Les métadonnées : L’empreinte numérique de chacune de vos photos, dont vous ne soupçonniez pas l’existence

À une époque où tout le monde se promène avec un GPS/superordinateur portable dans sa poche, il n’est pas surprenant que les données de localisation permettent de vous suivre à tout moment de la journée.

Mais si cela peut être semi-attendu, il existe un moyen par lequel les gens ne savent pas toujours qu’ils fournissent des informations : les photographies.

C’est le sujet d’un nouveau reportage de la BBC, qui s’est penché sur la quantité exacte d’informations que les gens fournissent avec les métadonnées de leurs photos – l'”empreinte digitale” numérique qui est attachée à chaque photo numérique que vous prenez.

Les métadonnées sont devenues une question nationale lorsque la comparaison de deux photographies de l’ancien président Trump au Walter Reed Medical Center a été examinée de près pour tenter de déterminer si elles avaient été mises en scène ou non, note la BBC. Les métadonnées ont également permis aux autorités de placer John McAfee en détention en 2012, après que les données de localisation d’une photographie aient révélé qu’il se trouvait au Guatemala à l’époque.

Ces données “s’insèrent automatiquement et de manière parasitaire dans chaque photo que vous prenez”, note la BBC. Et s’il n’est pas impossible de s’en débarrasser, la plupart des gens ne réalisent même pas qu’elles sont là avant de partager largement leurs photos sur les médias sociaux. Et si certaines plateformes suppriment les informations sensibles, comme le lieu où une photo a été prise, d’autres ne le font pas.

L’outil est devenu utile pour les enquêtes policières, et permet souvent de localiser les criminels sur une scène. Mais il est clair que les données peuvent aussi être utilisées à des fins malveillantes.

Et comme le note la BBC, il ne s’agit pas seulement des métadonnées cachées dans vos photos. Elles contiennent également un “identifiant personnel unique reliant chaque image que vous capturez à l’appareil photo spécifique utilisé”. Le rapport décrit ensuite à quel point les capteurs d’images sont uniques et comment ces données sont stockées :

"Pour comprendre ce qu’est cet identifiant, il faut d’abord comprendre comment une photo est prise. Au cœur de chaque appareil photo numérique, y compris ceux des smartphones, se trouve le capteur d’images. Celui-ci est composé d’une grille de millions de “photosites” en silicium, des cavités qui absorbent les photons (lumière). En raison d’un phénomène connu sous le nom d’effet photoélectrique, l’absorption de photons entraîne l’éjection d’électrons par un photosite, un peu comme un videur de boîte de nuit.

[…]

Les différentes sensibilités des photosites créent un type de filigrane d’image imperceptible. Bien qu’involontaire, il agit comme une empreinte digitale, unique au capteur de votre appareil photo, qui s’imprime sur chaque photo que vous prenez. Tout comme les flocons de neige (snowflakes), il n’existe pas deux capteurs d’images identiques".

La bonne nouvelle, cependant, est que ces données peuvent également être utilisées pour aider à identifier les fausses photos. Cela peut être utile à une époque où même les fausses vidéos, sans parler des fausses photos, commencent à être irréprochables. Hany Farid, professeur d’ingénierie électrique et de sciences informatiques à l’université de Californie, a déclaré que l’empreinte photographique peut “avoir des utilisations positives et négatives”.

Jessica Fridrich, de l’université de Binghamton, dans l’État de New York, a par exemple breveté une technique de prise d’empreintes photographiques, qui a ensuite “été officiellement approuvée pour être utilisée comme preuve médico-légale dans des affaires judiciaires aux États-Unis.”

Et comment éviter d’envoyer ses données personnelles quand on veut simplement prendre quelques photos du barbecue familial ? La BBC note qu’il existe de nombreux outils – comme EXIFTool – qui peuvent vous aider à accéder aux métadonnées et à les supprimer.