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Mercredi, 16 Avr. 2025

Pourquoi le Monde global ne peut accepter la Parade militaire de la Victoire du 9 mai en Russie

Auteur : Karine Bechet-Golovko | Editeur : Walt | Mardi, 15 Avr. 2025 - 18h13

La victoire sur le nazisme est une date dangereuse pour le Monde global, car elle place la Russie dans le camp des vainqueurs, rappelle que la plus grande partie de l'Europe a activement collaboré avec les nazis et que les Etats-Unis n'ont pas "sauvé le monde" tout seul, bien loin s'en faut. Cette mémoire doit être effacée, l'UE menace les dirigeants, qui accepteraient de participer aux cérémonies de la Victoire le 9 mai à Moscou. La "Réconciliation" ne peut signifier que "Soumission".

Cette année, nous célébrons les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, appelée Grande Guerre Patriotique en URSS, donc pour la Russie et tous les pays de l'espace post-soviétique, qui constituait un seul pays, constituent historiquement un seul espace civilisationnel.

Les nations se constituent autour de symboles communs et celui du 9 mai est l'un d'entre eux. C'est bien la raison pour laquelle il fut attaqué dès la chute de l'URSS, notamment en poussant les pays d'Europe de l'Est et ceux apparus suite au démentèlement de l'URSS à passer du 9 au 8 mai, comme cela est célébré en Occident.

Cette différence vient tout d'abord de la précipitation de Churchill d'annoncer le premier à la BBC la capitulation de l'Allemagne nazie et ensuite du fait que cette capitulation a été signée dans la nuit du 8 au 9 mai, quand il était déjà le 9 à l'heure de Moscou.

En 2004, après la chute de l'URSS et l'avènement du Monde global, il ne peut plus y avoir de Victoire, car alors il y aurait des vainqueurs et des vaincus. Le Monde global ne peut être qu'un, il ne peut y avoir que le souvenir (des guerres passées) et la réconciliation (autour d'un seul maître). 

L'ONU, cet organe de gouvernance globale, rebaptise donc les 8 et 9 mai en Journées du souvenir et de la réconciliation. Dans la pure logique orwelienne de notre époque, le souvenir renvoie à l'oubli et la réconciliation à la soumission.

L'oubli de la collaboration généralisée, plus ou moins active, des pays européens avec le régime nazi et le soutien industriel, énergétique, financier apporté par les pays Alliés, comme les USA ou la France, à l'Allemagne nazie. On oubliera le refus le 16 avril 1939 de la France et de la Grande-Bretagne de conclure un accord d'entraide militaire avec l'URSS contre l'Allemagne nazie, il est vrai que ces grandes démocraties européennes avaient déjà conclu des accords avec l'Allemagne nazie. On oubliera que parmi les prisonniers de guerre faits par les Soviétiques, l'on retrouvera beaucoup de ressortissants des pays européens.

Il faut se réconcilier ... autour d'une réécriture de l'histoire, dans laquelle les Etats-Unis jouent le rôle central de la libération de l'Europe, quand le rôle fondamental de l'Union soviétique est petit à petit gommé de la conscience collective, grâce au reformatage des programmes scolaires, aux surproductions hollywoodiennes et à la prise en main des élites dirigeantes en Europe.

Comment dans ce contexte, digérer le 9 mai ? Impossible, il est absolument indigeste. Il est un anachronisme, un fantôme du monde d'avant, d'avant la globalisation. Chaque année, les cérémonies du 9 mai provoquent des réactions hargneuses, dans ces pays, où la collaboration est un art de vivre, où l'on glorifie ses héros - collaborateurs ou véritables nazis, qui eux ont le droit de défilé, quand l'Europe de l'Ouest fête au mieux la Libération (mais non pas la Victoire) au pire l'Oubli et la Soumission.

Cette date est à ce point symbolique, que le grand démocrate Eltsine a annulé la traditionnelle Parade militaire du 9 mai en 1992 et a organisé une parade "de la Paix", avec un défilé des orchestres militaires non seulement des pays alliés, américains en tête, mais aussi allemands et italiens. Les défilés militaires furent réguliers à partir de 1995 ... jusqu'à l'ère covidienne et l'annulation de la Parade de 2020. Mais même ici, la formulation a dépassé l'absurde : "déplacer" la Parade de 2020 ... L'ère eltsinienne laissait encore des traces, il était difficile d'annoncer sa simple annulation. Le Régiment Immortel fut également annulé et les personnes, qui osaient marcher dans la rue avec des portraits de leurs parents, étaient pris à partie par les forces de l'ordre. 

L'ordre global ne plaisante pas avec le symbolisme politique, lui en comprend l'importance.

Il est donc tout à fait logique, que pour les 80 ans de la Victoire, l'UE ne puisse accepter les grandes cérémonies prévues à Moscou, où doivent prendre part des chefs d'Etat et de Gouvernement étrangers. Ainsi, la responsable de la diplomatie européenne de menacer directement ceux, qui auraient l'idée de mettre les pieds "chez l'ennemi" :

"De nombreux ministres ont déclaré que l’UE prenait au sérieux les déplacements à Moscou pour les célébrations du 9 mai et qu’ils auraient des conséquences", a déclaré la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas.
L'UE demande aux pays des Balkans occidentaux souhaitant adhérer à l'UE d'éviter le défilé du 9 mai à Moscou. Une telle participation "ne sera pas prise à la légère par l'UE", selon Mme Kallas.

Ces déclarations ont choqué en Russie, dont certains ne trouvent pourtant rien de mieux que d'en appeler ... à la Cour de Justice de l'ONU. Bref, l'organe suprême de la globalisation devrait châtier ses enfants et remettre de l'ordre dans son troupeau ... Nous sommes bien loin d'une révolution cognitive. Si les élites russes veulent réellement condamner ces personnes, il va falloir avoir le courage de condamner ce monde. Et ce n'est pas en négociant, qu'il sera possible de réellement changer les choses.

***

Participer au défilé du 9 mai célébrant la victoire sur le nazisme n’est pas conforme aux « valeurs européennes »

Baiba Braze, ministre lettone des Affaires étrangères, n’y est pas allée de main morte. Ce 14 avril, elle a taclé sans détour les pays des Balkans occidentaux candidats à l’UE, leur rappelant que participer au défilé du 9 mai à Moscou serait une « entorse aux valeurs européennes ». Une mise en garde claire, lancée après une réunion houleuse à Luxembourg avec les représentants de la région.

Alors que Moscou prépare son défilé, l’UE rappelle aux Balkans le prix de leur candidature.

Les Balkans entre deux feux

Albanie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie… et même le Kosovo (non reconnu par tous) : tous ont reçu le même message. « Pas question de danser le paso doble avec Poutine si vous voulez entrer dans l’UE », semble leur dire Bruxelles. Un avertissement qui tombe mal pour Belgrade, dont le président, Aleksandar Vucic, a déjà confirmé sa présence à Moscou.

Zelensky contre Poutine : la bataille des commémorations

Pendant que la Russie prépare son traditionnel défilé militaire, l’Ukraine organise sa propre contre-offensive… diplomatique. Volodymyr Zelensky a convié ses alliés européens à Kiev pour le 9 mai, histoire de « montrer l’unité face à l’agression russe ». Une invitation qui ressemble à un pied de nez à Moscou, alors que les Occidentaux boycottent depuis deux ans les célébrations russes.

La Serbie, éternelle équilibriste

Entre amitié historique avec Moscou et aspirations européennes, Belgrade navigue en eaux troubles. Si Vucic se rend bien à Moscou, il devra aussi serrer des mains à Bruxelles. Un exercice d’équilibre qui commence à agacer sérieusement les capitales européennes. Gare aux sanctions… et aux fonds gelés.

L’UE joue la carte de la fermeté

Avec la guerre en Ukraine, Bruxelles n’a plus de patience pour les ambiguïtés. Les pays candidats doivent choisir : être « du bon côté de l’Histoir »e… ou rester dans l’orbite de Moscou. Un ultimatum qui pourrait bien précipiter les décisions.

par Yoann - Le Média en 4-4-2


- Source : Russie politics

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