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Mardi, 24 Déc. 2024

Macron va-t-en-guerre, en tout cas il nous y envoie

Auteur : Karine Bechet-Golovko | Editeur : Walt | Vendredi, 07 Juin 2024 - 12h52

Macron vient de le répéter hier soir : la Russie ne peut pas et ne doit pas gagner cette guerre. Il annonce donc que la France n'aura pas de limites. Pas de limites, dans la défense de l'intérêt atlantiste. Allons-nous réellement devoir lancer une guerre conventionnelle de haute intensité avec la Russie, à laquelle nous ne sommes pas prêts, pour défendre le pouvoir des élites globalistes ? Macron l'envisage, car cette guerre est, comme il l'affirme, existentielle. Pour ces élites. Ce n'est manifestement qu'une question de temps.

"Une guerre existentielle pour l'Europe et pour la France". Une affirmation sans explication. Sauf à considérer l'Europe et la France, comme les garants globalistes. Une seule conclusion : Macron, qui affirme ne pas être en guerre contre la Russie, réaffirme que la France peut envoyer des militaires et il ne veut pas préciser les conditions, dans lesquelles cela sera fait. Mais comme pour les munitions, pour les chars, pour les avions, ce n'est qu'une question de temps pour que le consensus soit imposé. Et il y travaille. Non pas comme Président de la France, mais comme agent d'influence atlantiste.

Seule la Russie sera responsable, nous répète-t-on. Nous faisons la guerre, mais nous ne sommes pas responsables. Nous continuons l'hypocrisie, pour rassurer le bon peuple qui commence à sérieusement s'inquiéter. En tout cas, Macron est prêt. Puisque la contre-offensive ukrainienne ne s'est pas passée comme prévu, que la situation militaire est catastrophique pour l'armée atlantico-ukrainienne et que faire la guerre par proxy a trop de limites, il va falloir changer de stratégie. 

Donc "2024, doit être l'année du sursaut". Il faut agir, renforcer l'action. Car pour Macron et ses maîtres il n'a pas d'autre alternative envisagée pour la fin de la guerre que la capitulation totale de la Russie. Et pour préparer cette "paix", il est autorisé de tirer derrière les lignes de front vers la Russie, de mettre des forces "civiles" à la frontière avec la Biélorussie et de protéger la frontière avec la Moldavie. Mais tous ces civils, qui doivent aussi désarmer, protéger le sol ukrainien, qui sont-ils ? Mystère. Il n'est pas question de troupes ... aujourd'hui. Mais "nous ferons ce qui est nécessaire pour atteindre notre objectif" - la capitulation de la Russie. Donc, quand les membres de l'Axe seront prêts, non à faire de grandes déclarations, mais à passer à l'acte ... on entrera en guerre ? Car c'est bien de cela, dont il s'agit.

"Si la Russie venait à gagner, la vie des Français changerait." Seule vérité annoncée par Macron : cela impliquerait la fin de la globalisation et du pouvoir de ces élites globalistes notamment en France, cela impliquerait la prise en compte de l'intérêt national et de l'intérêt des Français. Ce serait une catastrophe, non pas pour les Français, ce que laisse entendre Macron, mais pour l'élite qu'il représente. 

Et Macron, sans ciller, d'accuser la Russie de vouloir envahir l'Europe - "Qui pense que le Président Poutine s'arrêterait là?". Ce n'est pas l'Europe, que la Russie envahirait, ce sont ces élites gouvernantes qu'elles mettraient à terre en Europe. Et c'est cela la remise en cause de la sécurité dont Macron parle, de sa sécurité et de celle de son clan. Mais il n'arrive quand même pas à affirmer qu'il s'agit des intérêts vitaux de la France - et pour cause la France n'a rien à voir ici.

L'on appréciera particulièrement ce moment du grand show, quand Macron fait porter à la politique "agressive" de la Russie la responsabilité pleine et entière de la montée du prix du gaz, le coût des céréales et le coût de la vie ... suite à l'interdiction faite par l'UE de s'approvisionner en Russie pour l'énergie et l'obligation faite aux pays européens de sanctionner la Russie dans de plus en plus de domaines économiques.

Autre moment de vérité : "Si la Russie gagne cette guerre, la crédibilité de l'Europe sera réduite à zéro". En effet, la crédibilité de l'UE, qui tue l'Europe, sera réduite à néant, ce qui permettra le réveil de l'Europe, justement. L'Europe "européenne" et non pas atlantiste, qui est occupée par des structures régionales de gouvernance globale. Et Macron reconnaît l'occupation de la France, quand il parle de "la crédibilité de la puissance Union européenne sur notre sol".

"Comme on l'a fait à chaque fois". Macron utilise la France pour entraîner les autres pays derrière lui Et il avance. Vers la guerre, dont il a peur du mot. Comme il a peur du mot "ennemi", qui va avec celui de "guerre" : la Russie est l'adversaire de la France, selon Macron. Une litote, qui ne change rien au fond. Car la Russie est l'ennemi des élites auxquelles Macron appartient et qu'il défend. Il doit donc combattre la Russie. Et il utilise les ressources de la France pour cela.

Pour lui, la Russie restera "adversaire" et pourra devenir "ennemi", tant qu'il n'y aura pas de paix. Cette paix atlantiste implique la défense des frontières de l'Ukraine, telle qu'avant le Maïdan, mais rien de précis n'a été dit concernant la Crimée. Il semblerait dans ce monde post-moderne, que l'Ukraine soit le seul territoire, qui ait le droit d'être souverain et d'avoir des frontières ... Et s'il le faut les Français doivent aller se battre pour cela, car, paraît-il, leur sécurité en dépend. Donc, la sécurité des Français ne dépend pas de la restauration de la souveraineté de la France et des frontières nationales, mais des frontières ukrainiennes. C'est beau la globalisation ...

Evidemment toute cette rhétorique s'appuie sur le double mythe de l'agression russe et de la souveraineté de l'Ukraine, comme nous l'avons développé ici. 

En passant, Macron a reconnu que la France ne possédait pas une industrie de guerre capable d'assumer un guerre conventionnelle de grande intensité ... Cela est le cas pour tous les pays européens. Il est donc prévu de produire en Ukraine ... avec les risques de bombardements russes de ces sites ... et les conséquences prévisibles.

Et question centrale : comment on finance cet effort de guerre ? "Cette guerre est existentielle, on y joue notre avenir, on ne pas dire on va continuer de vivre comme on vivait". Vous avez compris, qui finance réellement cette guerre atlantiste : nous. Elle se fait à nos frais, au prix de notre mode de vie. Après demandez-vous ce qui se passe avec l'hôpital, l'école, l'agriculture ... Budget de la défense doublé, déjà 4,8 milliards d'euros envoyés à l'Ukraine et encore 3 milliards cette année. En plus du contribuable et de l'assèchement des autres domaines d'action de l'Etat, il y a les pseudo-contrats européens aux industries françaises, enfin européennes, donc l'argent circule. Parce que l'UE constitue son budget en puisant dans les capacités nationales, elle ne produit pas de richesse ...

Pour résumer, Macron n'a rien ajouté de nouveau, il continue de nager au milieu des mêmes slogans, il n'y a pas eu d'annonces fracassantes, car il devait ici rassurer. Le Premier ministre et le ministre de la Défense pourront préciser, ce que les Français craignent. Pour autant, les Atlantistes sont au milieu d'un choix difficile : ils ne peuvent pas perdre, mais pour avoir une chance de gagner il faudra y aller eux-mêmes, or ils ne sont pas prêts à cela§ ni politiquement, ni militairement - pour l'instant. Mais s'ils y vont, ce sera la véritable guerre.

***

Galactéros et Bechet-Golovko – Ukraine : l’OTAN entre formellement en guerre

En acceptant que les armes livrées à l’Ukraine puissent servir à toucher en profondeur le territoire historique russe, un certain nombre de pays de l’OTAN entrent de plain-pied dans le conflit, de manière (encore) plus nette qu’auparavant.

Et puisque jusqu’à présent l’Ukraine n’a guère eu de scrupules à viser des cibles purement civiles de l’autre côté de sa frontière et qu’on ne les imagine guère changer leur manière toute bandériste de faire la guerre, l’OTAN démontre donc que pour elles les crimes de guerre ne sont pas vraiment un problème. Ce que le laisser-faire envers Israël à Gaza avait déjà démontré.

Nous vous proposons ici deux analyses. Celle de Caroline Galactéros, factuelle et riche en informations ; et celle de Karine Bechet-Golovko, interrogée par Rachid Achachi à Moscou, qui nous permet d’appréhender le sujet de l’intérieur de la société russe, qui entend bien faire face à la menace et y mettre fin, par la victoire.

Caroline Galactéros

Karine Bechet-Golovko

E&R


- Source : Russie politics

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