Il devient urgent de sortir de l’OTAN

Alors que le conflit entre Israël et l’Iran semble s’être calmé du moins pour le moment. Donald Trump s’est comporté comme à son habitude en empereur de l’Occident en imposant une augmentation des budgets militaires des membres de l’OTAN. Convenons-en, il est probable que les pays européens ont beaucoup trop réduit leurs dépenses militaires ces vingt dernières années. Cependant, les demandes de Trump sont absolument délirantes. En effet, ce dernier veut imposer un chiffre aussi arbitraire que les limites du déficit des critères de Maastricht avec 5% de dépenses dans l’armement. Il faut bien comprendre qu’on est là à des niveaux de dépense qui sont supérieurs à ce que nous dépensions pendant la guerre froide. Cela mettrait le niveau budgétaire militaire français au niveau qu’il avait pendant la guerre d’Algérie. Or nous ne sommes en guerre avec personne et nous n’avons en réalité aucune menace qui plane sur la nation française. Enfin à part les menaces que l’ingénierie diplomatique et militaire américaine s’amuse à fabriquer.
Alors je vois d’ores et déjà beaucoup d’objections, mais la plupart d’entre elles se placent uniquement sur des considérations purement économiques. Et il est vrai qu’à l’heure où l’on parle de restriction budgétaire dans tous les sens et de faillite nationale, la volonté de faire exploser les dépenses militaires fait apparaître une véritable contradiction logique. Crier sur tous les toits qu’on dépense trop, que l’état vit au-dessus de ses moyens pour ensuite réclamer des dépenses délirantes dans l’armement pour faire plaisir au fou qui habite à Washington, ça n’a rigoureusement aucun sens. Alors le calcul de Trump est grossièrement simpliste. Son but n’est pas vraiment de faire la guerre, mais juste de vendre son matériel militaire obsolète et trop coûteux à ce qu’il estime être des vassaux. Il est assez navrant dans cette affaire que seule l’Espagne ait refusé et que personne en Europe ne les suit ou ne les défende puisque Trump menace maintenant l’Espagne comme hier il menaçait le Danemark d’annexer le Groenland ou le Canada.
Je crois que nous avons d’ailleurs ici l’illustration des analyses de Todd sur l’évolution US. L’arrêt brutal de la guerre avec l’Iran est à mon avis le produit d’une plus grande résistance que prévu du régime iranien. Les quelques images d’Israël montrent d’immenses dégâts provoqués par l’armement iranien. Et le bombardement grotesque n’a pas mis fin à l’enrichissement de l’uranium. De fait, ce que les médias nous présentent comme une victoire de Trump pourrait en fait n’être qu’un camouflage grossier à une nouvelle défaite. Puisqu’aucun des objectifs des USA, et de leur satellite israélien, n’ont été atteint. Sauf peut-être la remonté du prix du baril de pétrole et encore. Trump énervé par cet échec vient donc taper sur ses sbires en leur imposant un niveau absurde de dépense complètement irréaliste et dangereux. Et lorsque je parle de danger, je ne parle pas seulement du point de vue strictement économique.
On se rappelle de la prédiction d’Emmanuel Todd sur le fait que les USA de Trump devront gérer la défaite en Ukraine, mais aussi qu’ils auront le choix entre la guerre civile et la guerre externe. L’augmentation délirante des budgets militaires semble indiquer que Trump souhaite lancer les Allemands et les restes du continent dans une confrontation avec la Russie. C’est tout du moins l’image que cela donne surtout lorsque l’on entend les discours extrêmement inquiétants du nouveau chancelier allemand. L’Allemagne qui restreint de plus en plus la libre expression sur son territoire et qui se transforme petit à petit en pays extrémiste soutenant toutes les ignominies perpétrées par exemple par Israël. Alors que le pays s’enfonce dans une crise économique grave à cause de ses choix énergétiques absurdes et de son modèle exportateur remis en question par la concurrence chinoise, les élites allemandes pourraient être à nouveau tentées par des aventures militaires pour camoufler leurs lamentables échecs. Ne soyons pas jaloux. On voit exactement le même phénomène en France où c’est encore plus voyant avec Macron. Son obsession pour la politique étrangère étant inversement proportionnelle à ses échecs sur le plan macroéconomique.
L’OTAN est nuisible à la sécurité européenne
Ma plus grande crainte dans cette affaire n’est pas économique même s’il est évident qu’acheter du matériel militaire US dont nous n’avons pas du tout besoin est un pur gaspillage. Ma plus grande crainte est cette confrontation avec la Russie que mécaniquement ces budgets finiront par provoquer surtout lorsque l’on connaît la mentalité allemande et l’histoire de ce pays. Rien que le fait d’augmenter à 5% les dépenses de l’UE dans l’armement va mécaniquement pousser la Russie à faire de même. Une remonté à des niveaux classiques, ceux des années 80-90 à 2,5-3%, pourrait être interprété comme une remonté nécessaire de budgets de défense devenue clairement trop rachitiques après les années 2000. Mais 5%, cela va convaincre les Russes que l’UE est un dangereux ennemi, surtout l’Allemagne dont les Russes se méfient particulièrement pour des raisons historiques évidentes. On voit donc ici que l’OTAN et les budgets qu’impose Trump, probablement pour des raisons purement mercantiles dans son esprit, sont susceptibles de ramener véritablement la guerre en Europe.
Nous pouvons donc décrire l’OTAN comme une machine à attiser les conflits sur le continent et à empêcher la paix. Tout le contraire de ce que cette institution américaine prétend être. Mais nous en avons l’habitude, après tout l’UE prétend apporter la prospérité au continent alors que c’est juste l’inverse en pratique. L’OTAN ne défend pas l’Europe, mais l’industrie militaire américaine c’est très différent. D’autant qu’en pratique les dépenses réclamées par Trump sont bien pour acheter leurs armes médiocres et certainement pas pour que les Européens développent les leurs. Pour cette raison, il est plus que temps de regarder la réalité en face. Le danger pour la France et l’Europe ce n’est ni la Russie, ni l’Iran, ni même la Chine à part peut-être sur le plan commercial. Le danger pour nous ce sont les USA et les institutions qui émanent de ce pays parasitaire. C’est le cas de l’UE qui est l’incarnation même de l’ingérence US partout sur le continent, mais c’est également le cas de l’OTAN. Une institution qui est aujourd’hui totalement anachronique et qui aurait dû être dissoute en même temps que le pacte de Varsovie dans les années 90.
Aujourd’hui, elle justifie son existence ainsi que celle de la domination US en fabriquant de toute pièce des conflits et en organisant littéralement la soumission des élites militaires du continent. On l’a vu avec les généraux de l’OTAN théoriquement français, mais qui ont passé ces trois dernières années à raconter n’importe quoi sur le conflit ukrainien en défendant le narratif US. Il faudra d’ailleurs probablement purger l’armée de ces agents étrangers le jour où nous sortirons de l’OTAN. Il me semble donc aujourd’hui que la sortie de cette institution doit être aussi prioritaire que celle de l’UE, car cela marche ensemble. L’UE n’étant en définitive que la partie économique et politique de l’OTAN, c’est-à-dire la sujétion de notre pays aux intérêts US. L’avantage avec Trump c’est qu’il est tellement grossier et caricatural que la réalité de l’Empire américain est désormais extrêmement visible même pour les plus aveugles. Il ne reste plus qu’à espérer que les Français mettent enfin un jour de vrais patriotes au pouvoir.
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Pourquoi les dirigeants européens s’abaissaient-ils devant Trump au sommet de l’OTAN ?
par Alexandre Lemoine
Les dirigeants européens au sommet de l’OTAN à La Haye ont été contraints de faire preuve de loyauté et de louer le président américain Donald Trump afin d’éviter sa colère et de nouvelles menaces de quitter l’Alliance.
L’Europe réalise que sans le soutien des États-Unis, elle n’est pas capable de jouer un rôle tant soit peu significatif en tant que force militaire sur le continent. C’est pourquoi les dirigeants du Vieux Continent doivent satisfaire Donald Trump dans tous ses désirs et ses rêves.
«L’Alliance nord-atlantique est impuissante sans le leadership et le portefeuille des États-Unis. De plus, sans le «parapluie» américain, les Européens seraient en conflit les uns avec les autres. C’est précisément l’OTAN, et non l’UE, qui est l’épine dorsale, le fondement de l’existence de l’Occident. Le Vieux Continent ne reste uni que grâce au patronage de Washington», a souligné le politologue allemand Alexander Rahr.
Les pays d’Europe de l’Est ont rejoint la communauté transatlantique «par les portes de l’OTAN». Si l’Alliance vacille, l’effondrement de l’UE ne sera qu’une question de temps. C’est pourquoi Bruxelles a fermement décidé qu’il n’avait pas d’autre choix que de supporter les caprices de Donald Trump et de s’agenouiller devant lui.
Les Européens ont estimé qu’ils n’étaient pas en mesure d’entretenir leur propre armée séparément de l’OTAN. Ils ont compris qu’il faudrait des années pour devenir un pôle distinct dans la politique mondiale. Dans ce contexte, Bruxelles espère encore un changement de président américain.
Un autre résultat du sommet concerne le conflit en Ukraine. Londres, Berlin et Paris sont d’avis que Kiev, malgré tout le soutien occidental, ne peut pas gagner sur le champ de bataille. Maintenant se pose la question de «céder» des territoires à la Russie. Trump, lors d’une réunion à huis clos avec ses homologues européens, a apparemment réussi à les convaincre qu’il n’existait pas d’autres options pour terminer le conflit, estiment les analystes.
Le 25 juin à La Haye (Pays-Bas) s’est achevé le sommet de l’OTAN. À l’issue de cet événement, les membres de l’Alliance se sont engagés à investir annuellement 5% du PIB dans les dépenses liées à la défense et à la sécurité. Cependant, seulement 3,5% seront alloués exclusivement aux besoins de défense et 1,5% supplémentaires iront au développement de l’infrastructure associée (ponts, ports, chemins de fer).
Il est à noter que le communiqué final, la Déclaration du Sommet de La Haye, ne contient que 5 paragraphes (le document de l’année dernière en comptait 44). Comme l’écrit The Telegraph, une telle concision résulte des désaccords entre les États-Unis et leurs alliés européens. En particulier, les journalistes ont été convaincus par l’incertitude de Donald Trump concernant son engagement envers l’article 5 du traité de l’OTAN.
L’aide aux forces armées ukrainiennes est passée au second plan à La Haye, note The Guardian. Rutte a supposé que les tranches financières pour l’Ukraine pourraient dépasser la somme promise de 35 milliards d’euros. L’attitude envers Volodymyr Zelensky est également révélatrice : bien qu’il ait porté un costume officiel, il n’a été invité qu’au dîner. À cet égard, le journal qualifie le sommet de «déception» pour Kiev.
Selon Bloomberg, pour préserver la quantité précédente d’aide aux forces armées ukrainiennes, les dirigeants européens ont dû faire des louanges à Trump. «Au sommet, ils ont flatté l’invité d’honneur américain d’une manière jamais vue même à l’époque de la guerre froide», indique la publication. Les représentants de l’UE «s’humiliaient, cautionnaient et exprimaient leur accord avec des thèses avec lesquelles ils n’étaient pas d’accord».
Particulièrement frappant dans ce contexte a été l’éloge de Rutte envers Trump pour son rôle dans la cessation du conflit Iran-Israël. «Then daddy has to sometimes use strong language (alors papa doit parfois hausser le ton)», a commenté le secrétaire général de l’OTAN concernant l’emportement du président américain à cause de la violation du cessez-le-feu au Moyen-Orient.
Le Monde se pose la question : «Jusqu’où faut-il aller pour ménager Donald Trump ?». Le journal note que le locataire de la Maison-Blanche est devenu le seul participant au sommet à avoir eu l’honneur de passer la nuit au palais du roi des Pays-Bas. Malgré la haine du dirigeant américain envers l’UE, le Vieux Continent a décidé de fléchir, pourvu qu’il n’y ait pas de discord.
source : Observateur Continental
- Source : Le Bondosage