisable.
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Terminé, la souplesse
Plus question de payer un repas avec deux tickets resto, d’en utiliser pendant ses congés ou le week-end, de se faire rendre la monnaie chez les commerçant qui l’acceptent... La loi encadrait et encadrera très strictement cet avantage, en considérant que le salarié bénéficie d’une fiscalité réduite.
Fini également les salariés qui économisent leurs tickets en se préparant une gamelle quotidienne pour les dépenser en famille le week-end.
Ces petites dérives et arrangements qui ont fait la popularité des tickets resto auprès des salariés ne seront donc plus possible. Un « progrès dans l’application de la loi » mais « pas forcément synonyme de progrès social », affirme Jean-François Arnaud sur Challenges.
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Un moyen de plus d’être fliqué ?
Qui dit carte à puce dit données relatives à la transaction. Sauf qu’on ne sait pas si ces données seront enregistrées ou stockées, et l’idée d’être fliqué jusque pendant la pause déjeuner peut causer quelques troubles de digestion.
- Source : Rue 89