Bayrou a-t-il fait chanter Macron pour être Premier ministre ?

« Cela s'est très mal passé », selon une source proche du camp présidentiel, après l'entretien entre Emmanuel Macron et François Bayrou. À contrecœur, le président a finalement décidé de le nommer Premier ministre.

François Bayrou avait déjà été reçu deux fois par le chef de l’État. Ils s’étaient également entretenus au téléphone. À ce moment-là, le président de la République n’avait pas choisi le maire de Pau comme Premier ministre et le lui avait fait savoir. Le président hésitait entre le macroniste historique Roland Lescure, dont le nom avait été évoqué avec insistance jeudi, et le ministre des Armées Sébastien Lecornu. François Bayrou est arrivé très tôt ce vendredi 13 décembre, à 8 h 30.

L’entretien, ou plutôt l’engueulade, a duré près de deux heures. Le patron du Modem a fait comprendre au président qu’il pourrait retirer son parti du bloc central, réduisant ainsi le socle commun à l’Assemblée nationale. Arrivé par la porte principale de l’Élysée, rue du Faubourg-Saint-Honoré, François Bayrou est reparti, rouge de colère, par « l’aile Madame », rue de l’Élysée, un passage où aucune caméra n’est autorisée, ce qui n’est généralement pas bon signe après ce type de rendez-vous.

Après le départ de François Bayrou, Emmanuel Macron demande à plusieurs conseillers de le rejoindre dans son bureau. Ils s’entretiennent un long moment. Vers 11 h 30, le président réunit sa garde rapprochée et s’apprête à choisir François Bayrou, qu’il avait éliminé de la course quelques heures plus tôt. Finalement il conclut en disant « sinon il me claque entre les doigts ».

Il faudra attendre 12 h 41, soit près de deux heures après le départ du maire de Pau pour que l’Élysée publie un communiqué laconique : « Le président de la République a nommé M. François Bayrou Premier ministre, et l’a chargé de former un gouvernement. » Une atmosphère de fin de règne.

Le Premier ministre représentant le président et non l’intérêt général, il ne reste plus qu’à attendre le prochain 49-3, la prochaine censure, et c’est reparti !