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Mercredi, 19 Févr. 2025

Intégration européenne : l'Arménie prend la voie ukrainienne

Auteur : Karine Bechet-Golovko | Editeur : Walt | Vendredi, 14 Févr. 2025 - 12h37

Pachinian met de plus en plus profondément l'Arménie dans les pas de l'Ukraine, lançant le pays vers le mythe d'une intégration européenne, qui n'aura de toute manière pas lieu, tout en le privant de sa souveraineté et le plaçant comme pion dans l'échiquier atlantiste. Les élites atlantistes ont en commun de ne pas tirer les leçons de leurs erreurs. Les élites atlantistes arméniennes ne font pas exception à la règle et le Parlement vient d'adopter en première lecture la fameuse loi ouvrant la voie des négociations l'intégration de l'Arménie dans l'UE.

Ce 12 février, le Parlement arménien vient d'adopter en première lecture le projet de loi sur le lancement du processus de négociation de l'intégration de l'Arménie à l'UE. Sur les 107 députés arméniens, les 63 députés de la majorité ont soutenu le projet, 7 députés se sont opposés et  les députés d'opposition ont boycotté le vote.

Comme nous pouvons le lire dans les médias français, c'est un moment rien moins qu'historique. Une rupture de l'Arménie avec la Russie :

"une illustration de la volonté de l’Arménie, en froid avec son allié traditionnel russe, de se rapprocher des Occidentaux.

« Exprimant la volonté du peuple de la République d’Arménie, ayant fixé comme objectif de faire de l’Arménie un pays sûr et développé, l’Arménie annonce le début d’un processus d’adhésion à l’UE », affirme le texte voté."

D'où vient cette idée saugrenue, alors que le processus réel d'élargissement de l'UE est de facto grippé, car l'organisation n'arrive pas à gérer sa dilution ? 

La société arménienne est très fortement financée par l'USAID (dont l'aide, qui se monte en milliards de dollars, n'a pas été suspendue à ce jour) et par les instances européennes. Par exemple, en avril 2024, l'UE accorde une aide supplémentaire de 270 millions d'euros pour l'Arménie : la "démocratie", ça coûte cher. Et nos chères élites de l'annoncer ouvertement :

Ce programme d'aide vient s'ajouter à un plan d'investissements européen en faveur de ce pays du Caucase qui a déjà «mobilisé plus d'un demi-milliard d'euros», a ajouté Ursula von der Leyen. «Nous voulons que l'Arménie prenne sa place en tant que nation forte, indépendante, en paix avec ses voisins et connectée au monde», a déclaré de son côté Blinken. «Les États-Unis et l'Union européenne souhaitent tous deux être partenaires de cet effort», a-t-il souligné, ajoutant qu'une aide de 65 millions de dollars serait débloquée par Washington en faveur de l'Arménie. Cette rencontre à Bruxelles «signifie que les Arméniens accroissent leur partenariat avec les États-Unis et l'UE», s'est félicité de son côté Pachinian.

Et ça marche. Comme par miracle, la "société civile" arménienne réunit dès lors en septembre-octobre 2024 les 60 000 signatures nécessaires, pour que la pétition législative soit valable. Ainsi, le Gouvernement valide le projet de loi de lancement du processus d'adhésion à l'UE le 9 janvier et le Parlement vient de l'adopter en première lecture.

Comme le souligne à juste titre le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cela ressort de la compétence souveraine de cet Etat. Chaque Etat peut choisir de se suicider. Et chaque élite politique est responsable des choix qu'elle fait.

Le problème de l'Arménie est le même que celui de l'Ukraine. Ce sont des pays, qui sont historiquement, politiquement et économiquement des maillons du Monde russe, et qui ont toujours été en danger dès qu'ils en sont sortis. L'Ukraine était une partie de la Russie pendant un millénaire, dès qu'elle est sortie de la Russie, elle fut occupée par les forces occidentales et instrumentalisée. L'Arménie a été pendant des siècles menacée par les Empires voisins, Ottomans et Safavides, puis la population a fait le choix de la protection russe, pays chrétien.

"Pendant les guerres de la Russie contre la Perse en 1804-1813 et 1826-1828 et contre la Turquie en 1828-1829, grâce au soutien actif de la population arménienne, l’armée russe a réussi à obtenir des résultats remarquables. À la suite des traités de paix de Golestan, de Turkmenchay et d'Andrinople, l'Arménie orientale a rejoint la Russie. Par décret de l'empereur Nicolas Ier, la région arménienne a été formée, couvrant une superficie de 20 000 kilomètres carrés avec une population d'environ 165 000 personnes. En 1849, la plus grande partie de ce territoire fut intégrée au gouvernorat d'Erevan. (...) À la fin de la Première Guerre mondiale, les troupes russes avaient effectivement pris le contrôle du territoire de l'Arménie occidentale, mais un peu plus tôt, la peur d'un soulèvement de la population arménienne subordonnée, qui sympathisait ouvertement avec la Russie, a conduit à la terrible tragédie de 1915 – alors les Arméniens, chassés de leurs terres, ont été soumis à un massacre de masse par les Turcs."

Et l'histoire ne cesse de se répéter. A la chute de l'Empire russe, un mouvement nationaliste est monté en Arménie. Qui est suivi par une agression de la Turquie. Et l'Arménie, sur le point de tomber en 1920, demande de l'aide à son voisin russe et entre dans l'URSS.

A la chute de l'URSS, on rejoue les mêmes cartes. Poussée nationaliste, mais en maintenant des liens avec la Russie, puisque les deux sociétés sont profondément entremêlées. Et nous venons de voir la Turquie ressortir la même carte, par l'intermédiaire de l'Azerbaïdjan, son pion politico-ethnique dans la région, qui vient de digérer le Haut-Karabakh et grignote le terrain en provoquant des déplacements massifs de populations chrétiennes, effrayées.

En passe de se faire digérer encore une fois, l'Arménie cette fois-ci est confrontée à un second danger, celui de la dilution atlantiste. Le dévoiement des mouvements nationalistes, comme en Ukraine, conduit l'Arménie sur la même voie dangereuse.

La rupture des liens avec la Russie va plus loin qu'une déstructuration de la société, dans ses maillons primaires que sont les familles, cela la met en danger dans son ensemble. Personne n'est plus là pour défendre le pays. Ni les Européens, ni les Américains ne sont venus et ne viendront défendre les Arméniens contre les Turcs (ou les Azerbaïdjanais). La Russie a été ouvertement mise à l'écart par Pachinian, qui ensuite lui a hypocritement reproché de ne pas être intervenue, contre la volonté du Gouvernement régulier, qui s'est tourné vers l'Occident, et sans que cela le lui ait été demandé.

Le lancement du processus des négociations en vue d'une intégration dans l'UE n'est pas un mécanisme juridique devant conduire à une intégration effective du pays, c'est un mécanisme supplémentaire de mise sous tutelle, de soumission. Il s'ensuit une implication globaliste plus profonde de la politique extérieure arménienne, des réformes structurelles intérieures et l'intégration des cultes incontournables, notamment LGBT, qui passe encore mal dans la société traditionnelle arménienne.

Et il reste un lien avec la Russie, que les Atlantistes s'emploient activement à détruire - la base militaire russe en Arménie. Quand elle sera fermée, le pays sera livré pieds et poings liés. Le rêve ukrainien, puisque l'Ukraine est l'avenir de l'Europe, pourra pleinement se réaliser en Arménie.


- Source : Russie politics

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