Les USA hors d’eux alors que le monde salue l’émission des mandats d’arrêt contre Gallant et Netanyahu
Les USA et Israël assurent conjuguer des ripostes anti-CPI et les leaders palestiniens parlent d'“étape limitée & symbolique” si la décision n’est pas soutenue par les 124 signataires du Statut de Rome.
La Maison Blanche “rejette fondamentalement” la décision de la Cour pénale internationale (CPI), le 21 novembre, de lancer des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.
“Nous sommes profondément préoccupés par la précipitation avec laquelle le procureur a requis des mandats d’arrêt, et par les erreurs de procédure troublantes qui ont conduit à cette décision. Les États-Unis ont clairement indiqué que la CPI n’est pas compétente en la matière. En coordination avec nos partenaires, y compris Israël, nous examinons les prochaines étapes”,
a déclaré à la presse un porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
Quelques heures après la décision, le département d’État a annulé son point de presse quotidien.
Les dirigeants de l’opposition américaine ont également fustigé la décision, le sénateur et proche de Donald Trump Lindsey Graham qualifiant la CPI de “plaisanterie dangereuse”. “Il est maintenant temps pour le Sénat américain d’agir et de sanctionner cet organe irresponsable”, a souligné M. Graham.
De même, le sénateur républicain Tom Cotton a invoqué la loi de 2002 sur la protection des membres des services américains, également connue sous le nom de “Loi sur l’invasion de La Haye”, qui autorise le recours à la force militaire pour libérer tout citoyen américain ou citoyen d’un pays allié des États-Unis arrêté à La Haye.
“La CPI est un tribunal fantoche et Karim Khan est un fanatique dérangé”, a écrit M. Cotton sur les réseaux sociaux.
Les 124 États membres de la CPI sont désormais tenus d’arrêter Netanyahu et Gallant s’ils pénètrent sur leur territoire. Les Etats-Unis, qui ne sont pas membres de la CPI, ont déjà accueilli favorablement les mandats d’arrêt de la CPI à l’encontre de Vladimir Poutine et d’autres responsables russes.
“[C’est] une étape importante vers la justice et peut conduire à des réparations pour les victimes en général, mais elle reste limitée et symbolique si elle n’est pas soutenue par tous les pays du monde et par tous les moyens”,
a déclaré Basem Naim, membre du bureau politique du Hamas, dans un communiqué. Le Jihad islamique palestinien (PIJ) a également salué la décision, mais l’a qualifiée de mesure “tardive”.
En Israël, les responsables du gouvernement et de l’opposition ont principalement mis la décision sur le compte de l’“antisémitisme” de la CPI.
Alors que Washington prépare sa prochaine manœuvre pour assister le génocide israélien des Palestiniens de Gaza, les autorités à Londres ont déclaré qu’elles
“respectent l’indépendance de la Cour pénale internationale, qui est la principale institution internationale chargée d’enquêter et de poursuivre les crimes les plus graves de portée internationale”.
“Ce gouvernement a été clair sur le droit d’Israël à se défendre, conformément au droit international”,
souligne le communiqué de Londres, ajoutant qu’il n’y a “pas d’équivalence morale”entre les autorités israéliennes et les chefs de la résistance palestinienne et libanaise.
Des réponses similaires ont afflué jeudi de la part d’une majorité de pays occidentaux, dont la plupart ont évité de répondre à la question de savoir s’ils appliqueraient la décision de la CPI et arrêteraient les dirigeants israéliens recherchés.
La France a qualifié l’exécution des mandats de “juridiquement complexe”, tandis que l’Italie a déclaré qu’elle “évaluerait avec ses alliés ce qu’il convient de faire et comment interpréter cette décision”. Les Pays-Bas, où siège la CPI, ont adopté une approche plus directe et réaffirmé l’engagement d’Amsterdam à appliquer les décisions de la CPI.
De même, le Premier ministre irlandais Simon Harris a déclaré que l’émission des mandats constitue “une étape extrêmement importante”, ajoutant que toute personne en mesure d’aider la CPI à mener à bien sa mission cruciale doit le faire “de toute urgence”.
Plus tôt dans la journée de jeudi, le chef de la politique étrangère de l’Union européenne a déclaré que la décision de la CPI est
“contraignante et que tous les États parties à la CPI, y compris tous les membres de l’Union européenne, sont tenus de mettre en œuvre cette décision de la Cour”.
Dans les pays du Sud, la décision de la CPI a été largement saluée comme un “pas vers la justice” pour les victimes de la guerre israélo-américaine.
“L’Afrique du Sud réaffirme son engagement envers le droit international et exhorte tous les États parties à agir conformément à leurs obligations dans le cadre du Statut de Rome”,
peut-on lire dans un communiqué de Pretoria, qui mène également une action contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ).
“Nous appelons la communauté mondiale à faire respecter l’État de droit et à veiller à ce que les auteurs de violations des droits de l’homme rendent compte de leurs actes”, ajoute le communiqué.
“Netanyahu est [coupable de] génocide”, a déclaré le président colombien Gustavo Petro via les réseaux sociaux.
“Si M. Biden ignore cette décision, il ne fera que mener le monde vers la barbarie. L’Europe occidentale doit retrouver son indépendance sur la scène politique internationale et agir conformément à la décision de la Cour”.
Alors que les nations continuent de réagir à cette décision historique, le ministre des Affaires étrangères israélien, Gideon Saar, a annoncé en fin de journée qu’il a chargé ses ambassadeurs “d’agir contre les pays du monde” qui choisissent d’honorer la “décision scandaleuse de la CPI”.
Le procureur général de la CPI, Karim Khan, a exhorté jeudi les 124 États membres à donner suite aux mandats d’arrêt délivrés contre Netanyahu, Gallant et le chef des Brigades Qassam, Mohammed Deif, qui aurait été tué plus tôt cette année à Gaza.
“Sur la base des preuves présentées par mon bureau, les juges ont confirmé qu’il existe des motifs suffisants de croire que des crimes relevant du Statut de Rome ont été commis”,
a déclaré M. Khan dans un communiqué. Il a également appelé les pays qui ne sont pas membres de la CPI à collaborer pour “faire respecter le droit international”.
Traduction : Spirit of Free Speech
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La communauté internationale salue les mandats d’arrêt de la CPI contre Netanyahou et Gallant
Les mandats d’arrêt émis pas la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant ont suscité une vague de réactions à travers le monde. Voici les principales :
Union européenne
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a affirmé que les mandats d’arrêt émis jeudi par la Cour pénale internationale (CPI) devaient être «respectés et appliqués». «La décision de la cour doit être respectée et appliquée», a dit Borrell lors d’une conférence de presse à Amman avec son homologue jordanien, Ayman Safadi.
Palestine
L’envoyé de la Palestine au Royaume-Uni a demandé que la «pleine force de la loi» soit également appliquée aux «criminels de guerre israéliens».
L’ambassadeur Houssam Zomot a salué les mandats d’arrêt de la CPI, les qualifiant «d’étape vers la responsabilisation et la justice en Palestine».
«Que la pleine force de la loi soit également appliquée aux criminels de guerre israéliens, et pas seulement pour les 412 derniers jours, mais pour les 28 000 derniers jours», a-t-il écrit sur X, faisant référence à la Nakba («Catastrophe») de 1948, le nettoyage ethnique des Palestiniens ayant causé leur déplacement violent et la dépossession de leurs terres, de leurs biens et de leurs possessions.
Hamas
Le Hamas a qualifié l’émission par la CPI des mandats d’arrêt contre Netanyahou et Gallant d’«étape importante vers la justice».
«Il s’agit d’une étape importante vers la justice, qui peut permettre aux victimes d’obtenir réparation, mais elle reste modeste et symbolique si elle n’est pas pleinement soutenue par tous les pays du monde», a déclaré Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas, dans un communiqué.
Turquie
«Les mandats d’arrêt délivrés par la CPI à l’encontre de Netanyahou et de Gallant suscitent l’espoir que la justice sera rendue. Cette décision est une étape cruciale pour traduire en justice les autorités israéliennes qui ont commis un génocide à l’encontre des Palestiniens», a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan:
— TRT Français (@trtfrancais) November 21, 2024
-Les mandats d'arrêt émis par la CPI contre Netanyahu et Gallant nourrissent l'espoir que justice sera rendue
-Cette décision constitue une étape cruciale pour traduire en justice les responsables israéliens accusés de… pic.twitter.com/mXxZCUg3R0
Le président du Parlement turc a également salué la décision, la qualifiant de signe que «le bouclier protecteur» des hauts fonctionnaires israéliens allait enfin prendre fin.
«Le mandat d’arrêt est porteur d’espoir pour l’avenir de l’humanité, car il est le signe que le bouclier protecteur de Netanyahou et de sa bande sera levé», a déclaré Numan Kurtulmus sur X.
La France
La France continuera à soutenir les actions de la CPI contre Israël, a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
La Cour est garante de la «stabilité internationale» et doit pouvoir agir «dans toutes les situations de manière indépendante et impartiale», a déclaré Christophe Lemoine lors d’une conférence de presse à Paris.
«Nous soutenons l’action du procureur de la Cour qui agit en toute indépendance et la lutte contre l’impunité est notre priorité. Nous apportons un soutien constant à l’action de la CPI, notre réaction s’alignera sur ces principes», a-t-il ajouté.
Espagne
Le deuxième vice-président et ministre du Travail espagnol, Yolanda Diaz, a également salué la décision.
«Toujours du côté de la justice et du droit international», a déclaré Diaz sur X, avant d’ajouter : «Le génocide du peuple palestinien ne peut rester impuni».
Afrique du Sud
L’Afrique du Sud a déclaré qu’il s’agissait d’un «pas important vers la justice pour les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre en Palestine».
«Ces actions marquent un pas important vers la justice pour les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre en Palestine», a déclaré Chrispin Phiri, porte-parole du ministère sud-africain des Relations internationales et de la coopération.
“Y a-t-il une charte de l'ONU pour Israël, différente de la charte que nous avons tous ?”
— TRT Français (@trtfrancais) November 21, 2024
Majed Bamya, envoyé palestinien à l'ONU, critique vivement le Conseil de sécurité après le 4? veto américain bloquant une résolution sur le cessez-le-feu à Gaza pic.twitter.com/NRlXJkLnRu
Jordanie
Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a déclaré que les décisions de la CPI devaient être respectées et mises en œuvre, ajoutant que «les Palestiniens méritent la justice».
Pays-Bas
Les Pays-Bas ont réagi en déclarant qu’ils arrêteraient Netanyahou s’il mettait les pieds dans le pays.
«Les Pays-Bas respectent la décision de la Cour pénale internationale (CPI) de délivrer un mandat d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien, Netanyahou. S’il vient sur le sol néerlandais, il sera arrêté», a déclaré le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Casper Veldkamp, au Parlement du pays.
Norvège
Le ministre norvégien des Affaires étrangères, Espen Barth Eide, a pour sa part déclaré : «Il est important que la CPI s’acquitte de son mandat de manière judicieuse. J’ai confiance dans le fait que la Cour poursuivra l’affaire en se fondant sur les normes les plus élevées en matière d’équité des procès».
Irlande
Le Premier ministre irlandais, Simon Harris, a qualifié les mandats d’«étape extrêmement importante» et a ajouté que l’Irlande respectait le rôle de la CPI et que toute personne en mesure de l’aider à mener à bien son travail essentiel devait le faire «de toute urgence».
La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité https://t.co/gqhHhcdFAt
— TRT Français (@trtfrancais) November 21, 2024
Amnesty international
Netanyahou est «officiellement aujourd’hui un homme recherché», a réagi la secrétaire générale de l’ONG Amnesty international, Agnès Callamard. «Les États membres de la CPI et l’ensemble de la communauté internationale doivent tout faire pour que ces individus comparaissent devant les juges indépendants et impartiaux de la CPI», a-t-elle souligné.
Human Rights Watch
«Les mandats d’arrêt émis par la CPI contre des hauts dirigeants israéliens et un responsable du Hamas prouvent qu’aucun individu n’est au-dessus des lois», a estimé Balkees Jarrah, directeur associé à la Justice de Human Rights Watch.
Italie
«Nous soutenons la CPI, tout en rappelant que la Cour doit avoir un rôle juridique et non un rôle politique», a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani. «Nous évaluerons avec nos alliés la manière de réagir et d’interpréter cette décision».
Argentine
Les mandats d’arrêt de la CPI à l’encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et de l’ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, «ignorent le droit légitime d’Israël à se défendre face aux attaques constantes d’organisations terroristes», a estimé la présidence argentine dans un communiqué.
États-Unis
«Les États-Unis rejettent catégoriquement la décision de la Cour (pénale internationale) d’émettre des mandats d’arrêt contre de hauts responsables israéliens», a réagi un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche.
Israël
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a qualifié de «décision antisémite» l’émission par la CPI d’un mandat d’arrêt international à son encontre et contre son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, s’estimant victime d’un nouveau «procès Dreyfus». Gallant a dénoncé un «dangereux précédent» qui «encourage le terrorisme».
«C’est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l’humanité», a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog.
«Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d’arrêt sont une prime au terrorisme», a déclaré le chef de l’opposition, Yaïr Lapid.
source : TRT Français
- Source : The Cradle (Liban)