Catherine Vautrin : une croisade contre la fraude sociale qui stigmatise les plus faibles

Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et de la Famille, a dévoilé un projet de loi visant à enrayer les 13 milliards d’euros estimés de fraude sociale en France, un chiffre brandi comme une menace apocalyptique dans son interview au Parisien. Ce plan, prévu pour l’automne 2025, multiplie les mesures intrusives : accès des organismes sociaux aux comptes bancaires, propriétés et assurances-vie des bénéficiaires pour traquer les revenus non déclarés, hausse de la CSG sur les gains illicites de 9,2 % à 45 %, restriction des prestations chômage aux comptes en France ou dans l’UE, et même géolocalisation des transports sanitaires. Ces dispositions, présentées comme un rempart contre la « trahison » des fraudeurs, semblent davantage conçues pour faire les gros titres que pour résoudre les véritables failles du système. Pendant ce temps, le gouvernement demande aux Français un effort colossal de 43,8 milliards d’euros pour le budget 2026, tout en pointant du doigt les plus démunis comme boucs émissaires.
La fraude sociale : 13 milliards d’euros.
— Ian Brossat (@IanBrossat) August 2, 2025
La fraude fiscale : 60 à 80 milliards d’euros.
Les aides publiques aux entreprises sans contrepartie : 211 milliards d’euros.
Devinez à quoi le gouvernement décide de s’attaquer en priorité.
Spoiler : ça défie toute logique. pic.twitter.com/JOlgOxezkP
Sur X, les réactions fusent, et certaines voix, comme celle de Ian Brossat, dénoncent avec justesse une chasse aux sorcières. Brossat, dans un post cinglant, accuse le gouvernement de gonfler l’ampleur de la fraude sociale pour justifier des coupes dans les aides sociales, tout en fermant les yeux sur l’évasion fiscale des grandes fortunes, qui siphonne des dizaines de milliards chaque année ou encore en maintenant les aides publiques aux entreprises sans contreparties qui coutent plus de 200 milliards d'euros. Les mesures de Vautrin, loin de s’attaquer aux véritables profiteurs, risquent de harceler les plus vulnérables – ceux qui dépendent des aides pour survivre – sous prétexte de traquer des « fraudeurs » souvent fantasmés. Même Charles Prats, ancien magistrat, qui soutient une lutte contre la fraude, pointe dans une vidéo sur X l’inefficacité chronique des contrôles actuels, avec seulement 2,1 milliards d’euros récupérés annuellement face à des pertes qu’il estime à 40 milliards. Ses chiffres, bien que contestables, soulignent l’absurdité d’un système qui préfère surveiller les pauvres plutôt que de réformer en profondeur.
J’ai lu cette itw sur le futur projet de loi de lutte contre la #FraudeSociale et comme craint, ça a l’air bien vide… Encore de la comm mais aucune mesure percutante et à vocation d’efficacité massive…
— Charles Prats (@CharlesPrats) August 2, 2025
Les effets d’annonce et me piquer mes punchlines c’est bien mais ça… https://t.co/CxqHkNOb85
Ce projet de loi, sous ses airs de rigueur, est une diversion cynique. En focalisant l’attention sur des « cartes Vitale frauduleuses » ou des transports sanitaires, le gouvernement esquive les vrais scandales financiers : l’optimisation fiscale des multinationales et des ultra-riches, qui échappe à tout radar. Les outils proposés – comme la géolocalisation ou l’accès aux données bancaires – évoquent une surveillance digne d’un État policier, ciblant prioritairement les plus précaires. Alors que les Français sont appelés à travailler plus pour combler les déficits, Vautrin et son gouvernement préfèrent orchestrer une campagne populiste qui divise, stigmatise et détourne les regards des véritables responsables du déséquilibre budgétaire. Une trahison, vraiment ? Elle semble plutôt venir de ceux qui écrivent ces lois.
- Source : France-Soir