Covid 1984, la valse des milliards pour Big Pharma
Le groupe pharmaceutique américain Pfizer a encore revu à la hausse mardi ses prévisions de ventes annuelles pour son vaccin anti-Covid, dopées par les recommandations d’une troisième dose dans certains pays et les autorisations attendues pour les enfants.
Le laboratoire prévoit désormais d’écouler pour 36 milliards de dollars, ou 2,3 milliards de doses, du produit qu’il a développé en partenariat avec la biotech allemande BioNTech sous le nom de Comirnaty. Pfizer anticipait en début d’année d’en vendre pour 15 milliards de dollars, une prévision relevée à 26 milliards en mai puis 33,5 milliards en juillet.
Les ventes pourraient ensuite se tasser.
Même si le groupe a « les capacités pour produire 4 milliards de doses en 2022 », Pfizer mise pour l’instant sur la distribution de 1,7 milliard de doses l’an prochain pour « environ 29 milliards de dollars », a indiqué le directeur financier Frank D’Amelio lors d’une conférence téléphonique.
Une source importante de revenus
Il a toutefois souligné que les prévisions seront actualisées en fonction des commandes et souligné que les ventes devraient continuer à représenter une source « importante » de revenus après 2022.
Pfizer et BioNTech, qui partagent les profits, ont produit jusqu’à présent 2,6 milliards de doses, a précisé le PDG Albert Bourla.
Ils prévoient de fabriquer au total 3 milliards de doses cette année, dont « au moins un milliard sont destinés aux pays à faibles et moyens revenus », a aussi indiqué M. Bourla.
Le groupe continue de creuser son avantage face à ses concurrents: son vaccin est passé aux Etats-Unis de 56% de parts de marché en avril à 74% fin octobre, et dans l’Union européenne de 70% à 80%.
Une autorisation en urgence pour une troisième dose
Cette progression est principalement liée au fait que le Comirnaty est le premier vaccin anti-Covid à avoir reçu une autorisation en urgence pour une troisième dose et « que certains pays préfèrent pour les plus jeunes notre vaccin à deux doses », a avancé M. Bourla.
Les Etats-Unis ont ainsi autorisé vendredi le vaccin contre le Covid-19 de Pfizer-BioNTech pour les 5 à 11 ans.
Albert Bourla, PDG de Pfizer, prononce un discours lors de la cérémonie d’inauguration du nouveau centre de l’entreprise pour l’innovation numérique et les opérations et services commerciaux, à Thessalonique, le 12 octobre 2021. (Photo : SAKIS MITROLIDIS/AFP via Getty Images)
Avant que les injections ne commencent, un comité d’experts des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) doit se réunir mardi pour rendre son avis.
Le gouvernement américain a déjà commandé 115 millions de doses de la version pour les plus jeunes, « ce qui est suffisant pour vacciner tous les enfants aux Etats-Unis », a souligné le PDG.
Pfizer a par ailleurs échappé à certains problèmes ayant affecté ses rivaux, comme des effets secondaires ou des soucis de production.
De généreuses recettes pour d’autres laboratoires
Moderna doit publier ses résultats jeudi tandis que Johnson & Johnson, qui a choisi de vendre pour l’instant son vaccin à dose unique à prix coûtant, prévoit d’en écouler pour 2,5 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année.
D’autres produits pharmaceutiques liés au Covid-19 engendrent de généreuses recettes, à l’instar de la biotech américaine Gilead Science qui a vendu au troisième trimestre pour 1,9 milliard de dollars de son médicament antiviral remdesivir, administré en intraveineuse chez les patients hospitalisés.
Le laboratoire américain Merck prévoit de son côté de vendre d’ici fin 2022 jusqu’à 7 milliards de dollars de sa pilule antivirale destinée aux personnes contaminées par le Covid-19, le molnupiravir, sous réserve de l’approbation des autorités réglementaires.
Un traitement par voie orale
Pfizer a entamé pour sa part fin septembre les dernières phases d’un essai clinique sur un traitement par voie orale contre le Covid-19.
« Nous sommes très optimistes » sur ce produit mais « nous devons d’abord voir les résultats », a souligné M. Bourla.
Le directeur scientifique du groupe, Mikael Dolsten, a par ailleurs évoqué la possibilité de faire une étude sur l’impact d’une quatrième dose du vaccin et éventuellement d’un rappel tous les ans.
Avec près de 13 milliards de dollars de ventes du vaccin anti-Covid, Pfizer a plus que doublé son chiffre d’affaires total au troisième trimestre, à 24,1 milliards de dollars. Les ventes de ses autres produits ont progressé beaucoup plus modestement, de 7%.
Le bénéfice net du groupe sur cette période a été multiplié par plus de cinq, à 8,15 milliards de dollars.
L’action Pfizer grimpait de près de 5% à la mi-séance à Wall Street.
- Source : The Epoch Times (Etats-Unis)