BAII : Intrigue bancaire entre la Chine et les Etats-Unis
Evoquée pour la première fois en 2013 par le président chinois Xi Jinping lors d’un déplacement en Indonésie, l’idée d'une Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures est devenue réalité, un diplomate russe Vladimir Zakharov raconte.
Aujourd’hui, plus de 52 pays s’y sont ralliés, dont 32 avaient déjà reçu le feu vert des autorités chinoises. Les Etats-Unis et le Japon, qui ont fait le choix de s’opposer frontalement à ce projet chinois, se retrouvent pour le moment exclus d’une institution en devenir qui regroupe nombre de leurs alliés, ainsi que des pays émergents comme la Russie, le Brésil et l’Inde. Les trois principales économies de la zone euro, l’Allemagne, la France et l’Italie ainsi que l’Australie, la Corée du Sud et le Royaume-Uni se sont portés candidats à l’adhésion.
Mais attention ! Le 31 mars 2015, date butoir pour faire acte de candidature à une adhésion, les Etats-Unis, via le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew, ont annoncé leur volonté de se joindre au mouvement. Cette intrigue prendra bientôt fin puisqu’on connaîtra le 15 avril prochain la liste des pays co-fondateurs de cette nouvelle banque qui doit constituer une alternative à la Banque mondiale, issue des accords de Bretton Woods.
Mais cette fois, Washington va devoir faire la queue, en attendant son tour. Par ailleurs, le Japon a déjà démenti des informations lui prêtant l'intention de rejoindre cette nouvelle institution bancaire qui sera basée à Pékin.
Comparée parfois à la Banque mondiale, au Fonds monétaire international (FMI) ou encore à la Banque asiatique de développement (BAD), la BAII pourrait réussir son pari de se doter d’un capital de 100 milliards de dollars d’ici à la fin de l'année. Pékin a promis qu’il mettrait dès le départ 50 milliards de dollars sur la table.
La BAII vient surtout concurrencer la Banque mondiale et la BAD, deux organisations contrôlées par les Occidentaux, qui en détiennent les principaux droits de vote, ainsi que les postes clés. Traditionnellement, la Banque mondiale est dirigée par un Américain, le FMI par un Européen, la BAD par un Japonais. La prédominance occidentale au sein de ses institutions est tout à fait évidente. Par exemple, les parts des droits de vote des pays-membres du FMI se décomposent de la manière suivante : 17,7% pour les Etats-Unis, 6,1% pour l'Allemagne, 4,5% pour le Royaume-Uni et la France, et 4% pour la Chine, 2,5% pour la Russie, 2,4% pour l'Inde et 1,8% pour le Brésil. On peut ainsi comprendre très clairement que la Chine s’y trouve un peu à l’étroit.
Dotée d'un capital important, la BAII a pour objectif de répondre aux besoins de financement croissants des infrastructures (transports, barrages, ports, etc.) de la région asiatique. Le 30 mars dernier la Russie a, elle aussi, fait acte de candidature. Selon le vice Premier ministre russe Igor Chouvalov, la Russie est particulièrement intéressée, compte tenu des perspectives de mise en chantier de projets d’envergure sur son territoire national.
- Source : RT