Médecins Sans Frontières choqué par la guerre à Gaza… et des idées pour des SOS

Auteur : Candice van Eijk-Vacle | Editeur : Walt | Jeudi, 03 Juill. 2025 - 13h42

«La guerre à Gaza a pu devenir l’une des guerres les plus choquantes, meurtrières et impitoyables menées contre un peuple». ~ Christos Christou, président international de Médecins Sans Frontières (1)

Gaza : des actions «qui s’apparentent à des actes génocidaires» par Israël. (2)

Les journaux se vident des nouvelles concernant la bande de Gaza. Pourtant, le génocide des Gazaouis continue et s’aggrave. Médecins Sans Frontières (MSF) implanté dans la bande de Gaza publie des synthèses alarmantes regorgeant d’informations clefs pour comprendre et sauver les Gazaouis.

Christos Christou, président international de Médecins Sans Frontières, écrit le 17 juin 2025, une lettre ouverte destinée aux responsables de l’Union européenne, dont voici un extrait : «La guerre à Gaza a pu devenir l’une des guerres les plus choquantes, meurtrières et impitoyables menées contre un peuple. (…) Ce à quoi nous assistons, c’est l’éradication calculée des systèmes nécessaires à la vie. Il s’agit d’un nettoyage ethnique, enveloppé d’une rhétorique de la défense de la sécurité, mais exécuté au mépris total du droit international humanitaire et des droits de la personne». «Dans l’enquête de MSF, 40% des personnes décédées des suites de leurs blessures étaient âgées de moins de 10 ans».[1]

Les 16 juin et 20 juin 2025, MSF écrit :

«Chaque jour, les équipes de MSF sont témoins d’actions, commises de manière délibérée par les forces israéliennes, qui s’apparentent à des actes génocidaires, notamment des massacres, la destruction d’infrastructures civiles vitales et des blocus qui empêchent l’accès à la nourriture, à l’eau, aux médicaments et à d’autres fournitures humanitaires essentielles». «Israël procède à la destruction méthodique des conditions nécessaires à la vie des Palestiniens».[2]

«La pénurie orchestrée par les autorités israéliennes prive les Palestiniens d’eau et de soins, et les met en danger immédiat». (3)

«Délibérée», «actes génocidaires», «destruction méthodique», «pénurie orchestrée» des mots qui font référence au fait que, pour le droit international, pour qu’il y ait génocide dans la bande de Gaza, il faut que le crime de tuer les Gazaouis soit sous-tendu par l’intention d’Israël de vouloir le commettre. Le même crime sans intention de le commettre ne serait pas considéré comme un génocide par le droit international. Revenons aux mots puissants de MSF. Des mots accusateurs pointant directement un accusé, Israël, et une victime, le peuple palestinien de Gaza. Alors que la Cour internationale de justice (CIJ) est encore loin d’un verdict définitif (sur si oui ou non Israël commet un génocide dans la bande de Gaza) puisque la date d’expiration du délai pour le dépôt du contre-mémoire de l’État d’Israël a été reporté à l’an prochain, au 12 janvier 2026. (4)

Alors que des bébés meurent de faim dans l’enclave côtière, Israël continue de restreindre l’entrée du lait infantile. Une médecin américaine, D. Nazzal, entrée récemment dans le territoire palestinien, s’est vu confisquer par la sécurité israélienne les boites de lait en poudre : «Le lait infantile a été confisqué (…). Quelle explication y voir, si ce n’est que la faim est utilisée comme une arme de guerre dans le génocide en cours à Gaza ?». (source Le Monde (5)) Dit-elle vrai. Comment est-ce possible ?

Le 20 juin 2025, UNICEF écrit : «Si le blocus actuel de plus de 100 jours sur le carburant entrant dans Gaza ne prend pas fin, les enfants commenceront à mourir de soif». «La crise de l’eau est d’origine humaine, il en va de même pour la malnutrition qu’elle provoque. À Gaza, ces deux crises se nourrissent l’une de l’autre, créant un cycle meurtrier». «L’UNICEF est très clair. Il s’agit du moment le plus critique à Gaza depuis que cette guerre contre les enfants a commencé».

Un détail alerte sur les conditions de travail des médecins de MSF et donc sur leur possibilité de soigner et sauver les Gazaouis. MSF, dans son communiqué du 20 juin 2025, ne demande pas la lune, ni un coûteux et sophistiqué IRM, ils demandent de la gaze : «Nous manquons de tout, de consommables médicaux comme la gaze»… La gaze, ça coûte trois fois rien, c’est pas lourd, facile à transporter et ça n’est pas une arme.[3]

La Fondation humanitaire pour Gaza (FHG) à but dit «caritatif» est-elle une organisation complice des crimes d’Israël dans la bande de Gaza dont un génocide des Palestiniens ? C’est la question qui peut venir à l’esprit à l’écoute d’Amande Bazerolle coordinatrice d’urgence MSF qui est allée dans la bande de Gaza de janvier à avril 2025 (6) :

«Ce ne sont que des hommes, des jeunes hommes qui se présentent pour pouvoir porter les colis, c’est très loin de chez eux (…) et, ce qui en résulte, c’est que beaucoup de jeunes hommes se présentent non armés et ils se font tirer dessus».

«Ce système humiliant continue de forcer des milliers de personnes affamées et désespérées à marcher sur des dizaines de kilomètres, excluant les plus vulnérables et ceux qui vivent trop loin. Ce système n’a pas pour objectif de lutter contre la faim», a dénoncé Philippe Lazzarini de l’UNRHA (ONU), le 10 juin 2025. (7)

Amande Bazerolle dit de même[6] :

«Il n’y a que ceux qui peuvent se déplacer jusqu’à [la fondation FHG] qui vont recevoir des colis humanitaires. Comment amener [ces colis] à tous ces gens blessés, à des femmes, à des personnes âgées».

«On est passé de 400 centres de distribution [de l’UNRWA (ONU)] à 4 centres de distribution. On omet 1 000 000 d’habitants dans le nord de Gaza qui ne sont pas servis, après avoir affamé des gens pendant plusieurs mois. [blocus total de la bande de Gaza dès début mars 2025]».

À cette fondation «opaque» soutenue par les USA et Israël, financée par les USA, en activité depuis fin mai 2025, Amande Bazerolle, au nom de MSF, dit :

«Nous demandons à ce que cela s’arrête immédiatement. Aujourd’hui, tous les jours il y a des morts (…) plus de 550 morts déjà et 4000 blessés [depuis fin mai, il y a environ un mois]»..

Le témoignage accablant de soldats israéliens chargés de la sécurité de ces centres confirme. L’un d’eux anonyme dit : «Là où j’étais posté, entre une et cinq personnes étaient tuées chaque jour (…) Elles sont traitées comme des forces hostiles (…) juste des tirs à balles réelles avec tout ce qu’il est possible d’imaginer, mitrailleuses lourdes, lance-grenades, mortiers». Ceci est écrit dans Le Monde, le 1 juillet 2025. (8)

Cette Fondation humanitaire pour Gaza à but «caritatif» est accusée de complicité de crimes de guerres par Médecins Sans Frontières et d’autres ONG. ([6] minute 0:05)

Christos Christou écrit à propos de la fondation FHG : «L’assistance humanitaire est en train d’être instrumentalisée. Elle sert de levier pour déplacer de force des personnes, servir des objectifs militaires, ou est totalement bloquée. L’aide n’est pas une monnaie d’échange. C’est un moyen de survie. La refuser constitue une punition collective, un crime de guerre».[1]

Un crime caché derrière l’appellation «humanitaire» de la fondation ! Un crime parfait ?

169 ONG internationales ont appelé à mettre fin à ce nouveau système de distribution d’«aide» de la Fondation FHG écrit Le Monde, le 2 juillet 2025. (9)

Médecins Sans Frontières manifestement exaspéré, révolté par le désastre de la bande de Gaza redouble d’affirmations limpides accusatrices espérant, désespérant sans doute (ils sont si lucides), par la puissance de leurs mots mettre en route de tout urgence une dynamique salvatrice pour les Gazaouis :

«L’hypocrisie et l’inaction de l’Union européenne et de ses États membres ont permis à Israël de poursuivre la guerre totale contre les Palestiniens à Gaza en toute impunité, a déclaré Médecins Sans Frontières (…), le 16 juin 2025. MSF appelle à faciliter l’acheminement de l’aide à la hauteur des besoins dans la bande de Gaza, à arrêter l’éradication des civils et à rétablir immédiatement un cessez-le-feu durable, et exhorte les gouvernements européens à agir de manière décisive pour accélérer ce processus».[2]

Christos Christou président de MSF international demande aussi à l’UE : «Des actions plutôt que des mots». Il veut sans doute aussi un embargo sur les armes destinées à Israël car il souligne une complicité des gouvernements européens continuant d’envoyer des armes qui tuent les Gazaouis et les médecins de MSF, alors que ces gouvernements évoquent les atrocités perpétrées par Israël.[1]

Pour les médecins de MSF la guerre dans la bande de Gaza, ce ne sont pas que des lignes écrites dans un journal ou des images sur un écran ; ce sont des corps qu’ils voient, qu’ils touchent de leur main pour les soigner, les sauver, des corps qu’ils doivent entendre hurler de douleurs lorsqu’ils les amputent sans anesthésiants. Avec tous ces morts qu’ils voient, ils doivent se sentir croque-morts aussi. En bref, ils sont au front. Ils savent d’expérience ce qui s’y passe. Ils sont aussi comme du granit pour les Gazaouis, car ni les «affaires» ni la guerre n’a altéré leur franc parlé pour dire ce qu’ils voient et savent de la bande de Gaza.

Est-ce une idée qu’une délégation de MSF aille parler devant le Parlement européen avec des documents à l’appui collectés par eux-mêmes, tels que des photos ou des films, qu’on ne nous a pas montrés dans les médias, pour ne pas traumatiser notre sensibilité ?

Est-ce une idée que MSF demande une audience aux juges de la Cour internationale de justice (CIJ) pour leur expliquer ce qu’ils voient et savent du génocide à Gaza et leur demander si la procédure les autorise à sortir de leur silence pour dire le génocide, le nettoyage ethnique dans la bande de Gaza ? (10) Est-ce une idée qu’ils demandent aux juges de la CIJ s’ils peuvent dire qu’il faut un embargo sur les armes à destination d’Israël par la mise en œuvre de l’article 6 du Traité sur le commerce des armes, qui interdit les transferts d’armes en cas de génocide ? (11)

Est-ce une idée qu’une délégation de MSF aille rencontrer le nouveau Pape Léon XIV, pour lui demander ce qu’il peut faire concrètement (en plus de ses prières) pour sauver les Palestiniens de la bande de Gaza ? Trump écoute le Pape, n’est-ce pas ? Et, les États-Unis peuvent exercer des pressions sur Israël ? Trump a des évangélistes dans son électorat et Netanyahou mentionne des références religieuses bibliques confiant «une mission messianique» au peuple juif (12). Le président international de Médecins Sans Frontières, Christos Christou (13), créerait-il un lien très particulier entre lui et le Pape pouvant être salvateur à la bande de Gaza ? Peut-être aussi car deux fois le mot Christ apparaît dans son nom ? Ceci doit être très spécial pour un Pape, sans doute ? Ce nom, Christos Christou, le toucherait sans doute ? Et son curriculum vitae de MSF : chirurgien au Cameroun, en Irak et au Soudan… Irak où un tapis de bombes a été largué par les Américains sur la base d’un mensonge de Colin Powell devant l’ONU (anthrax) pour faire une guerre préventive aux Irakiens subissant la dictature de Saddam Hussein. Il ne faut jamais oublier cela. Et c’est dans ce pays, l’Irak, que Christos Christou est allé travailler pour MSF. Le nouveau Pape Léon XIV n’a pas dit le génocide des Gazaouis à Gaza. Peut-être est-ce une idée de lui demander pourquoi l’État du Vatican n’a pas signé la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide ? (14) Ceci a sans doute l’avantage pour le Pape, de le rendre encore plus libre pour dire ce qu’il pense, sans attendre le verdict des juges de la CIJ ? Peut-être serait-il utile de dire au Pape : «le mot génocide est un mot-sésame qui peut ouvrir des portes, et celle de Rafah pour commencer pour que l’aide humanitaire entre» ? Le Pape a eu de très belles paroles pour aider Gaza et la paix, depuis le 11 mai : «Jamais plus la guerre» ; «les peuples veulent la paix». «Nous ne pouvons pas oublier nos frères et sœurs qui souffrent à cause des guerres. À Gaza, des enfants, des familles, des personnes âgées sont réduits à la famine» (15,16,17). Peut-être, après une réflexion avec Christos Christou, le Pape Léon XIV dirait-il le génocide des Gazaouis et le sacrifice des membres de MSF (11 sont décédés depuis le 7-Octobre) pour sauver les Gazaouis dans la bande Gaza ? (18)

Peut-être (peut-être pas) est-ce une idée que que MSF rappelle au Pape que lors de la Seconde Guerre mondiale, le Pape Pie XII était resté silencieux sur la Shoah alors qu’il était informé du massacre de masse, du génocide des juifs exterminés par les nazis ? Ceci est prouvé. Les archives ont été ouvertes (20). Est-ce une idée que MSF demande au Pape : «Chère altesse, est-ce une idée que vous demandiez seul ou avec, peut-être l’Imam de la sublime Mosquée bleue d’Istanbul et un Grand Rabbin, l’arrêt immédiat de la guerre à Gaza, l’entrée de l’aide humanitaire et la libération des otages Israéliens dans la bande Gaza ?» Le Pape sait que les trois monothéismes (Islam, Judaïsme, christianisme) sont concernés par la terre dite «Sainte» dont la bande de Gaza fait partie. Est-ce une idée pacifiste facile à organiser et qui pourrait fonctionner ?

Est-ce une idée que MSF propose aux Palestiniens de Gaza d’écrire avec eux un appel à l’aide universel sous forme de lettre ouverte ? Ils n’ont pas fait cela me semble-t-il. Ils pourraient l’adresser à des personnalités émues par leur sort, à tous les footballeurs par la voie de Zidane ; à tous les artistes par la voix de la grande comédienne Isabelle Adjani ; à tous les boulangers car les Gazaouis sont affamés ; au Prince Albert de Monaco dont l’un des thèmes de prédilection est la Côte d’Azur se situant à l’autre bout de la mer Méditerranée où se trouve la bande de Gaza. Ils pourraient demander un accord de paix et pourquoi pas un désaccord de paix. La priorité étant de stopper le génocide. Cette lettre serait un appel de détresse universel demandant une assistance immédiate, un SOS, un «Mayday, Mayday, Mayday».

Toutes ces idées sont-elles réalistes ? MSF doit être débordé de travail. Sans doute ont-ils déjà œuvré dans ce sens ? Ce doit être une grande famille MSF, peut-être que des anciens peuvent venir leur prêter main-forte ?

Notes: