La France face à un rebond record de faillites en 2022
Après 2 ans de recul, les défaillances d’entreprises au rebond en 2022 en France (+40%) et dans le monde (+15%)», titre Euler Hermes pour la publication de ses prévisions, en évoquant les vagues de faillites d'entreprises à venir.
Pourtant, le même jour que la parution de l’expertise de l'assureur-crédit, Libération déclare: «l’Insee s’attend à une nette baisse du taux de chômage à 7,6% fin 2021».
L'entreprise France tirée d’affaire? Selon Libération en date du 6 octobre, «la dernière note de conjoncture de l’Institut de la statistique [Insee] confirme que l’économie française s’est bien remise [de la Covid-19] avec une croissance qui repart et un chômage à un point de moins qu’avant la crise». Le quotidien français rajoute, «courbe de croissance retrouvée, créations d’emplois en hausse… Sortie relativement préservée du choc Covid-19 grâce à sa mise sous perfusion d’aides publiques pendant plus de dix-huit mois, l’entreprise France paraît bel et bien tirée d’affaire et le spectre d’une crise majeure semble un peu plus s’éloigner au profit d’une nette reprise qui ramène l’économie à ses niveaux de fin 2019».
Libération, qui a écrit son article exactement le même jour que la parution des prévisions très sombres de Euler Hermes, a même certainement lu un peu rapidement l'étude de l'Insee. Déjà le titre de l'étude de l'Insee publiée, elle aussi, ce 6 octobre annonce des tensions dans l'économie: «Après l’épreuve, une reprise rapide mais déjà sous tensions». Libération continue dans l'euphorie: «Bonne nouvelle du jour selon les conjoncturistes de l’Insee: le taux de chômage rapporté à la population active a continué à baisser à 7,6 % au 3e trimestre 2021, contre 8 % au 2e trimestre. Il serait ainsi inférieur de près d’un point à son niveau d’avant-crise (8,5 %) sur la même période de 2019. Et à un niveau historiquement bas depuis 2008. On entend déjà les «cocorico» du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire...»
Des faillites records et un chômage record. Non, ce n'est pas une bonne nouvelle pour les Français et l'économie française. Le scénario qui se pointe pour 2022 est très mauvais. Les pouvoirs publics ont réussi à aider les entreprises à surmonter la crise liée à la Covid-19 grâce à de nombreuses mesures publiques de soutien, mais comme l'explique Maxime Lemerle, Directeur des recherches sectorielles et défaillances chez Euler Hermes, «la suite dépendra de la façon dont les autorités débrancheront les aides au cours des prochains mois».
Selon Euler Hermes, le retrait des mesures publiques de soutien devrait déclencher une normalisation progressive des défaillances d’entreprises et prévoit une hausse des défaillances à l’échelle internationale de +15% en 2022, après deux années de recul prononcé. Alors que chez les émergents d’Afrique par exemple, les niveaux de défaillances pré-crise seront rattrapés dès cette année, en Europe Centrale et Orientale, ainsi qu’en Amérique Latine, le retour à la normale surviendra en 2022, souligne Euler Hermes.
Un pays sous perfusion. Euler Hermes estime que les dispositifs publics français ont permis d’éviter plus d’une défaillance d’entreprise sur deux en France pour 2020. La question est de savoir ce qu'il se passera en France quand la perfusion sera débranchée. Ana Boata, Directrice de la recherche économique d’Euler Hermes annonce la couleur: «Nous prévoyons un fort rebond des défaillances en France en 2022, de l’ordre de +40%». Elle précise que «ce rebond ne sera pas suffisant pour rattraper les niveaux de 2019».
Des prévisions dépendantes des facteurs du marché. 5 indicateurs dicteront, selon l'assureur-crédit, l’évolution des défaillances d’entreprises dans les prochains mois: La dynamique de la reprise économique mondiale jouant sur les mesures publiques de soutien; Le rythme de retrait des mesures publiques de soutien, qui aura un impact sur le rythme auquel les entreprises devront puiser dans leurs trésoreries pour financer leur activité; La situation des «zombies pré-covid-19», qui ont été artificiellement maintenues à flot par les mesures publiques de soutien, mais aussi des entreprises fragilisées par l’explosion de la dette relative à la crise; La détérioration de la santé financière des entreprises, à laquelle s’ajoute les problématiques de soutenabilité de la dette; La reprise rapide des créations d’entreprises. Euler Hermes souligne que les secteurs où les entreprises, qui ont été créées pour répondre à des besoins immédiats pendant la crise (livraison à domicile par exemple), ont une viabilité incertaine.
- Source : Observateur Continental