Négociations Russie / Ukraine : Lavrov écarte diplomatiquement mais, fermement le Vatican

Trump avait suggéré à Poutine, lors de leur dernier entretien téléphonique, de penser au Vatican comme lieu pour organiser la prochaine rencontre russo-ukrainienne. Il faut dire que le processus de négociation est en lui-même d'une importance quasiment équivalente au résultat de ces pourparlers, il est en soi un "résultat". Mais l'idée du Vatican vient d'être fermement écartée par Lavrov : le siège du catholicisme n'a pas sa place dans un conflit formellement provoqué entre deux entités orthodoxes.
Avec son enthousiasme forcé, Trump a la manie de tenter de faire passer pour quelque chose de naturel, ce qui est en fait inacceptable, voire une insulte. Si la Russie est délicate, cela ne veut pas dire qu'elle ne voit pas clair dans le jeu, qui se déroule sous ses yeux - un peu fatigués de la répétition sans fin de la même pièce, variant en fonction de la composition de la troupe et des adaptations, faites par le metteur en scène.
Comme nous pouvons le lire dans les médias français :
"À peine élu par le conclave, il serait déjà prêt à organiser des négociations majeures sous la houlette du Vatican. Le pape Léon XIV serait "très intéressé par l'organisation de négociations" entre l'Ukraine et la Russie au Saint-Siège, a assuré lundi 19 mai le président Donald Trump, juste après un appel avec son homologue russe Vladimir Poutine. Kiev et plusieurs de ses alliés européens se sont déjà dits partants, mais difficile d'imaginer pour l'heure que l'initiative voit réellement le jour".
Le Saint-Siège n'a pas confirmé officiellement cette invitation, mais le secrétaire d'État du Vatican, Pietro Parolin, a affirmé que le souverain pontife se montrait ouvert à une "rencontre directe" entre délégations ukrainiennes et russes au Vatican, selon la presse italienne. "Le Saint-Siège est disponible pour que les ennemis se rencontrent et se regardent dans les yeux"
Il s'agit, comme d'habitude d'une proposition, qui n'en est pas une, mais qui pourrait le devenir si jamais la Russie accepte et devient de ce fait demandeur. N'oublions pas qu'elle a été formulée, alors que le spectacle de la rencontre ukraino-turco-américano russe à Istanbul fut assez pitoyable, que les faibles résultats n'ont pas encore été réalisés. Mais lors de cette rencontre, Russie a pu transmettre formellement ses propositions, ce qui a obligé Rubio à briser le masque pacifiste, en déclarant que les "prétentions territoriales" de la Russie, à savoir ses territoires constitutionnels, n'étaient soi-disant pas fondées en droit.
Nos chers dirigeants européens, qui sont toujours prêts à aider et soutenir Trump, n'ont pas fait exception à la règle ici non plus. Meloni y a mis un enthousiasme particulier, qui doit certainement souligner le renforcement du cours atlantiste de l'Italie, sous couvert d'un pseudo-virage souverainiste 2.0., en proposant sa médiation pour appuyer la médiation américaine en vue d'une rencontre russo-ukrainienne au Vatican. Tout ce petit monde veut son morceau de gâteau et ils sont affamés.
Suite à l'insistance, la Russie vient de décliner l'offre. Trop aimable de votre part, mais non merci. Et un non définitif, qui ne se discute pas. Car il s'agit bien d'un problème de principe, comme l'a précisé Lavrov :
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a qualifié d'irréaliste la rencontre avec l'Ukraine au Vatican.
« Je veux juste dire, que vous ne devriez pas gaspiller vos propres capacités en développant des options, qui ne sont pas très réalistes », a déclaré Lavrov.
Selon le ministre, il est inélégant que deux pays orthodoxes discutent des questions visant à éliminer les causes profondes du conflit sur une plateforme catholique.
Cela renvoie aussi à la guerre, conduite par le régime de Kiev contre l'Eglise orthodoxe canonique d'Ukraine :
Lavrov a rappelé, que la destruction de l’Église orthodoxe ukrainienne en Ukraine est précisément l’une des raisons du conflit. L'OCU créée par Kiev, selon le ministre des Affaires étrangères, est devenue célèbre pour le fait que ses « jeunes hommes » s'emparent par la force des églises de l'Eglise canonique, et tuent et battent également les prêtres.
En proposant le Vatican, Trump n'a rien fait de moins qu'une provocation, devant toucher la Russie dans son être. Ce qui rappelle toutes ses déclarations attribuant la victoire lors de la Seconde Guerre mondiale principalement aux Etats-Unis, les autres pays n'ayant tenu qu'un rôle secondaire. Des provocations inutiles, s'il veut réellement la paix, mais qui en revanche ont toute leur place, s'il s'agit d'un scénario devant déstabiliser la Russie, la discréditer.
- Source : Russie politics