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Dimanche, 22 Déc. 2024

Une philippique inédite contre les Britanniques et leurs «compagnons d’idées franco-saxons»

Auteur : Vassili Nebenzia | Editeur : Walt | Mercredi, 20 Nov. 2024 - 11h37

Déclaration du représentant permanent de la Russie V.A. Nebenzia lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur l’Ukraine, 18 novembre 2024

Monsieur le Président,

Il y a un certain symbolisme dans le fait que ce sont nos collègues britanniques, qui président le Conseil de sécurité ce mois-ci, qui ont poussé à la tenue de la réunion d’aujourd’hui, en la faisant coïncider avec le millième jour depuis que la crise ukrainienne est entrée dans une phase brûlante. Nous avons une fois de plus eu l’occasion de constater que pour vous et vos collègues, il ne s’agit de rien d’autre que d’une excuse médiatique accrocheuse pour salir la Russie et lui coller les étiquettes éculées qui, comme on pouvait s’y attendre, ont abondé dans les déclarations des membres occidentaux du Conseil. Et dans votre pays, la Grande-Bretagne, la russophobie a depuis longtemps été élevée au rang de politique d’État, bien avant février 2022.

Permettez-moi de vous rappeler qu’en préparant la réunion d’aujourd’hui, vous avez manqué une autre occasion médiatique qui est beaucoup plus importante dans le contexte de la crise ukrainienne que la date que vous avez choisie. Vendredi dernier, le 15 novembre, a marqué exactement 950 jours depuis la visite de l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson à Kiev, lorsque, comme nous le savons tous aujourd’hui, il a dissuadé le chef du régime kievien de signer l’accord de paix avec la Russie, paraphé à Istanbul, qui aurait mis fin aux hostilités. À l’époque, nous étions très proches de cet accord. Dans un geste de bonne volonté, la Russie a même retiré ses troupes du nord de l’Ukraine, en particulier dans les environs immédiats de Kiev.

En d’autres termes, 50 jours après le début de notre opération militaire spéciale, alors que les pertes dans les rangs des Forces armées ukrainiennes (FAU) n’étaient pas si importantes, les hostilités auraient eu toutes les chances de s’arrêter, sans l’intervention du Premier ministre britannique, qui a convaincu Zelensky qu’il devait continuer à se battre et qu’avec l’aide des armes et du soutien de l’Occident, il pourrait bien infliger une défaite stratégique à la Russie, ce qui intéressait précisément le Premier ministre britannique et ses associés occidentaux. Et pour expliquer d’une manière ou d’une autre un tel revirement au public ukrainien et mondial, avec l’implication directe des services de sécurité et des médias britanniques, une provocation absolument maladroite a été concoctée à Boutcha, où, après le retrait de l’armée russienne, des cadavres de personnes ont été emportés et étalés dans les rues, dont personne n’a jamais pris la peine d’expliquer l’origine et la cause réelle de la mort, malgré nos demandes répétées.

D’une manière générale, il semble que le Royaume-Uni ait poussé le régime kievien vers une défaite imminente, provoquant son choix en faveur d’une confrontation continue avec la Russie. Je pense que l’Ukraine n’oubliera pas de sitôt que c’est grâce aux actions de votre pays que cet État se trouve aujourd’hui dans une situation économique déplorable, qu’il a perdu la majeure partie de son armée et de son équipement militaire, et qu’il a perdu au moins quatre régions, en plus de la Crimée, qui a quitté l’Ukraine en 2014.

Les Ukrainiens ont depuis longtemps cessé de vouloir se battre, l’armée ukrainienne a oublié ce que signifiait se porter volontaire pendant deux ans, et le régime kievien, après avoir fermé la sortie des hommes du pays, attrape maintenant les évadés dans les rues, y compris à l’aide d’armes à feu, et les jette dans un hachoir à viande insensé, sans pratiquement aucune formation. Le front oriental des FAU dans le Donbass s’effondre sous nos yeux – vous êtes bien conscients du rythme de progression de notre armée, et le régime Zelensky, essayant de maintenir le soutien occidental, a fait une incursion absolument insensée dans l’oblast Kourien et a tenté de s’emparer et de miner la centrale nucléaire de Koursk, ce qui a coûté aux FAU plusieurs dizaines de milliers de soldats bien entraînés. Cette aventure a été une erreur fatale et n’a fait qu’accélérer la défaite imminente de l’Ukraine sur le champ de bataille, qu’aucun nouvel armement occidental ne l’aidera à éviter.

Les initiateurs de la réunion d’aujourd’hui auraient dû nous faire part, en toute transparence, des profits fabuleux que le Royaume-Uni a réalisés au cours de près de trois années de soutien militaire à l’Ukraine, de la manière dont vos entreprises d’armement se sont enrichies sur le sang et la tragédie des Ukrainiens ordinaires, et de la manière dont votre ministère de la défense s’est débarrassé en toute sécurité de vieux équipements militaires qui auraient dû être éliminés de toute façon. Il serait également bon de parler de la corruption qui accompagne ces processus et dont on ne peut que deviner l’ampleur. Les médias ukrainiens affirment qu’après la victoire de Donald Trump aux élections américaines, l’élite ukrainienne a paniqué non pas même parce que les États-Unis pourraient reconsidérer leur aide à l’Ukraine, mais parce que les nouvelles autorités pourraient vouloir trier tout l’argent qui a été envoyé à l’Ukraine et procéder à un audit complet de l’aide déjà fournie. Ce scénario, comme le soulignent de manière concertée les experts ukrainiens, est beaucoup plus effrayant pour Zelensky, car une partie importante de l’aide est tout simplement pillée et appropriée par le président ukrainien «périmé» et son entourage.

Étant donné que le volume de l’aide militaire accordée à la junte kievienne par le seul Royaume-Uni depuis février 2022 s’élève à 9,7 milliards de dollars, votre pays contribue sans aucun doute au développement de la corruption en Ukraine. Cependant, il est peu probable que nous attendions des enquêtes pertinentes de la part des autorités britanniques, car dans de tels cas, comme nous le savons, il est important que les enquêteurs ne se retournent pas contre eux-mêmes.

Monsieur le Président,

Pour ceux qui connaissent l’histoire du Royaume-Uni, son intervention de longue date en Ukraine, qui a culminé avec les actions que nous avons mentionnées ci-dessus, n’est pas une révélation. Après tout, le Royaume-Uni s’est engagé avec passion et expertise depuis des siècles – toutes vos anciennes colonies peuvent vous en parler en vives couleurs – à monter les voisins les uns contre les autres, à provoquer la discorde entre les États et les peuples, puis à soutenir certains d’entre eux contre d’autres. À propos, sur les 193 membres actuels de l’ONU, seuls 22 États peuvent se vanter de n’avoir jamais été envahis ou combattus par la Grande-Bretagne. Notre pays ne fait pas exception à la règle : la dernière invasion de ce type a été l’intervention britannique après les événements révolutionnaires de 1917, lorsque divers prédateurs et vautours ont tenté de déchirer la Russie en miettes.

Mais nous avons survécu, nous avons traversé cette épreuve, nous sommes devenus plus forts et aujourd’hui nous devons lutter contre une nouvelle intervention indirecte des membres de l’OTAN, y compris la Grande-Bretagne, qui se battent contre la Russie en Ukraine. C’est ainsi que nous pouvons percevoir non seulement l’apport continu d’armes et de renseignements au régime kievien, mais aussi la présence d’instructeurs et de mercenaires britanniques, dont des centaines ont déjà été éliminés, ainsi que les tentatives de localisation de la production de drones, de missiles et de bateaux sans équipage en Ukraine par des spécialistes britanniques.

Nous comprenons que même au XXIe siècle, il est difficile de laisser l’Ukraine et la Russie tranquilles, car les gènes de ces colonisateurs qui ont sévi en Asie, en Afrique et en Europe pendant des siècles ont un effet. Nous savons tous que l’Empire britannique a brutalement et cyniquement réprimé la résistance de ses colonies pendant 250 ans, qu’il a eu recours à l’assimilation forcée et à la discrimination raciale, oubliant les simples valeurs humaines et les droits des peuples qu’il contrôlait. Ce sont les populations civiles des pays colonisés qui ont payé de leur vie et de leur liberté les ambitions impériales de la métropole.

Il suffit de rappeler au moins le nettoyage ethnique en Irlande, où il ne restait plus que 850 000 personnes sur une population de plus de 1,5 million d’habitants après la conquête britannique. Et pendant la deuxième guerre des Boers, au tournant des XIXe et XXe siècles, ce sont les Britanniques qui ont inventé les camps de concentration et y ont poussé la population civile pour qu’elle n’aide pas l’armée des Boers. On ne sait pas combien de personnes sont mortes à cette époque, car les Britanniques ne considéraient pas les populations indigènes d’Afrique comme des personnes et, en principe, ne documentaient pas les pertes parmi les Africains. On sait cependant qu’au Kenya, après la rébellion de Mao-Mao, les Britanniques ont organisé des répressions massives, tuant environ 300 000 représentants de cette nationalité et qu’un million et demi d’autres personnes ont été conduites dans des camps et réduites à l’état d’esclaves. Et en Inde, qui a subi d’énormes dégâts pendant la période de domination britannique, 15 à 29 millions de personnes ont été victimes de la seule famine provoquée par les Britanniques.

Les conséquences des actions des anciens colonisateurs se font encore sentir aujourd’hui dans le monde actuel. Bien que les empires coloniaux appartiennent officiellement au passé, les anciennes méthodes – pression, manipulation et ingérence dans les affaires souveraines – continuent d’être utilisées sous de nouvelles formes. La Grande-Bretagne n’est non seulement pas une exception, mais plutôt un «précurseur» et, ressentant toujours des douleurs fantômes pour l’empire sur lequel «le soleil ne s’est jamais couché», nostalgique de la domination mondiale perdue, utilise le chantage et les sanctions conjointement avec ses compagnons d’idées franco-saxons [sic ! – NdT], est engagée dans le renversement de gouvernements indésirables par le biais de «révolutions de couleur», dont l’une des victimes en 2014 s’est avérée l’Ukraine.

Nous disons tout cela pour faire comprendre qu’il n’y a et ne peut y avoir aucun droit moral à accuser et à reprocher quoi que ce soit à notre pays, qui s’est donné pour mission de se débarrasser du «guêpier» nationaliste et néo-nazi à nos frontières. Tant que les menaces qu’elle représente, y compris la prise de contrôle de l’Ukraine par l’OTAN, ne seront pas éliminées, tant que la discrimination à l’encontre de la population russophone en termes de langue, de foi et d’Histoire ne sera pas arrêtée, tant que l’Ukraine ne cessera pas de blanchir et de glorifier les complices d’Hitler, notre opération spéciale se poursuivra. Ses objectifs seront atteints en tout état de cause, diplomatiquement ou militairement, quels que soient les plans de paix et les projets élaborés à l’Ouest dans le but de sauver l’acteur de divertissement Zelensky et sa clique. Et quelle que soit la ferveur militariste de l’administration démocrate qui, après avoir échoué à grand fracas aux élections présidentielles et perdu la confiance d’une grande partie de sa propre population, donne, selon les médias, la «permission» suicidaire au régime de Zelensky d’utiliser des armes à longue portée pour frapper au plus profond du territoire russien. Peut-être que Joe Biden lui-même, pour de nombreuses raisons, n’a plus rien à perdre, mais la myopie des dirigeants britanniques et français, qui s’empressent de jouer le jeu de l’administration sortante et entraînent non seulement leur propre pays, mais l’ensemble de l’Europe dans une escalade à grande échelle aux conséquences extrêmement graves, est frappante. C’est exactement ce à quoi nos anciens partenaires occidentaux devraient réfléchir avant qu’il ne soit trop tard.

Ceux qui se mettent à parler d’une sorte de «gel» du front et de divers projets similaires aux «accords de Minsk» rejetés par l’Ukraine et ses tuteurs occidentaux en leur temps devraient également garder cela à l’esprit. Ne perdez pas de temps, nous n’avons plus confiance en vous et nous ne nous satisferons que d’une solution qui éliminera les causes profondes de la crise ukrainienne et ne permettra pas qu’une telle chose se reproduise. Et nous vous conseillons d’oublier d’essayer de vaincre la Russie sur le champ de bataille. L’Europe a déjà essayé de le faire à de nombreuses reprises, et l’on sait comment cela s’est terminé à chaque fois.

Merci pour votre attention.

source : Russiaun.ru

Traduit par Valerik Orlov


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