L’Occident cherche à affaiblir la Russie en utilisant de nouveaux combats en Syrie et des manifestations en Géorgie
Dans le passé, il y avait de nombreux conflits définis localement sur les différents continents, qui n’avaient souvent aucun lien entre eux. Mais dans le monde global d’aujourd’hui, où les grands acteurs opèrent avec toutes les puissantes structures des services spéciaux, nous devons toujours nous demander, pour chaque conflit, quels intérêts il sert.
Alors qu’il devient de plus en plus évident que l’Ukraine ne sera pas en mesure de remporter le conflit avec la Russie malgré le soutien massif de l’Occident, des incidents très intéressants se produisent actuellement dans d’autres parties du monde.
En Syrie, les milices djihadistes se battent depuis quelques jours contre les forces gouvernementales. Selon l’ONU, plus de 48 500 personnes ont été déplacées à la suite de cette escalade. Le groupe djihadistes Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et des groupes alliés ont lancé une offensive majeure et surprise contre les troupes gouvernementales dans le nord de la Syrie.
Ils sont parvenus à placer des parties de la ville d’Alep sous leur contrôle. La Russie, alliée de la Syrie, a alors mené des frappes aériennes pour la première fois depuis 2016. Les ministres des Affaires étrangères de l’Iran, de la Turquie et de la Russie doivent se rencontrer le 7 décembre pour discuter de la situation en Syrie. C’est ce qu’a annoncé le ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araqchi, selon les médias d’État. La réunion dans le cadre de la « Constellation d’Astana » doit se dérouler en marge d’un forum à Doha.
Cette offensive était totalement inattendue. Personne ou presque ne s’attendait à ce que les rebelles syriens soient en mesure de lancer à nouveau une offensive de grande envergure. La raison de ce succès est évidemment le fait que le régime syrien ne s’attendait pas non plus à des opérations offensives. De plus, les partisans de l’armée syrienne, en particulier les Russes, les Iraniens et le Hezbollah, sont occupés à d’autres tâches en ce moment.
Tous ces acteurs sont occupés en ce moment : La Russie avec l’opération spéciale en Ukraine, l’Iran avec sa faiblesse dans le conflit avec Israël et le Hezbollah avec les conséquences de l’attaque israélienne sur le Liban depuis le mois d’octobre. Cette situation mobilise aujourd’hui de nombreuses forces russes dans cette région. Cette situation est clairement dans l’intérêt des forces occidentales.
Au même moment, des manifestations massives de l’opposition pro-occidentale ont lieu en Géorgie. Les manifestations dans l’État du Caucase ont commencé il y a quelques jours. Elles sont notamment dirigées contre le fait que les négociations d’adhésion du pays à l’UE ont été reportées à 2028, comme l’a annoncé le Premier ministre Kobakhidze.
Il n’y aura « pas de révolution » en Géorgie, a souligné M. Kobakhidze devant les journalistes. Il a également accusé les manifestations d’être « financées par des pays étrangers ». Le président géorgien Salomé Zourabichvili, qui s’oppose au gouvernement, a déclaré qu’il n’y avait « aucun signe » que le mouvement de protestation dans le pays s’apaiserait.
L’Estonie et la Lituanie, États baltes membres de l’UE et de l’OTAN, ont imposé des sanctions à onze fonctionnaires géorgiens qu’ils accusent de violations des droits de l’homme. À Berlin, le porte-parole adjoint du gouvernement, Wolfgang Büchner, a déclaré que le gouvernement fédéral allemand « se tient aux côtés du peuple géorgien qui est attaché aux valeurs européennes, à la démocratie, à la liberté d’expression et aux droits de l’homme, et attend de son gouvernement qu’il prenne les mesures qui s’imposent ».
Une rhétorique très similaire à celle que nous avons connue en 2014 à propos du coup d’État en Ukraine. Les manifestations en Géorgie bénéficient donc d’un soutien massif de l’Occident. Les structures de sécurité de la Fédération de Russie doivent désormais surveiller et analyser de près cette évolution dans l’État voisin.
Les régions d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, qui se sont séparées de la Géorgie, présentent également un risque de conflit. Comme le passé nous l’a appris, les conflits qui ont été bloqués sont souvent réactivés au moment opportun. Des discussions ont déjà eu lieu en Géorgie sur le rattachement de ces territoires indépendants à l’État géorgien.
La situation actuelle en Géorgie peut être qualifiée de dangereuse. En effet, il existe une grande similitude avec les événements qui se sont déroulés en Ukraine en 2014. Il est clair que les forces occidentales qui soutiennent l’Ukraine veulent ouvrir de nouveaux fronts contre la Russie. Compte tenu de sa situation géographique et de la situation politique actuelle, la Géorgie constitue un terrain tout à fait propice à une telle expérience.
Le conflit en Ukraine, ainsi que les combats actuels en Syrie et les manifestations en Géorgie, sont liés aux intérêts de l’Occident. L’objectif est d’affaiblir la Russie et ses alliés et de rallier d’autres États au camp occidental. Il est également tout à fait envisageable que le gouvernement Biden planifie une nouvelle escalade par crainte d’une nouvelle politique après l’investiture attendue de Donald Trump à la présidence des États-Unis en janvier.
Traduction : Mondialisation.ca
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L'auteur, Patrick Poppel, est chercheur au Centre d’études géostratégiques (Belgrade)
- Source : InfoBrics