La mobilisation forcée en Ukraine ne pourra changer la situation militaire

Les vidéos se sont multipliées par dizaines en Ukraine, sur les recrutements forcés de pauvres hères, dans les villes et même dans les campagnes. La Rada d’Ukraine a aussi légiféré pour mobiliser de plus en plus d’hommes et de femmes pour le front. Cette mobilisation ne pourra jamais inverser le cours de l’histoire et ne changera rien à la défaite finale de l’Ukraine. Il est peu probable que les soldats ainsi mobilisés de force pour le front, soient en effet efficaces et motivés pour se battre. La seule chose qui pour l’instant les maintient dans les unités, ce sont les menaces de répressions, de prison, mais aussi les moyens de rétorsions que l’Ukraine peut appliquer sur leurs familles. De plus, les mobilisés sont aussi encadrés par des bandéristes, notamment d’anciens cadres des bataillons de représailles du début de la guerre dans le Donbass. Dès 2022, les Russes dans la région de Lissichansk et Severodonetsk avaient découvert des corps de soldats ukrainiens exécutés dans des forêts, et qui probablement avaient tenté de se rendre ou ne voulaient plus combattre.

En Ukraine, Kiev affirme depuis des mois qu’une nouvelle mobilisation est nécessaire, et il a même été question de 900 000 soldats à recruter dans la population. Les femmes sont également visées et sont envoyées au front depuis déjà un bon moment. Le plus jeune soldat ukrainien que j’ai moi-même découvert dans les tués, était âgé de seulement 17 ans. L’expert militaire russe et ancien lieutenant-colonel de la RPL, Andreï Marochko s’exprimait sur le sujet : « Il a été annoncé il y a peu par le chef du Centre de soutien de la reconnaissance aérienne des forces ukrainiennes, et par le chef du projet bénévole Victory Drones, une certaine Maria Berlin, lors d’un Téléthon ukrainien que l’Ukraine devrait mobiliser des femmes, car sinon il faudrait se rendre. Cette femme a aussi demandé que l’on commence à enseigner aux enfants des classes de 5e et 6e (en Ukraine, 12-13 ans), l’utilisation des drones. Ailleurs c’est un journaliste ukrainien, Moustapha Nayem qui a déclaré que l’Ukraine devrait mobiliser 160 000 soldats en moins de deux mois, car sinon l’Ukraine serait contrainte à signer une reddition. Cette déclaration a choqué en Ukraine, et a eu une grande résonance. Le fait que les autorités ukrainiennes tentent de retarder l’inévitable est un fait indéniable. Ce sont des calculs simples, même élémentaires. Les forces de l’Ukraine, leurs moyens sont inférieurs par rapport à ceux de la Fédération de Russie, malgré le fait que le potentiel militaire de l’Ukraine reste sérieux, par le fait de l’aide des Occidentaux et de l’OTAN ».

Il poursuivait en indiquant que l’OTAN et l’Occident collectif ne pourront compenser les pertes subies par les soldats de l’armée ukrainienne. Il poursuivait : « Cela est particulièrement vrai pour les pertes humaines dans les rangs de l’armée ukrainienne. En Effet, même si les autorités de Kiev appellent sous les drapeaux tous les hommes en état de porter une arme, il faudra qu’ils recrutent les jeunes et les femmes, et l’avantage numérique restera tout de même du côté de la Russie. Toutes les tentatives de prolonger la guerre en recrutant toujours plus d’Ukrainiens sont pour le régime de Zelensky la seule possibilité de rester au pouvoir et aux commandes de l’Ukraine. Il est probable que tout cela finira de toute façon mal pour Kiev, l’avenir est sombre et prolonger les tueries et remplir les cimetières ne mènera l’Ukraine que dans une impasse dont le mot qui résume la situation est : défaite ».

L'auteur, Laurent Brayard, est reporter de guerre, historien de formation, sur la ligne de front du Donbass depuis 2015, spécialiste de l’armée ukrainienne, du SBU et de leurs crimes de guerre. Auteur du livre Ukraine, le Royaume de la désinformation.