Le discours victimaire délirant de Rokhaya Diallo aux Nations unies
On a écouté de bout en bout la tirade de Rokhaya Diallo qui veut se faire passer pour une victime du racisme en France, alors qu’elle est invitée régulièrement par les médias gauchistes pour cracher sur la France et les Français. Un cas de racisme inversé et inconscient particulièrement grossier sur la ligne des figures antifrançaises Assa Traoré ou Yseult. Alors que Rokhaya se dit « bâillonnée », elle est invitée sur tous les médias de gauche (90 % du paquet) et le 2 octobre 2024 par le Conseil des droits de l’homme à l’ONU pour porter sa parole essentialiste, et, au fond, tranquillement raciste.
Nous avons surligné les passages les plus faux ou les plus fous, par exemple quand elle laisse entendre que les cas dramatiques de Naomi et Aïcha, dont la douleur n’a pas été prise en compte par les services d’urgence, sont dus à une cruauté raciste, alors que Blancs et Noirs meurent ensemble sans distinction (de couleur de peau) dans les urgences de l’axe Buzyn-Salomon-Véran-Hirsch-Delfraissy-Macron, les vrais responsables de la dégradation du soin national !
Quelle honte d’opposer les victimes, et de laisser les responsables tranquilles... Joli cas d’hypocrisie par déni d’un conflit triangulé organisé par l’oligarchie. Malhonnête ou sotte, à vous de choisir.
Tout n’est pas faux dans cette diatribe, mais les exagérations et surtout l’obsession essentialiste de Rokhaya ruinent la noble lutte contre les injustices, qui ne connaît pas de couleur, puisqu’il s’agit essentiellement d’un conflit de classes entre peuple et oligarchie, avec quelques aménagements et complexifications depuis le XIXe siècle de Marx.
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Mesdames, Messieurs, tous et toutes, je vous remercie de votre invitation. Je m’appelle Rokhaya Diallo, je suis journaliste, réalisatrice, et je souhaite vous parler de la manière dont le racisme frappe singulièrement les femmes afro-descendantes. Je suis consciente du privilège qui m’est offert de m’exprimer ici, quand à travers le monde les activistes luttent anonymement contre le racisme et contre le sexisme au péril de leur sécurité et de leur santé physique et mentale.
Cet été, les yeux étaient rivés sur la France qui accueillaient les Jeux olympiques et paralympiques. Mon pays a brillé, renvoyant au monde l’image d’une pluralité heureuse. Pourtant, tout le monde n’était pas à la fête : les sportives musulmanes, abordant un foulard, ont été bannies des jeux dans leur propre pays, alors que les hommes partageant les mêmes convictions, tout comme les athlètes musulmanes couvertes venues d’autres pays, ont pu pratiquer leur sport en toute liberté.
Au nom d’une interprétation stigmatisante du principe de laïcité, censé garantir la neutralité de l’État, et non des citoyens, les femmes musulmanes françaises sont entravées non seulement dans leur liberté de conviction mais également dans leur droit à disposer de leur corps. En effet, le racisme systémique, forgé par une longue histoire esclavagiste, coloniale et génocidaire de dépréciation des corps marginalisés, marque encore aujourd’hui nos destinées.
En 2018, l’expérience hospitalière de la joueuse de tennis Serena Willams après son accouchement, révélait au monde combien la douleur des femmes noires était déconsidérée par les soignantes et les soignants. Aux États-Unis les femmes noires rencontrent trois à quatre fois plus de risques de mourir de complications liées à leur grossesse que les femmes blanches. En Europe, une étude parue en janvier dernier révélait que dans les services d’urgences, les femmes et les personnes non blanches étaient moins prises au sérieux que les autres patients et patientes. Dans le jargon médical, en France, on parle de syndrome méditerranéen. Un préjugé raciste laissant entendre que les personnes d’origines berbère d’Afrique du Nord ou non blanche, en général, auraient tendance à exagérer leurs symptômes et leurs souffrances. Comme d’autres violences systémiques telles que les violences policières qui ont été évoquées ici, cette croyance tue.
En France, en 2017, Naomi Musenga n’a pas été prise au sérieux. Lorsqu’elle s’est plainte de violentes douleurs au ventre, elle a été accueillie par les moqueries de l’opératrice des urgences. Elle est décédée cinq heures plus tard.
En décembre dernier, c’est Aïcha, treize ans, qui s’est vue accusée de simuler sa souffrance. Pendant trente minutes, les pompiers, appelés en urgence par ses parents, ont minimisé sa douleur et remis en question les paroles de sa mère. Atteinte d’une hémorragie cérébrale, elle est décédée douze jours plus tard à l’hôpital.
Pour ces deux cas portés à notre connaissance, du fait de l’enregistrement des interactions, combien meurent du sexisme et du racisme médical dans l’indifférence ? Malgré ces faits accablants, la dénonciation du racisme dans la sphère publique reste un exercice périlleux. Selon une étude d’Amnesty International portant sur l’expression, sur Twitter, des femmes politiques et journalistes au Royaume-Uni et aux États-Unis, les femmes non blanches, je cite, « ont 34 % de risques de plus d’être mentionnées dans des tweets injurieux ou problématiques que les femmes blanches ». Pour les femmes noires, qui sont ciblées par ce que l’on appelle la mysoginoire, le risque s’élève à 84 %. Cette étude remonte à 2018, bien avant que le réseau social, désormais possession d’un milliardaire, ne devienne X, démultipliant la violence exprimée.
Au delà du cyberharcèlement, la liberté d’expression des femmes non blanches est singulièrement entravée. Sous-représentées dans l’espace public, elles sont fortement incitées à éviter d’aborder les questions raciales. Les rares qui osent s’exprimer s’exposent à de lourdes conséquences, allant des menaces de viol, de mort, au procès-bâillon.
J’en profite pour remercier Mary Lawlor, rapporteuse spéciale des Nations unis pour les défenseurs des droits humains, d’avoir interpelé la France quant aux attaques, aux poursuites judiciaires, à la surveillance et aux intimidations que je subis depuis des années dans le débat public en France. Rappelons également combien les politiques migratoires de plus en plus restrictives tuent pour satisfaire l’appétit d’un public toujours plus sensible aux thèses xénophobes. Entre janvier et mai 2024, 5 504 exilés sont morts en tentant de rejoindre l’Espagne par la mer méditerranée. Près de 33 décès par jour. Une personne toutes les 45 minutes, dont des femmes, des enfants, dans la quasi indifférence.
Dans un contexte où la pensée de l’extrême droite se normalise, et ce bien trop souvent avec la complicité des médias, il est plus qu’urgent de protéger les vies et les voix des groupes rendus vulnérables par le déni d’un racisme structurel profondément ancré.
Rokhaya, bâillonnée, est pourtant partout
- Source : E&R