Grèce : l'Allemagne inquiète de la montée de la gauche, pas de celle de l'extrême droite
« Imaginons que Barack Obama ait appelé officiellement, avant les dernières élections législatives allemandes, à ne voter en aucun cas pour le parti social-démocrate (SPD) – la conséquence aurait été un tremblement de terre politique », écrit le quotidien allemand de gauche Tageszeitung à la une de son édition du 5 janvier.
C'est pourtant ce que le gouvernement allemand se permet de faire avec la Grèce, poursuit le journal. Dans son édition daté de lundi, l'hebdomadaire allemand Der Spiegel révèle en effet, trois semaines avant les élections législatives grecques du 25 janvier, que Berlin n’exclut plus une sortie de la Grèce de la zone euro si le parti de gauche radicale Syriza arrive au pouvoir, remet en cause le programme d’austérité en cours et demande de renégocier la dette du pays. Une information qui n’a pas été confirmée par Angela Merkel, mais qui a déclenché une salve de commentaires de la part des politiques allemands sur les élections grecques et le résultat du vote qui leur serait souhaitable.
En Allemagne, personne chez les conservateurs et les sociaux-démocrates ne veut voir arriver Syriza au pouvoir. Le ministre social-démocrate de l’Économie Sigmar Gabriel a par exemple déclaré qu’il attendait « du gouvernement grec, quel qu’il soit, que les accords conclus avec l’Union européenne soient tenus ». Du côté des Verts allemands, le porte-parole des écologistes sur les sujets européens au Bundestag, le parlement allemand, explique dans le Tageszeitung qu’il ne juge pas crédible qu’Alexis Tsipras, le leader de Syriza, « promette à ses électeurs des marges de manœuvres grâces à de nouvelles négociations ». Alexis Tsipras veut en effet négocier un allègement de la dette grecque et un programme social pour le pays. Mais pour les Grünen, « la Grèce doit s’en tenir aux accords. Le pouvoir des faits vaudra aussi pour Tsipras ». Syriza compte peu d’alliés à Berlin.
Seul le parti de gauche Die Linke soutient la campagne de la gauche grecque. Son président Bernd Riexinger a dénoncé une tentative de déstabilisation de la Grèce par le gouvernement allemand juste avant les élections. Il ne se trouve personne dans le débat public outre-Rhin pour attirer l’attention sur la dangereuse montée de l’extrême droite en Grèce : les néo-nazis d’Aube dorée avaient attiré plus de 9% des voix lors des élections européennes de mai. Ni pour mentionner la situation sociale dramatique, avec un chômage à plus de 25 %, dont les trois quarts de chômeurs de longue durée, et une pauvreté qui a explosé depuis 2010.
- Source : Rachel Knaebel