Davos/ Oxfam : le ruissellement fonctionne – vers le haut
Censée servir de conscience morale à Davos, l’ONG Oxfam profite de Davos 2023 pour publier une étude révélant que près des deux tiers des richesses produites depuis 2020 dans le monde ont été accaparées par 1 % de la population mondiale.
Conformément aux prédictions et aux vœux du théoricien socialiste (oui, oui : socialiste) Rudolf Hilferding (1877-1941), l’extrême concentration du capital financiarisé finit par produire dans un cadre formellement privé l’équivalent d’un État communiste propriétaire de toute l’économie. C’est-à-dire, par produire Davos. Et, depuis des décennies, on nous explique que Davos est une bonne chose, étant donné que cette oligarchie s’est convertie au philanthropisme – mais aussi en vertu d’une étrange théorie du « ruissellement », qui voudrait que l’accaparement des richesses par l’oligarchie finisse par profiter au plus grand nombre.
Ce qui ruisselle vers Davos – et ce qui ruisselle d’Oxfam
L’étude citée par Oxfam dans son rôle d’apparent trouble-fête de la sauterie oligarchique en cours prouve, bien entendu, le contraire : quand 120 milliardaires peuvent, chaque année, se réunir en foire publique pour obtenir des prix de gros dans l’achat d’une classe politique prétendument démocratique, le résultat est tout naturellement un ruissellement ascendant des richesses.
Oxfam suggère donc de taxer les oligarques. Mais qui est censé les taxer ? Seul un Etat mondial serait en mesure de le faire – État dont la seule matrice imaginable à l’heure actuelle est – vous l’avez deviné – Davos ! C’est ainsi que, non contente de faire ruisseler nos richesses vers elle, l’oligarchie réussit même à recycler nos indignations : il suffit pour cela d’une bonne ONG bien subventionnée, dont les couinements égalitaristes seront –sans surprise – relayés par une presse de domesticité davosienne tout aussi bien subventionnée (en l’occurrence : Politico). C’est ainsi que, dans le soft power néo-trotskiste de Davos, la propagande prend la forme originale et perfide de l’autocritique.
- Source : Le Courrier des Stratèges