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Lundi, 25 Nov. 2024

L’Occident envie les résultats de l’économie russe

Auteur : Olga Samofalova | Editeur : Walt | Jeudi, 21 Mars 2024 - 14h03

Nous avons ici un article qui permet de comprendre en dehors du rôle joué par les réserves d’or invoquées par les économistes occidentaux le rôle joué par une économie de guerre qui reste déterminée par un complexe militaro-industriel national hérité de l’URSS et qui reste maitre d’œuvre de secteurs d’entreprises privées. La grande question posée par l’article est en quoi cette «économie de guerre» peut-elle devenir le moteur d’une diversification industrielle et donc transformer le «pays station service». Les sanctions, le départ des entreprises étrangères, comme le besoin en main d’œuvre aident à un tel essor. L’exemple chinois avec sa planification, la soumission aux besoins nationaux des entreprises privées, est-il la seule voie que les USA et les occidentaux aient laissé à la Russie ? et Ziouganov dont il faut relire l’article ne dit pas autre chose : la guerre contre l’impérialisme engendre des nécessités qui toutes vont dans le sens du socialisme. (Note de Danielle Bleitrach)

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L’économie russe affiche des niveaux records malgré le fait qu’elle ait été réorientée vers les besoins militaires et qu’elle soit soumise à des sanctions occidentales, s’émerveille Bloomberg.

Dans un tel contexte, le bien-être de la population, au contraire, s’accroît. En particulier, les salaires augmentent, le rouble se renforce, la pauvreté et le chômage régressent à des niveaux records. Pour certains, le conflit est devenu l’occasion d’ouvrir une nouvelle entreprise, note la publication.

Le taux de pauvreté en 2023 a atteint un niveau historiquement bas, a récemment calculé Rosstat. Selon ses données, 13,5 millions de Russes sur 146 millions peuvent désormais être considérés comme pauvres. L’année dernière, 800 000 personnes ont quitté les rangs des pauvres. La principale raison de ce record est l’augmentation des salaires dans un contexte de pénurie de personnel. Le taux de chômage n’était que de 3,2% l’année dernière. Il s’agit du taux le plus bas depuis le début des relevés en 1992.

Le salaire mensuel moyen en 2023 a atteint plus de 74 000 roubles (814 dollars). C’est environ 30% de plus qu’il y a deux ans. Jusqu’à l’année dernière, la Russie a connu une tendance pluriannuelle de croissance de plus de 5% du revenu disponible réel.

En 2023, le PIB de la Russie ne s’est pas contenté de se redresser, il a dépassé les niveaux d’avant la crise, et une nouvelle croissance est attendue en 2024, selon la Banque de Russie. Dans le même temps, la croissance du PIB sera davantage liée non pas aux exportations, mais à la reprise de la demande intérieure, qui a atteint son niveau maximal, explique Andrei Gangan, premier directeur adjoint du département de la politique monétaire de la Banque de Russie.

«Le PIB de la Russie a augmenté de 3,6% en glissement annuel en 2023, ce qui est sensiblement supérieur aux attentes des analystes et aux prévisions officielles. La demande intérieure reste forte grâce aux dépenses publiques, à la croissance des salaires en raison de la hausse de la demande de main-d’œuvre et à une démographie difficile. Si les autorités monétaires n’éliminent pas la surchauffe de l’économie, les prévisions de croissance du PIB pour 2024 pourraient dépasser le niveau potentiel», déclare Ilya Fedorov, économiste en chef chez BKS Investment World. La contrepartie de la surchauffe de l’économie est l’inflation. Toutefois, la Banque centrale continue de maintenir le taux directeur à un niveau élevé afin de «freiner» cette surchauffe et la croissance des prix.

En fait, il n’y a rien de surprenant à ce que l’économie russe, qui a commencé à dépenser plus qu’auparavant pour les besoins militaires, affiche une telle croissance et établisse des records.

L’autre jour, le président Vladimir Poutine lui-même a admis que «l’industrie de la défense» accélère l’économie russe, ajoutant qu’il est nécessaire de maintenir un équilibre et de développer la production de produits civils. «Cette éternelle question – qu’est-ce qui est plus rentable que les armes ou le pétrole – nous l’avons à l’esprit, mais je le répète, l’industrie de la défense, même moderne, a ceci de bon qu’elle ne se contente pas d’affecter indirectement les industries et la production civiles, mais qu’elle utilise elle-même les innovations nécessaires à la défense pour produire des produits civils. C’est une chose extrêmement importante», a-t-il expliqué.

Le président a rappelé que en URSS, les dépenses de défense, que «personne ne comptait», représentaient 13% du PIB du pays, alors qu’en Russie, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, elles s’élèvent à 6,8%.

Cette année, les dépenses de défense ont augmenté de 2,8% en glissement annuel, mais cette croissance ne peut être qualifiée de critique. Il résume en disant qu’il est important d’obtenir un rendement maximal pour chaque rouble investi dans la défense.

«Historiquement, depuis la formulation institutionnelle et méthodologique du modèle keynésien de développement économique, l’augmentation des dépenses militaires a été un moteur du développement économique. Un exemple classique en ce sens est la croissance rapide de l’économie américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, qui a permis au pays de sortir enfin de la Grande Dépression», rappelle Anatoly Kolesnikov, professeur associé au département de gouvernance d’entreprise et d’innovation de l’université économique russe Plekhanov.

En 2023, 6,4 trillions de roubles ont été alloués au développement de l’industrie nationale de la défense, soit presque deux fois plus que l’année précédente. En 2024, un montant record de 10,77 trillions de roubles sera alloué. «Ces investissements sont devenus une sorte d’élixir miracle qui a permis de revitaliser la production russe de produits militaires. Compte tenu des liens étroits de coopération, une partie des ressources financières du complexe militaro-industriel a été redirigée vers les fournisseurs du secteur civil de l’économie, ce qui a entraîné sa relance économique.

Ce que l’on appelle le multiplicateur d’investissement a fonctionné, dont les paramètres spécifiques sont difficiles à évaluer en raison de l’absence de données statistiques. Cependant, le fait qu’en 2022, par exemple, les produits métalliques finis, qui comprennent évidemment les armes et les munitions, aient augmenté de 7%, ou les ordinateurs, les produits électroniques et optiques de 1,7%, témoigne éloquemment du rôle de la production militaire dans la croissance économique en général», déclare Anatoly Kolesnikov.

L’expert ne voit donc rien d’inhabituel dans la situation actuelle. Il rappelle que traditionnellement, depuis sa création en 1915, le complexe industriel de défense de tous les pays développés a eu un impact significatif sur le niveau général du développement économique.

Toutefois, certains écarts par rapport au schéma habituel consistant à lancer l’économie en augmentant les dépenses de défense sont également apparus. «Par exemple, nous devrions être plus prudents quant à l’affirmation classique du niveau scientifique et technologique avancé de la «défense» par rapport au secteur civil de l’économie. Par exemple, la technologie purement civile du système mondial de satellites Starlink a été activement utilisée dans des opérations militaires modernes», explique Kolesnikov.

Une autre particularité purement russe du fonctionnement du complexe militaro-industriel national est notée. «Il s’agit de la capacité et de la volonté des entreprises privées spécialisées dans la production de produits de haute technologie d’être intégrées dans le processus de fabrication de produits militaires finis. Dans le même temps, les produits fabriqués par ces entreprises privées ont généralement des coûts de production plus faibles, des capacités de service et de garantie plus rapides et un potentiel de modernisation plus flexible. Les sources de ces avantages concurrentiels par rapport aux entreprises d’État se situent dans le domaine des soi-disant avantages concurrentiels d’une entreprise de taille moyenne, des chaînes technologiques courtes et des systèmes de gestion de la production plus avancés. À cet égard, les dirigeants de l’industrie russe de la défense sont confrontés à la tâche d’incorporer ces installations de production dans le complexe de production de biens et de services militaires», explique le professeur associé du département de gouvernance d’entreprise et d’innovation de l’université économique russe Plekhanov.

Les perspectives de l’industrie russe en 2024 semblent modérément optimistes, selon le rapport «Indices d’intensité de la production industrielle» préparé par le département d’analyse du secteur réel et du commerce extérieur de l’Institut du centre de développement de l’École supérieure d’économie de l’Université nationale de recherche. Quels sont les facteurs qui y contribueront ?

Premièrement, le potentiel de la reprise d’après-crise n’a pas encore été pleinement exploité dans l’industrie. Il est lié au développement par les fabricants russes de niches sur le marché intérieur, qui ont été laissées vacantes après le départ des fabricants étrangers.

Les chercheurs estiment la valeur possible de cette reprise post-crise à au moins 2,3% du niveau actuel de la production industrielle. Tout d’abord, la croissance est possible dans l’industrie manufacturière et l’exploitation minière, selon l’étude de l’Université nationale de recherche et de l’École supérieure d’économie.

Deuxièmement, l’année bissextile 2024 a ajouté un jour calendaire et un jour ouvrable, ce qui donnera 0,3-0,4% à l’augmentation annuelle de la production industrielle.

Le déclin industriel dû aux sanctions anti-russes a été surmonté dès juin 2023, après quoi une stabilisation générale s’est produite pendant huit mois, soulignent les experts.

L’extraction minérale a repris dès juin 2022, la production de pétrole brut et de gaz naturel se stabilise depuis avril 2023, et la production de charbon s’est partiellement redressée ces derniers mois. Dans l’industrie manufacturière, le niveau d’avant la crise a été dépassé dès juin 2023. Mais ici, la situation diffère selon le type d’activité, mais la croissance est attendue partout.

Les scientifiques s’attendent à une croissance du premier groupe. Il peut s’agir de la production de produits du tabac, de la transformation du bois et de la fabrication de produits en bois, de produits en caoutchouc, de véhicules à moteur.

Dans le deuxième groupe, le niveau de production d’avant la crise a déjà été atteint, voire légèrement dépassé. Il s’agit de la production de boissons, de vêtements, de cuir et d’articles en cuir, ainsi que de la production de coke et de produits pétroliers, de produits chimiques, de médicaments, de produits en plastique et d’autres produits minéraux non métalliques. Le deuxième groupe comprend, entre autres, la production de locomotives de chemin de fer, de matériel roulant et de produits métalliques.

Dans le troisième groupe, la production continue de croître même après avoir retrouvé ses niveaux d’avant la crise. Il s’agit de la production de produits alimentaires, de textiles, de papier et de produits en papier, d’ordinateurs, de produits électroniques et optiques, d’équipements électriques, de meubles et de bijoux.

NdlR: Petit rappel du bilan de Poutine après 15 ans

Traduction de Marianne Dunlop - Histoire et Société


- Source : Vzgliad (Russie)

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