www.zejournal.mobi
Mardi, 15 Juill. 2025

Et si Macron n’avait jamais eu l’intention de partir ?

Auteur : Franck Pengam | Editeur : Walt | Mardi, 15 Juill. 2025 - 13h09

Depuis plusieurs mois, la question revient sur toutes les lèvres. Macron, insatiable de pouvoir, préparerait-il déjà son troisième mandat ?

Une perspective qui fait grincer des dents dans l’opposition, mais qui, étrangement, semble peu à peu se normaliser dans le paysage médiatique. Comme si l’idée d’un président revenant pour un troisième tour n’était plus taboue. Comme si les règles ne valaient plus tout à fait pour lui.

Le président, fidèle à sa stratégie de communication floue, esquive systématiquement les questions sur son avenir politique. Mais une petite phrase lâchée récemment a ravivé les soupçons.

Un président qui ne veut pas décrocher

Macron est apparu par surprise le 5 juillet 2025 lors des dix ans des Jeunes avec Macron, rebaptisés Jeunes en marche.

Une opération de communication bien rôdée, où il n’a pas manqué l’occasion de montrer qu’il s’accroche au pouvoir comme une moule à son rocher :

«J’ai aussi besoin de vous pour dans deux ans ! Pour dans cinq ans ! Pour dans dix ans ! Parce que vous serez là, et comptez sur moi, je serai là avec vous !»

Ces propos laissent penser que notre cher président n’a nullement l’intention de quitter la scène politique française après son second mandat. Certains se demandent même s’il ne prépare pas déjà un contournement de la Constitution pour briguer un troisième.

Cette hypothèse d’un Macron s’accrochant au pouvoir pour encore cinq ans ne surprend pas ceux qui suivent de près sa trajectoire. Jamais rassasié, toujours avide de contrôle, il semble incapable d’imaginer la France sans lui à sa tête.

La Constitution : un verrou pas si solide

Mais tout cela se heurte à un mur – ou du moins, en apparence : la Constitution. Celle du 4 octobre 1958, toujours en vigueur, pose une limite claire :

Article 6 : «Le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs».

Ce second alinéa, introduit lors de la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 poussée par Nicolas Sarkozy, visait explicitement à empêcher un président de s’éterniser au sommet de l’État. Une inspiration venue du modèle américain, lui aussi limité à deux mandats consécutifs.

Mais à bien y regarder, cette limitation est toute relative. Elle empêche deux mandats successifs, mais rien n’interdit à un ancien président de revenir après une pause. Et c’est bien là que le doute s’installe.

Macron 2032 : retour programmé ?

Rien, en effet, n’empêche Macron de revenir nous emmerder en 2032. Il aura alors 54 ans, une énergie intacte, un réseau politique bien rodé, et surtout, une ambition toujours aussi féroce.

Le site Vie publique – ce portail officiel de l’État – le confirme noir sur blanc : un président ne peut pas être réélu une troisième fois consécutivement, mais il peut très bien se représenter après un mandat d’interruption.

Nos constitutionnalistes, toujours prompts à légitimer les désirs du pouvoir en place, n’y verraient sans doute aucun obstacle. Une petite pause stratégique, et le tour est joué. La Constitution devient alors un texte souple, malléable, au gré des ambitions présidentielles.

Le jeu des élites, l’illusion du renouveau

Et même si Macron ne revient pas à l’Élysée, qu’importe ? Nos dirigeants jonglent entre les fonctions comme dans un jeu de chaises musicales réservé aux élites. De Matignon à l’Élysée, des cabinets ministériels aux conseils d’administration des grands groupes, c’est toujours le même cercle fermé.

La limitation à deux mandats consécutifs donne l’illusion d’un renouveau, mais dans les faits, c’est toujours la même clique, les mêmes réseaux, les mêmes familles politiques qui gardent la main sur les leviers du pouvoir.

Le système a tout prévu : une rotation maîtrisée de ses marionnettes pour maintenir l’apparence d’une démocratie vivante. Une petite victoire symbolique, peut-être, pour les Français qui en ont assez de voir toujours les mêmes visages. Mais un mirage, au fond.

Franchira-t-il le Rubicon ?

Difficile d’imaginer ce nouveau coup de force alors que le pays peine déjà à digérer les précédentes pilules amères servies par l’Élysée. Mais avec ce président-là, plus rien ne nous étonne vraiment.

En France, on évite de trop parler d’un éventuel troisième mandat présidentiel. Pourtant, le sujet refait surface avec Emmanuel Macron, alors que seul Jacques Chirac avait un temps envisagé cette possibilité. Chirac a renoncé – pas par respect des institutions, bien sûr, mais pour des raisons bien plus prosaïques : fatigue, sondages en berne, et Sarkozy à ses trousses.

Aujourd’hui, Macron pourrait-il franchir ce Rubicon que même Chirac n’a pas osé traverser ? La question mérite d’être posée, surtout venant d’un président qui n’a jamais caché son admiration pour les régimes où le pouvoir reste entre les mêmes mains pendant des décennies.


Cela peut vous intéresser

Commentaires

Envoyer votre commentaire avec :



Fermé

Recherche
Vous aimez notre site ?
(230 K)
Derniers Articles
Articles les plus lus
Loading...
Loading...
Loading...
 
 

Contribuer au journalisme de ZeJournal

Faites un don pour nous aider à poursuivre notre mission d’information

Faire un don

( En savoir plus )