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Ethiopie : un barrage accule une tribu à la famine

Auteur : Survival International | Editeur : Walt | Mercredi, 11 Mars 2015 - 19h53

Les Kwegu de la vallée inférieure de l'Omo meurent de faim suite à la destruction de leur forêt et à l'assèchement de leur rivière.

Survival International, le mouvement mondial pour les droits des peuples indigènes, a reçu des rapports alarmants indiquant que la famine frappe l’une des tribus les plus réduites et les plus vulnérables de la vallée inférieure de l’Omo en Ethiopie, suite à la déforestation et à l’assèchement de la rivière dont elle dépend.

Les Kwegu, qui ne sont qu’un millier, vivent de la chasse, de la pêche et et de l’agriculture le long des berges de l’Omo. Mais le barrage Gibe III, associé à l’irrigation à grande échelle de plantations lucratives sur leur territoire, mettra fin aux crues naturelles et détruira le stock de poissons dont ils dépendent. Des images satellites récentes montrent que le gouvernement éthiopien a commencé à remplir le réservoir du barrage Gibe III.

En 2012, durant la déforestation de son territoire, un Kwegu déclarait dans un témoignage vidéo accablant : "Nous allons peut-être mourir. C’est la rivière qui nous maintient en vie. S’ils vident toute son eau, où allons-nous vivre? S’il ne reste plus de poissons, avec quoi allons-nous nourrir nos enfants?"

Visionnez la vidéo en anglais (l’identité des témoins a été modifiée pour leur éviter des persécutions).

Nous allons peut-être mourir

Les membres de la tribu kwegu qui vivent dans la vallée inférieure de l’Omo en Ethiopie rapportent qu’ils souffrent de la famine depuis qu’ils ont été relocalisés de force et que des plantations irriguées assèchent la rivière dont ils dépendent. Cette vidéo date de 2012, année durant laquelle leur territoire a été déboisé pour faire place aux plantations gouvernementales de canne à sucre.  

Nombreux sont ceux qui dénoncent que leurs ruches ont été détruites par les plantations de canne à sucre du programme gouvernemental Kuraz ainsi que leurs cultures de sorgho qui n’ont pas pu être irriguées par les crues annuelles de l’Omo. Les Kwegu sont à présent dépendants des tribus voisines qui leur fournissent des vivres.

Les tribus de la vallée inférieure de l’Omo n’ont pratiquement pas été consultées sur les projets qui affectent leur territoire. Toute résistance est réprimée par l’intimidation et l’usage de la force. Plusieurs tribus ont été relocalisées de force dans des villages gouvernementaux dans le cadre du programme de "villagisation".

Un Suri, membre d’une tribu voisine des Kwegu, a récemment déclaré à Survival : "Le gouvernement nous impose de vivre dans de nouvelles maisons mais nous ne le voulons pas… Il ne nous a pas fait connaître ses intentions et ne nous a pas demandé ce que nous voulions".

L’Ethiopie est l’un des principaux bénéficiaires de l’aide des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l’Allemagne. Le Département britannique du développement international (DfID) a récemment annoncé qu’il cessera de financer un programme lié à la relocalisation forcée des tribus. Il n’a cependant pas réduit le montant de l’aide qu’il verse à l’Ethiopie et n’a fait aucune mention du programme de relocalisation.

Les enfants kwegu connaissent la famine et sont de plus en plus dépendants de la nourriture que leur fournissent les tribus voisines.

Le rapport d’une mission des bailleurs de fonds dans la région émis par le Groupe d’aide au développement – un consortium des plus grands bailleurs de fonds à l’Ethiopie dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Banque mondiale – n’a pas été rendu public, malgré la crise humanitaire croissante qui sévit dans la vallée inférieure de l’Omo.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : "Les organismes donateurs doivent prévoir des réformes pour garantir que l’argent des contribuables ne soit pas utilisé pour soutenir des gouvernements responsables de l’expulsion de peuples indigènes de leur territoire. Le DfID revendique soutenir les plus pauvres. Pourtant il ferme les yeux sur les nombreux rapports faisant état de violations des droits de l’homme dans la vallée inférieure de l’Omo et il continue d’appuyer un gouvernement répressif qui est déterminé à réduire des tribus autosuffisantes en réfugiés internes dépendants de l’aide humanitaire".


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