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3 millions de tonnes par an pour Coca-Cola, 750 000 pour Danone… : quand les multinationales révèlent leur production de plastique

Auteur : Olivier Petitjean | Editeur : Walt | Dimanche, 05 Mai 2019 - 15h11

Certaines multinationales ont accepté pour la première fois de dévoiler la quantité de plastique qu’elles produisaient chaque année – et les chiffres donnent le vertige. Un début de transparence qui ne fait que souligner le besoin urgent de mesures contraignantes, au-delà des promesses vertes et des initiatives volontaires, pour mettre fin aux ravages de la pollution plastique.

Le débat sur le plastique et son impact environnemental, notamment sur les océans, a pris énormément d’ampleur ces dernières années. Gouvernements et entreprises, de plus en plus interpellés par l’opinion et les consommateurs, ont multiplié les annonces et les engagements sur le sujet. Dans le cadre d’un programme lancé par la fondation Ellen McArthur, créée par la célèbre navigatrice britannique, certaines grandes multinationales ont même accepté de dévoiler la quantité d’emballages plastiques qu’elles produisent chaque année pour écouler leurs produits. Et les chiffres donnent le vertige.

Coca-Cola déclare ainsi produire par an au niveau du groupe (incluant la célèbre boisson gazeuse mais aussi ses autres marques comme Fanta et Minute Maid) pas moins de 3 millions de tonnes de plastique. Nestlé occupe la deuxième place mondiale avec 1,7 millions de tonnes, et Danone la troisième avec 750 000 tonnes annuelles, principalement liées à ses activités dans l’eau en bouteille.

Plusieurs multinationales ont refusé de jouer le jeu de la transparence, à commencer par PepsiCo dont on peut imaginer que la production de plastique est aussi très importante. Parmi les mauvais élèves, on compte également L’Oréal, Pernod Ricard, et les groupes de la grande distribution (mis à part Carrefour qui publie une estimation, mais seulement pour les produits sous marque propre).

La coalition internationale « Break Free from Plastic », regroupant des associations écologistes, a récemment abordé le problème par l’autre bout, en demandant à des milliers de bénévoles de récolter des déchets plastiques partout dans le monde et d’identifier à quelles marques ces déchets étaient liés. Le résultat est le même : les déchets de marques appartenant à Coca-Cola sont les plus omniprésents, suivis par ceux de PepsiCo, Nestlé et Danone.

Stratégies de diversion

Jusqu’à aujourd’hui, les industriels producteurs et utilisateurs de plastique (de l’industrie chimique à l’agroalimentaire) avaient adopté une stratégie consistant à déplacer totalement l’attention vers la responsabilité des consommateurs individuels, accusés de ne pas mettre leurs déchets au « bon » endroit. Un message que l’on retrouve par exemple en France avec la campagne « Gestes propres », derrière laquelle on retrouve Coca-Cola, Danone, Nestlé ou Total (lire notre article, ainsi que notre enquête plus large au niveau européen).

Aujourd’hui, alors que le problème du plastique prend de plus en plus d’ampleur, les industriels tendent à changer leur fusil d’épaule. Ils misent plutôt sur la participation à des initiatives et des programmes de « responsabilité sociale » comme celui de la fondation Ellen McArthur ou encore l’« Alliance pour mettre fin à la pollution plastique » lancée en janvier dernier par des multinationales parmi les principales responsables de cette même pollution.

Ces initiatives se concentrent généralement sur des projets consistant à collecter les déchets plastiques présents dans les rivières et les océans, ou encore à promouvoir des alternatives comme le « bioplastique » ou le « recyclage du plastique ». Problème : il s’agit de notions souvent confuses, recouvrant des technologies variées qui ne répondent que très partiellement au problème, faute de l’attaquer à la racine en réduisant la production et la consommation de plastique.

Les mesures contraignantes retardées

C’est dans le même esprit que le gouvernement français a lancé en grande pompe il y a quelques semaines un « pacte national sur les emballages plastiques », en partenariat avec la même fondation Ellen McArthur. Parmi les signataires, on retrouve Auchan, Carrefour, Casino, Coca-Cola, Danone, L’Oréal, ou encore Nestlé. Une initiative trop timide, selon les ONG Zero Waste France et Surfrider, pour qui « le temps n’est plus aux engagements volontaires mais à l’adoption de mesures réglementaires nationales susceptibles d’enrayer la crise de la pollution plastique ».

Les deux associations dénoncent l’absence d’« objectif chiffré de réduction nette des quantités d’emballages plastiques jetables » et surtout le fait qu’« il s’agit d’un Pacte “volontaire”, qui ne s’appliquera donc pas à l’ensemble des acteurs économiques mais seulement aux parties prenantes qui se considèreront liées ». « Il ne peut donc se substituer à une politique publique issue d’un débat démocratique et s’appliquant à tous », concluent-elles.

Dans le même temps, en effet, les législateurs français multiplient les signaux négatifs. Les Sénateurs sont revenus sur les interdictions de plusieurs ustensiles plastiques à usage unique votés dans le cadre de la loi EGalim. Et le projet de loi sur l’économie circulaire ne semble pas prévoir de mesures contraignantes sur le sujet.

Photo d'illustration: Michael Coghlan CC via flickr


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