L’étouffement médiatique du scandale des pièces jaunes : Un silence assourdissant autour de Brigitte Macron
Le 26 novembre 2025, Le Canard Enchaîné jetait un pavé dans la mare des bienséances parisiennes. L’hebdomadaire révélait un présumé détournement de fonds au sein de l’opération Pièces Jaunes, cette collecte nationale pour les enfants hospitalisés, placée sous le haut patronage de Brigitte Macron. Deux semaines plus tard, un constat s’impose : le bruit du pavé n’a pas franchi les portes des rédactions mainstream. Le silence qui entoure cette affaire touchant la "première dame" est, à bien des égards, plus éloquent que tout éditorial.
Un détournement à l’amiable ?
Le mécanisme allégué est d’une simplicité confondante. Sous la présidence de Brigitte Macron, la Fondation des Hôpitaux aurait, entre 2022 et 2025, viré près de 2 millions d’euros issus des tirelires à l’association e-Enfance. Problème : les statuts de la Fondation interdisent formellement de tels versements pour couvrir des frais de fonctionnement ou des salaires. Or, l’argent des petits donateurs aurait précisément servi à financer des postes permanents, des locaux cossus place de la Bourse, et d’autres dépenses opérationnelles de cette structure. Hasard ou conflit d’intérêts ? La présidente d’e-Enfance, Justine Atlan, est une « bonne amie » de Brigitte Macron et trésorière de Renaissance Numérique, un think tank macroniste arrosé par les géants du web. Les résultats concrets de cette générosité sont pour le moins fuyants : sur 1 200 soignants promis à une formation, 159 l’ont effectivement reçue… par visio, un format non conforme aux règles.
L’Assemblée refuse deux millions à e-Enfances
Dans le cadre de la loi de finances pour 2024, un arbitrage interministériel prévoyait qu’une subvention annuelle de 1,4 million d’euros devait être attribuée à e-Enfances de façon pérenne au 3018, qui avait intégré le 3020. Cela devait lui permettre d’assurer la montée en charge du recrutement des écoutants. L’association n’a cependant reçu aucun budget.
En tant que ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau s’était félicité de la fusion du 3020 avec le 3018 géré par e-Enfances. Il venait à peine de quitter son poste de ministre de l’Agriculture, lorsqu’un amendement, déposé le 7 novembre 2024 par Alexandre Sabatou rapporteur (RN), et six députés Démocrates dont Marc Fesneau est président, proposait une subvention de deux millions d’euros. L’amendement déposé par son groupe a été retiré. Il a fallu se tourner vers d’autres sources de financement. Outre l’Union européenne, la Fondation des Hôpitaux finance e-Enfances. Les Pièces Jaunes font partie de cette fondation. Le pas vers le détournement a été vite franchi.
L’omerta des grandes rédactions
Face à ces révélations, la réaction du paysage médiatique traditionnel est un chef-d’œuvre d’immobilisme. Rien dans Le Monde, rien dans Le Figaro, rien sur les plateaux de TF1 ou de BFM TV. L’affaire, pourtant gravissime, n’a trouvé écho que dans la presse people (Closer), sur des sites indépendants (France Soir, Juste Milieu, Le Média en 4-4-2) ou des organes alternatifs. Le contraste est saisissant avec le traitement infligé à la moindre polémique touchant les opposants au pouvoir. Sur les réseaux sociaux, en revanche, la mobilisation est vive. Sur X, des vidéos dénonçant ce « silence radio dingue » engrangent des milliers de partages, tandis que les citoyens s’interrogent : pourquoi un tel black-out sur un scandale qui mêle argent du cœur, favoritisme et opacité ?
La mécanique de l’étouffement
Les raisons de cette omerta ne relèvent pas du mystère. Dans un écosystème médiatique où les subventions d’État et les accès « réservés » à l’Élysée font office de monnaie d’échange, la critique de la « première dame » constitue un risque inconsidéré. L’initiative du gouvernement pour un « label » des médias fiables n’est ici que l’autre face d’une même pièce : celle du contrôle. Les médias mainstream, souvent proches des cercles du pouvoir, pratiquent une autocensure préventive, préférant l’ordre du palais à la vérité des faits. Les réseaux sociaux et les rares titres indépendants deviennent les seuls espaces de résistance, contraints d’endosser un rôle de contre-pouvoir que la presse instituée a abdiqué.
La confiance bafouée
Au-delà des possibles malversations, cette affaire des Pièces Jaunes sonne comme un test de crédibilité. Elle met à nu les collusions souterraines entre charité d’État, réseaux d’influence et quatrième pouvoir. L’enjeu n’est plus seulement de savoir si deux millions ont été détournés, mais de constater comment un système entier peut se mobiliser pour étouffer une question gênante. Les enfants malades, prétextes de cette générosité publique, sont les premiers otages de ce silence. Sans enquête parlementaire ou justice rapide, le dernier rempart ne sera plus la loi, mais la défiance d’un peuple lassé de voir ses pièces jaunes financer l’opacité dorée des élites.
Brigitte Macron – Pièces jaunes : un scandale (déjà) étouffé ? – Le Juste Milieu
- Source : Le Média en 4-4-2















