François Hollande : halte au feu !
Tout hallali a quelque chose d’un peu indigne et écœurant. Quand on n’a pas le goût de la meute, on ne peut se réjouir de l’emballement actuel visant un homme et faisant de celui-ci le bouc émissaire de tous les maux du temps. Surtout quand cet acharnement se sert des rumeurs les plus basses, répercute (sans analyse ni distance) la moindre des allégations d’une maîtresse répudiée et revancharde, se vautre dans le ragot, le crapoteux et multiplie les références, plus misérables les unes que les autres, à l’intimité et au physique de la cible.
D’évidence, nous ne sommes plus ici dans le registre du débat politique mais dans celui de la chasse à l’homme, dont le caractère à la fois abject et grotesque est renforcé par le fait qu’elle vise un simple pion du système, un chef de bureau du mondialisme, un CDD de l’oligarchie qui sera bien vite remplacé par un clone plus présentable une fois que la vindicte « populaire » l’aura mis à bas. Sans que rien ne change sur le fond, évidemment.
Mais à qui profite le lynchage ? À tout le monde, en vérité. À tous ceux qui veulent faire croire au bon peuple que les difficultés de la France sont liées à un acteur particulier et non à un système global dans lequel nous ont inscrits et incorporés tous les gouvernements successifs, et plus particulièrement ceux de Nicolas Sarkozy par le biais de la réintégration à l’OTAN et de l’enregistrement du « traité de Lisbonne », rejeté par le vote populaire. À la gauche aussi, qui pourra se décharger de ses fautes et errements sur un seul individu et proposer une solution « alternative » sous la forme d’un candidat incarnant le « vrai changement ». À la droite, bien entendu, qui tente à bon compte de faire oublier son bilan catastrophique, ses reniements, ses trahisons et ses incapacités.
Il n’est d’ailleurs pas sans ironie de voir cette « droite » libérale – qui rêve de suppression du Code du travail, d’abaissement du SMIC et de dérégulation du marché du travail – feindre de s’offusquer que le président de la République qualifie les pauvres de « sans-dents ». Les exploiter, les sous-payer, les mépriser, d’accord, mais discrètement quand même, avec les formes… Il suffit d’ailleurs, pour finir de se convaincre de l’hypocrisie de la « protestation », de se pencher sur l’origine et le statut social de ceux qui se sont immédiatement emparés du terme de « sans-dents » pour en faire un argument politique, des comités et des sites Internet.
La croisade anti-Hollande est indiscutablement une faillite intellectuelle et politique, une solution de facilité pour apaiser les frustrations et les détourner d’une véritable remise en cause des fondements profonds du naufrage français. Une opération d’enfumage, une de plus.
- Source : Xavier Eman