www.zejournal.mobi
Dimanche, 15 Déc. 2024

Chute d’Assad : réactions et conséquences

Auteur : E&R | Editeur : Walt | Mardi, 10 Déc. 2024 - 15h42

Damas est tombée, la famille Assad, et probablement son clan alaouite, sont en fuite à l’étranger (à Moscou, selon les dernières infos). Les Iraniens avaient proposé une défense pour le pays, mais Assad avait refusé, pour une question de souveraineté, et pour ne pas finir comme l’Irak. Les Russes, eux, n’ont pas pu empêcher l’invasion djihadiste du pays par leur aviation, et puis ils sont occupés ailleurs. De plus, leurs bases ne sont pas menacées, ce qui indique peut-être un deal.

Le tweet officiel de l’armée iranienne n’y changera rien :

Le moment était idéal pour l’alliance américano-ottomane et pour Israël, dont les tanks ont déjà franchi les limites du Golan, déjà arraché à la Syrie, et dont les avions bombardent ce qui reste de l’armée régulière syrienne près de Damas. Toute la carte du Proche-Orient se redessine à nouveau, provoquant une incertitude maximale, donc un risque maximal.

L’ONU s’attend à 1,5 million de réfugiés syriens. Le chef djihadiste Abu Muhammad al-Jolani promet des mesures humanitaires, mais personne ne le croit, sauf la presse occidentale, qui a enfin eu la peau d’un des piliers de l’axe de la résistance. Et qui parle de « djihadistes modérés », comme ici le Telegraph :

La presse française, à la traîne de l’alliance américano-sioniste, se frotte les mains. Elle pourrait bien le regretter, comme le souligne Bruno Gollnisch sur X :

« La conquête de la Syrie par les islamistes est un évènement dramatique, et pas seulement pour les chrétiens et autres minorités.
L’Occident, et notamment la France, en est responsable , du fait des sanctions économiques qui ont empêché la reconstruction de ce malheureux pays. Après des années d’une terrible guerre, il a été ainsi maintenu de façon absurde et néfaste dans la misère, ouvrant la voie aux islamistes, de leur côté puissamment armés et soutenus.
Politique insensée qui pourrait bien, à partir de cette base arrière, se retourner contre nous … »

Voici la réaction lucide d’Alexandre Douguine, qui garde néanmoins espoir :

Les images en plan serré venues de Homs nous rappellent la chute de Saddam Hussein en 2003, et le chaos qui a suivi. Ce sont les Irakiens qui ont payé le prix fort de leur « libération » par les Anglo-Américains...

Le regime change à l’américaine n’annonce rien de bon pour le peuple syrien. Ce n’est pas seulement le clan ou le « régime » Assad qui sont tombés, mais bien toute la Syrie, et elle est tombée dans l’escarcelle israélo-turque, en partie. Le dépeçage a commencé. La fille d’Erdo?an a tweeté « Assad a perdu, Erdo?an a gagné ».

Quand France Info explique que le régime d’Assad était « sous assistance respiratoire », il ne précise pas qui a coupé l’oxygène de la Syrie, l’empêchant de se reconstruire après dix ans d’une guerre terrible. Il s’agit du Caesar Act, émis par les Américains et docilement appliqué par les Européens.

La Syrie, frappée sans répit par le terrorisme international organisé par l’Empire, n’avait aucune chance de se relever. Aujourd’hui, des proxys vont gérer ce pays, qui sera de toute façon dépecé, à l’irakienne. Le Proche-Orient a reculé d’un siècle en une semaine.

Des questions de posent : quid de la relation entre l’Irak et la nouvelle Syrie ? L’Iran peut-il empêcher les combattants djihadistes d’essaimer en Irak ? De quel côté vont basculer les Kurdes ?

Le Grand Israël avance, il ne manque plus que la destruction de l’Iran et l’arrivée du Machiah, le faux messie promis par les militaires de Tel-Aviv aux religieux allumés. Mais pour ça, il faudra la guerre mondiale. Finalement, le Grand Jeu devient plus clair pour tout le monde.

Réactions de Macron et de Scholz

Le tweet de Macron, totalement soumis à ses maîtres mondialistes, n’étonnera personne. La barbarie est toujours plus verte ailleurs...

« L’État de barbarie est tombé. Enfin.
Je rends hommage au peuple syrien, à son courage, à sa patience. Dans ce moment d’incertitude, je forme pour lui des vœux de paix, de liberté et d’unité.
La France restera engagée pour la sécurité de tous au Moyen-Orient ».

Le chancelier Scholz, aussi désavoué que Macron par son peuple, relaie lui aussi la voix de leur maître commun.

« Bachar el-Assad a opprimé son propre peuple de manière brutale, il a d’innombrables vies sur la conscience et a poussé de nombreuses personnes à fuir la Syrie, dont beaucoup sont arrivées en Allemagne »

Une bonne nouvelle pour Israël



Les Syriens libérés de leur dictateur (dixerunt nos médias soumis) fuient leur pays

Le chassé-croisé entre les juillettistes et les aoûtiens n’est pas certain…

Il y a heureusement encore des universitaires dans les médias mainstream qui ne sont pas là pour dire les mêmes âneries que d’autres « spécialistes ». Myriam Benraad, dans L’Express :

« Cette libération n’en est pas vraiment une. Il n’y a qu’à voir les dizaines de milliers de civils qui sont en train de fuir les territoires conquis, et plus largement toute la Syrie. Il faut faire attention aux images diffusées, car ce sont celles des mouvances djihadistes. Elles ne font pas l’unanimité et ne reflètent pas toute la réalité sur le terrain ».

Bachar el-Assad et sa famille sont à Moscou

***

Jacques Baud : « Bachar el-Assad n’a pas été lâché par les Russes »

Bachar el-Assad s’est très bien rendu compte de cette situation, il a très bien vu que la situation était un peu désespérée, si vous voulez, et je pense que c’est la raison pour laquelle il a commencé à négocier avec les « rebelles » pour qu’il n’y ait pas de combats. Il a constaté que la guerre de 2011 à 2017, à peu près, avait coûté de très nombreuses vies de citoyens syriens, qu’elle avait amené des destructions qui n’ont pas pu être réparées depuis, et par conséquent l’idée de Bachar el-Assad était probablement de dire « on ne va pas refaire une guerre, […] on épargne des vies et on change de régime ».

Il n’a pas été lâché par les Russes. Bachar el-Assad n’a pas voulu avoir une nouvelle guerre syrienne qui aurait fait d’énormes victimes. Et de nouveau, il faut sortir de la logique occidentale de garder le pouvoir, etc. C’était pas quelqu’un qui était attaché au pouvoir ; c’est quelqu’un qui était attaché, je pense, à ce que son peuple vive bien. Comme je l’ai dit, la soi-disant révolution que nous avons eu dans les années précédentes, était le fait des Occidentaux, et d’Israël (dans les Occidentaux, je mets Israël, parce qu’Israël n’est pas un pays du Moyen-Orient, c’est un pays en fait occidental). La logique humaine, pas la logique politique ni peut-être la logique stratégique, a fait dire à Bachar el-Assad « ça sert à rien de faire souffrir davantage le peuple ». C’est pour ça qu’il n’a pas demandé même l’aide des Iraniens ou l’aide des Irakiens. Les Russes, c’est un peu différent. Les Russes, dans un premier temps, ont voulu aider Bachar el-Assad, mais apparemment, et c’est d’ailleurs ce que dit le communiqué du ministrère des Affaires étrangères russe, les Russes n’ont pas été impliqués dans la négociation menée par le gouvernement syrien et les rebelles ou la Turquie – il n’y a pas de clarté à ce stade entre qui et qui a eu lieu cette négociation. Les Russes, dans un premier temps, ont voulu réagir parce qu’ils pensaient que l’armée syrienne réagirait, mais ça n’a pas été le cas, et les Russes ont appliqué une logique assez simple, d’ailleurs ; c’est la même logique qu’on a eu en Arménie, lorsque les Arméniens ont cédé le Nagorny Karabakh à l’Azerbaïdjan. Les Russes ont dit « si vous-mêmes vous ne voulez pas défendre cette terre, c’est pas nous qui allons la défendre à votre place ».

E&R

***

La chute du régime syrien – Décryptage de François Asselineau

Le régime syrien, qui avait résisté à une guerre civile pendant 13 ans, s'est effondré brutalement en 13 jours. Bachar Al-Assad s'est enfui cette nuit, et des rumeurs, invérifiables pour le moment, affirment qu'il aurait péri dans un avion de Syrian Air abattu près de Homs.

François Asselineau révèle les jeux de pouvoir internationaux qui ont précipité la fin du régime syrien en seulement 13 jours.

La capitale Damas est tombée aux mains de Hayat Tahrir al-Sham (« Organisation de libération du Levant ») et de son chef Abou Mohammed al-Joulani (alias de Ahmed Hussein al-Chara). Cet homme a été membre du Front Al-Nosra, dont Fabius avait dit, le 13 décembre 2012, qu’il faisait « du bon boulot ». Puis que la France avait classé 5 mois ½ après (30 mai 2013), à la suite des Américains, parmi les organisations terroristes.

Al-Joulani est présenté aujourd’hui par les médias occidentaux comme un «islamiste modéré». Il s’agit d’une propagande visant les publics occidentaux, menée pour les motifs stratégiques exposés plus bas. Pourtant, le Hayat Tahrir al-Sham est l’héritier du Front Al-Nosra, de Al-Qaïda et de Daesh (responsable des attentats en France : Bataclan, etc.). Il suit l’idéologie salafiste et son programme officiel est toujours d’instaurer en Syrie un État islamiste régi par la Charia.

Ce mouvement désormais au pouvoir à Damas est d’ailleurs toujours qualifiée d’organisation terroriste par les États-Unis depuis le 31/5/2018, la Turquie depuis le 31/8/2018, la Russie depuis le 4/7/2020 et l’Union Européenne depuis septembre 2020. Mais ce sont des apparences, pour duper les opinions publiques occidentales.

Dans les coulisses, on sait que le Hayat Tahrir al-Sham est soutenu financièrement par le Qatar, et sans doute par l’État profond des États-Unis. Il est également soutenu stratégiquement et militairement, plus ou moins discrètement, par les États-Unis, Israël, la Turquie et l’Ukraine.

Pourquoi ? Parce que tous ces États y trouvent un intérêt stratégique :

La chute du régime laïc de Bachar Al-Assad favorise l’expansion de l’islamisme que promeut le richissime Qatar, gorgé de ressources gazières. La chute de Assad, allié de la Russie et de l’Iran, constitue un grave revers pour Moscou, qui possède 2 bases militaires très importantes en Syrie depuis 2017 (et théoriquement jusqu’en 2066) : la base aérienne de Khmeimim à Lattaquié et la base navale du port de Tartous. En outre, l’installation à Damas d’un pouvoir islamiste pro-occidental permet à Washington de poursuivre son pillage des ressources en hydrocarbures au nord-est de la Syrie.

La chute de Assad présente des avantages multiples et considérables pour Tel Aviv : elle fait perdre à l’Iran un allié décisif au Proche-Orient pour mener des actions hostiles à Israël, prive le Hezbollah d’une base arrière essentielle, affaiblit l’État syrien, peut-être jusqu’à son démantèlement, et permet de prendre des gages territoriaux. C’est déjà le cas puisque Tsahal vient de prendre la ville de Al Quneitra, sur les hauteurs du Golan, pour agrandir sa zone tampon.

Bien qu’ayant de bonnes relations avec Poutine, Erdogan poursuit ses rêves de grandeur ottomane et son refus absolu de laisser se créer un Kurdistan. Il veut établir une «ceinture de sécurité d’Ouest en Est» le long de la frontière sur environ 30km de profondeur en Syrie. Un éventuel partage de l’État syrien, avec Israël et un État fantoche de Washington, lui conviendrait très bien.

L’Ukraine a envoyé des officiers instructeurs à Al pour affaiblir la Russie.

Bachar Al-Assad a chuté car ses 3 principaux soutiens ont dû le lâcher, étant tous trois trop occupés ailleurs : le Hezbollah au Liban, la Russie en Ukraine et l’Iran en interne. Les stratèges du Deep State des États-Unis et d’Israël ont profité au mieux de cette formidable concomitance. Le futur proche montrera si la Russie n’a pas négocié le lâchage de Assad en Syrie contre le lâchage de Zelensky en Ukraine par Trump.

François Asselineau sur son canal Telegram et son compte X.

par Yoann - Le Média en 4-4-2


- Source : E&R

Cela peut vous intéresser

Commentaires

Envoyer votre commentaire avec :



Fermé

Recherche
Vous aimez notre site ?
(230 K)
Derniers Articles
Articles les plus lus
Loading...
Loading...
Loading...