Le Mediapart de Plenel : une agence de renseignement très paresseuse

Claude Chollet, le patron de l’OJIM, démonte le système Mediapart, le média fondé par Edwy Plenel. On commence par la bande-annonce sur X, on poursuit par l’émission entière. Il reprend globalement les infos d’une enquête de Pierre Péan parue dans Le Monde diplo de septembre 2019.
« Le système @Mediapart, c'est un système d'agence de renseignement. Edwy #Plenel dispose de très nombreux contacts dans la magistrature et dans la police. Ces contacts font passer des dossiers qui sont rassemblés par la DGSE, les préfectures etc. Cela veut dire que la loi… pic.twitter.com/feGCC98dLQ
Extrait de l’article de Péan sur le travail d’investigation
C’est qu’il existe au fond deux manières d’enquêter. L’une, revendiquée notamment par l’auteur de ces lignes, pourrait se définir comme un banal journalisme lent : l’enquêteur choisit son sujet et lui consacre un temps, une énergie que la plupart des rédactions refuseraient d’investir. Il avance à l’aveugle, progresse par à-coups et prend le risque de se tromper. Ses recherches débouchent généralement sur des affaires peu judiciarisées, comparativement aux scandales politico-financiers qui font la « une ». Il en tirera un livre dont l’avance couvre, grosso modo, les frais engagés et dont les ventes aideront au démarrage de la recherche suivante. C’est un modèle fragile : quelques échecs commerciaux successifs accompagnés de procédures en diffamation suffisent à priver le journaliste de la possibilité (et de l’envie) de recommencer. Pour restaurer le crédit ébréché des médias, certaines rédactions, y compris dans l’audiovisuel, ont aménagé des cases permettant d’enquêter sur des sujets économiques ou de société (« Cash investigation », l’émission d’Élise Lucet sur France 2), mais le phénomène demeure marginal.
Et pour cause. Bien qu’elles prétendent généralement suivre ce chemin escarpé, la plupart des têtes d’affiche du journalisme d’investigation travaillent d’une manière radicalement différente. Il ne s’agit pas d’enquêter, mais d’attendre une fuite. Celle d’un procès-verbal d’audition ou d’enquête que transmet un juge, un policier, un avocat. Le document arrive, hier par fax, aujourd’hui par messagerie chiffrée. L’intrépide limier s’emploie ensuite à le réécrire en style journalistique : des faits détaillés, des dates précises, des noms connus ou qui le seront sous peu. Ce travail de transposition s’accompagne de quelques coups de téléphone permettant de recueillir les démentis ou les bredouillements embarrassés des personnes mises en cause, preuve indéniable d’un travail de tout premier ordre.
C’est la méthode Mediapart, ou la méthode Canard enchaîné. C’est moins risqué, tout le boulot est fait par la justice ou la police, on récupère le doss, il suffit juste de transposer en langage journalistique, et on tient un scoop. C’est aussi pour cela que ces médias, Mediapart ou le Canard, ne dérangent jamais le Système (on n’a pas dit le pouvoir) : ils font partie du Système, tout simplement. Ils sont dans le triangle formé par la justice, la police et les médias. Et le renseignement, peut-on ajouter.
Ceux qui travaillent vraiment, et Péan le dit bien, prennent beaucoup de risques :
- économiques, car une enquête, sauf si elle se transforme en livre – encore faut-il que le livre se vende – est rarement rentable tant ce travail de recherche est chronophage ;
- médiatiques, car le travail indépendant est rarement repris par les confrères en place, surtout si ça dérange le Système auquel tout ce petit monde adhère par intérêt ;
- juridiques, parce que le vrai journaliste est attendu au tournant par toutes les forces qui défendent l’information interdite ;
- policiers, parce que la police est au service des puissants, pas des sans-pouvoir.
Et puis, tout simplement, même si on a flairé une info intéressante, on ne peut pas toujours la prouver ni même la découvrir complètement. Il y a des enquêtes qui durent deux ans et qui sont démonétisées, ou qui coûtent trop cher à tous points de vue. Il y a des montagnes de boulot qui accouchent d’une souris, mais cela forge le caractère. D’un autre côté, l’enquêteur peut tomber sur une pépite, et tirer sur le fil d’un informateur qui vient d’en bas. Car le journalisme de Plenel et compagnie, c’est celui des informateurs d’en haut.
Si un journaliste indépendant veut améliorer son quotidien, il peut effectivement faire équipe avec un flic ou un magistrat (dans ce cas, mieux vaut être franc-mac), mais à son corps défendant : il perd de la latitude, et finit par servir d’autres intérêts que la vérité. On a connu un journaliste très bien introduit chez les flics, pour finir par apprendre que c’était un flic très bien introduit chez les journalistes. Il avait tout le temps une affaire à proposer, des petits scoops people ou politiques, et avait besoin de relais dans la presse, d’un journaliste à nourrir, c’est-à-dire à apprivoiser.
Si on cède à ce genre de possibilité, ce qu’a fait Plenel mais à un haut niveau puisque ses scoops venaient du premier syndicat policier – on vous laisse imaginer les affaires en or et les PV divers, ce qui donne un grand pouvoir d’influence, voire de chantage possible, pardon, de négociation –, on risque de se faire bouffer, et le média qui en profite peut pâtir de cette forme de corruption. Ce fut le cas du Monde lorsqu’il était dirigé par la triplette Minc-Colombani-Plenel, trois personnalités incarnant parfaitement le Système et la consanguinité du pouvoir visible et profond ! La torpille lancée par le duo Péan-Cohen leur a coûté leur poste de commandement.
Cette méthode de « travail » rend en plus paresseux : on donne des leçons d’investigation à droite et à gauche, car on a le temps, comme Plenel avec ses conférences un peu partout. Il pérore, et ose donner des leçons d’indépendance journalistique, et le public y croit ! Misères de la gauche gauchiste...
- Source : E&R