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Mardi, 26 Nov. 2024

Après Alstom, le gouvernement abandonne Alcatel

Auteur : Laurent Herblay | Editeur : Walt | Lundi, 20 Avr. 2015 - 21h34

Il y a près d'un an, après une tragi-comédie qui a tenu en haleine les médias, Alstom s'était fait dévoré par General Electric, qui a été plus malin que Siemens. Un an après, exactement le même destin se dessine pour Alcatel-Lucent, qui va être croqué par Nokia.

L'abandon de notre industrie

Il y a une vingtaine d’années, Alcatel-Alstom était un des fleurons industriels de notre pays, une des toutes premières capitalisations boursières de France, un groupe qui faisait notre fierté, le General Electric national. Après des erreurs de stratégie, l’ancien conglomérat a été débité en morceaux : Alcatel, Astom et Nexans. Alstom réunissait les activités de production de trains (notamment le TGV) et d’énergie. Mais l’année dernière, le petit poucet français a fait saliver les deux mastodontes Siemens et GE. Après une féroce bataille politique, le géant étasunien l’a emporté, et, contrairement aux belles promesses d’Arnaud Montebourg, a bien croqué Alstom et l’a découpé en morceaux.

Malheureusement, le même scénario se répête avec Alcatel-Lucent. Ici, le groupe français s’était rapproché d’un rival étasunien pour peser dans le marché des équipements de télécommunications. Mais il semble que l’ancien géant du téléphone portable finlandais veut faire subir à Alcatel ce que GE fait à Alstom. Bien sûr ce rachat est présentée comme une fusion et « Nokia s’engage à maintenir les emplois chez Alcatel en France durant deux ans », mais après ? Ces engagements ont toujours une durée de vie limitée, et nous sommes bien placés pour savoir que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, que ce soit pour Péchiney (dévoré par Alcan), Arcelor (digéré par Mittal), ou Alstom.

Nos dirigeants aux abonnés absents

Bien sûr, Nicolas Sarkozy avait volé au secours d’Alstom quand il était ministre de l’économie et les rumeurs d’un rachat de Danone par Pepsi avaient provoqué une réaction. Mais il faut aussi voir que la droite a laissé faire la destruction de Pechiney, pourtant un fleuron de notre industrie, tout comme la pseudo-fusion d’Arcelor avec Mittal, qui a abouti à une prise de contrôle du premier par le second. C’est une opération que le simple patriotisme ou le souci d’un minimum de concurrence (les deux entreprises étaient les deux plus grands sidérurgistes) auraient du stopper. Malheureusement, il semble que la majorité actuelle soit encore plus apathique que la précédente, ne s’opposant à presque rien.

Car, outre Alstom, il faut noter que le gouvernement semblait décider à laisser faire la fusion de Publicis et Omnicom, qui a échoué pour d’autres raisons, de même que le rapprochement Holcim/Lafarge, pourtant contestable, et ne semble avoir rien à redire au rachat d’Alcatel par Nokia. Pire encore, le gouvernement a permis une prise de participation à bon prix dans PSA par un groupe chinois. Bref, ici, loin du patriotisme économique d’opérette communicante d’Arnaud Montebourg, le PS semble laisser filer tous nos fleurons industriels qui semblent intéresser des rivaux. Pire, contre quelques engagements dérisoires, nos ministres se transforment en VRP de ce qui n'est qu’un démantèlement.

L’accord Nokia-Alcatel doit bien évidemment être combattu, au regard des leçons du rachat d’Alstom par GE. Il est bien évident que la France perdra à un tel rapprochement, qui sacrifiera nos usines et notre savoir-faire, affaiblissant plus encore une base industrielle qui n’en a pas besoin.


- Source : Laurent Herblay

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