Crimes avec la CIA : 10 ans de prison pour le responsable du renseignement militaire italien
Auteur : Gilles Devers | Editeur : Admin | Samedi, 16 Févr. 2013 - 15h01
Une fois de plus, la justice italienne, délestée de la lourdeur gouvernementale sur le Parquet, montre la voie. La Cour d’appel de Milan, ce 12 février, a condamné Nicolo Pollari, ancien responsable du renseignement militaire italien, à dix ans de prison pour enlèvement, dans le cadre des opérations mafieuses conduites par la CIA en Europe contre ceux que le gouvernement US (Amérique du Nord) avait déclarés coupables.
L'affaire, c’est le rapt le 17 février 2003, à Milan, d’un réfugié politique égyptien, Abou Omar, qui s’est ensuite retrouvé sur une base américaine en Allemagne, avant d’être livré un an plus tard au gérant des intérêts US en Egypte, un certain Hosni Moubarak. Là, il a été placé dans une prison de « sécurité » pour être isolé et torturé pendant 7 mois.
La toile de fond, c’est cette fumisterie qui s’appelle la « guerre contre le terrorisme ». Le mécanisme est bien connu. Un chef d’Etat sans politique et sans âme décrète qu’il doit faire la guerre au terrorisme. Les services de propagande diffusent aussitôt des reportages montrant des méchants vrai de vrai, et le lendemain le chef de l’Etat ordonne des actes illégaux, voire criminels. Il fait adopter des lois qui permettent de contrôler des populations entières, et donne ordre aux services de commettre des crimes. L’un de ces Etats organise, sur toute la planète, des assassinats, choisis secrètement. Je vous rassure : c’est bien sûr la prison qui attend ce chef d’Etat, car force doit rester à la loi.
Selon le rapport de l'Open Society Justice Initiative, de ce début février, 57 chefs d’Etat sont impliqués : Afghanistan, Afrique du Sud, Albanie, Allemagne, Algérie, Arabie Saoudite Australie, Autriche, Azerbaïdjan, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Canada, Croatie, Chypre, Danemark, Djibouti, Egypte, Emirats arabes unis, Espagne Ethiopie, Finlande, Gambie, Géorgie, Grèce, Hong-Kong, Islande, Indonésie, Iran, Irlande, Italie, Jordanie, Kenya, Libye, Lituanie, Macédoine, Malawi, Malaisie, Mauritanie, Maroc, Ouzbékistan, Pakistan, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Somalie, Sri Lanka, Suède, Syrie, Thaïlande, Turquie, Yémen, Zimbabwe.
Leurs crimes ? Toute une gamme : présence d'une prison secrète de la CIA sur le territoire, conduite d'interrogatoires, actes de tortures, assistance à l’enlèvement ou au transport de détenus, fourniture de renseignements, autorisations de survol du territoire ou atterrissages secrets d’avions frelatés…
De toute l’Union Européenne Prix Nobel de la Paix, seuls trois Etats ont refusé leur concours : le Luxembourg, les Pays-Bas et la France. Je précise qu’à l’époque la France avait un président qui refusait d’être une serpillère US. Il s’appelait Jacques Chirac. Les temps ont bien changé.
Dans l’affaire d’Abou Omar, la justice italienne avait jugé le volet US en condamnant en septembre 2012 et janvier 2013, par contumace, vingt-trois agents de la section milanaise de la CIA, dont leur boss, Robert Seldon et Jeff Castelli, qui avaient pris huit et sept ans de réclusion. Le président US Prix Nobel de la Paix a donné ordre de ne pas exécuter les mandats d’arrêt délivrés par les juges italiens, considéré comme une sorte de sous-Etat. Chacun ses mœurs.
Le second volet concernait le service du renseignement militaire italien (le Sismi, devenu l’AISE). Un premier procès avait eu lieu en 2007, mais les agents italiens avaient été acquittés, au motif qu’ils ne pouvaient se défendre sans porter atteinte au secret d'Etat imposé par le gouvernement italien. Argument bidon, car l’obligation d’obéissance s’arrête devant l’ordre criminel.
Avec l’arrêt de ce 12 février, le général Nicolo Pollari, chef du Sismi de 2001 à 2006, prend dix ans de prison. Marco Mancini, le numéro deux, neuf ans et trois agents de rang inférieur, six ans. Tous sont planqués à l’étranger.
Sur le plan civil, il est alloué un million d'euros de dommages et intérêts à Abou Omar et 500 000 euros à sa femme.
Le volet judiciaire à venir va concerner les responsables politiques, car on voit mal le service du renseignement militaire pratiquer ces actes criminels en lien avec les mafieux de la CIA sans ordre gouvernemental. Berlusconi, Bush et Obama entaulés : là, enfin, les droits de l'homme commenceraient leur émancipation.
http://lesactualitesdudroit.20minutes-blogs.fr/
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L'affaire, c’est le rapt le 17 février 2003, à Milan, d’un réfugié politique égyptien, Abou Omar, qui s’est ensuite retrouvé sur une base américaine en Allemagne, avant d’être livré un an plus tard au gérant des intérêts US en Egypte, un certain Hosni Moubarak. Là, il a été placé dans une prison de « sécurité » pour être isolé et torturé pendant 7 mois.
La toile de fond, c’est cette fumisterie qui s’appelle la « guerre contre le terrorisme ». Le mécanisme est bien connu. Un chef d’Etat sans politique et sans âme décrète qu’il doit faire la guerre au terrorisme. Les services de propagande diffusent aussitôt des reportages montrant des méchants vrai de vrai, et le lendemain le chef de l’Etat ordonne des actes illégaux, voire criminels. Il fait adopter des lois qui permettent de contrôler des populations entières, et donne ordre aux services de commettre des crimes. L’un de ces Etats organise, sur toute la planète, des assassinats, choisis secrètement. Je vous rassure : c’est bien sûr la prison qui attend ce chef d’Etat, car force doit rester à la loi.
Selon le rapport de l'Open Society Justice Initiative, de ce début février, 57 chefs d’Etat sont impliqués : Afghanistan, Afrique du Sud, Albanie, Allemagne, Algérie, Arabie Saoudite Australie, Autriche, Azerbaïdjan, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Canada, Croatie, Chypre, Danemark, Djibouti, Egypte, Emirats arabes unis, Espagne Ethiopie, Finlande, Gambie, Géorgie, Grèce, Hong-Kong, Islande, Indonésie, Iran, Irlande, Italie, Jordanie, Kenya, Libye, Lituanie, Macédoine, Malawi, Malaisie, Mauritanie, Maroc, Ouzbékistan, Pakistan, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Somalie, Sri Lanka, Suède, Syrie, Thaïlande, Turquie, Yémen, Zimbabwe.
Leurs crimes ? Toute une gamme : présence d'une prison secrète de la CIA sur le territoire, conduite d'interrogatoires, actes de tortures, assistance à l’enlèvement ou au transport de détenus, fourniture de renseignements, autorisations de survol du territoire ou atterrissages secrets d’avions frelatés…
De toute l’Union Européenne Prix Nobel de la Paix, seuls trois Etats ont refusé leur concours : le Luxembourg, les Pays-Bas et la France. Je précise qu’à l’époque la France avait un président qui refusait d’être une serpillère US. Il s’appelait Jacques Chirac. Les temps ont bien changé.
Dans l’affaire d’Abou Omar, la justice italienne avait jugé le volet US en condamnant en septembre 2012 et janvier 2013, par contumace, vingt-trois agents de la section milanaise de la CIA, dont leur boss, Robert Seldon et Jeff Castelli, qui avaient pris huit et sept ans de réclusion. Le président US Prix Nobel de la Paix a donné ordre de ne pas exécuter les mandats d’arrêt délivrés par les juges italiens, considéré comme une sorte de sous-Etat. Chacun ses mœurs.
Le second volet concernait le service du renseignement militaire italien (le Sismi, devenu l’AISE). Un premier procès avait eu lieu en 2007, mais les agents italiens avaient été acquittés, au motif qu’ils ne pouvaient se défendre sans porter atteinte au secret d'Etat imposé par le gouvernement italien. Argument bidon, car l’obligation d’obéissance s’arrête devant l’ordre criminel.
Avec l’arrêt de ce 12 février, le général Nicolo Pollari, chef du Sismi de 2001 à 2006, prend dix ans de prison. Marco Mancini, le numéro deux, neuf ans et trois agents de rang inférieur, six ans. Tous sont planqués à l’étranger.
Sur le plan civil, il est alloué un million d'euros de dommages et intérêts à Abou Omar et 500 000 euros à sa femme.
Le volet judiciaire à venir va concerner les responsables politiques, car on voit mal le service du renseignement militaire pratiquer ces actes criminels en lien avec les mafieux de la CIA sans ordre gouvernemental. Berlusconi, Bush et Obama entaulés : là, enfin, les droits de l'homme commenceraient leur émancipation.
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