«Que des rêves» : Lavrov balaie les propos de Macron sur le règlement du conflit ukrainien
Le chef de la diplomatie russe a tenu ce 25 novembre une conférence de presse au cours de laquelle il a commenté le plan de paix proposé à Kiev par Donald Trump ainsi que les déclarations d’Emmanuel Macron sur le règlement du conflit, jugées irréalistes par Moscou.
Lors d’une conférence de presse, ce 25 novembre, à l’issue d’une réunion avec son homologue biélorusse Maxime Ryjenkov, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que son pays avait «reçu» le plan de Donald Trump pour la résolution de la crise ukrainienne, mais que cela s’était fait «par des voies non officielles».
«Nous sommes, naturellement, comme l’a dit le président Vladimir Poutine, prêts à discuter des détails de formulation, car toute une série de points nécessite des éclaircissements», a-t-il par ailleurs évoqué concernant ce projet de plan de paix en 28 points soumis à Kiev par Washington. Plan, dont ils n’auraient pas «la version» sur laquelle «les médias spéculent», a-t-il précisé, assurant que Moscou attendrait de Washington qu’il lui présente une version élaborée en accord avec l’Europe et l’Ukraine.
Dans celle-ci, la Russie l’examinera «si l’esprit et la lettre de l’accord d’Anchorage sont bafoués» concernant les points jugés essentiels par Moscou. Si tel est le cas, «la situation sera évidemment fondamentalement différente», a prévenu Lavrov.
Selon des titres de la presse européenne, la version du plan soumis par le président américain aurait été «sensiblement» amendée par les Européens lors des récentes discussions à Genève.
À ce titre, le chef de la diplomatie russe s’est également montré critique à l’endroit de «ceux qui se livrent» à une «diplomatie médiatique» et qui poursuivent «des objectifs loin d’être nobles». Dans le collimateur du ministre russe figure notamment Emmanuel Macron. «Nous voulons la paix, mais pas une capitulation», a lancé ce 25 novembre le président français au micro de RTL, au sujet du plan de paix de son homologue américain.
Résolution de la crise ukrainienne : les Européens ont «gâché» leurs chances
Lors de cet exercice médiatique, Emmanuel Macron en a profité pour ressasser une énième fois son souhait que des soldats occidentaux soient déployés en Ukraine, à l’issue du conflit, au titre d’une «force de réassurance» et d’affirmer que seule la Russie ne voudrait pas de la paix. «Ce ne sont là que des rêves qui n’ont rien à voir avec un règlement pacifique», a balayé Lavrov, fustigeant «une déclaration très agressive». Il a par ailleurs accusé les responsables politiques européens d’instrumentaliser la crise ukrainienne, estimant que «certaines manœuvres» ne visent «qu’à détourner l’attention de leur électorat d’une politique totalement ratée en matière de développement économique et social».
Selon Lavrov, «certains pays européens» commenceraient à réfléchir à la suite à donner à leurs relations avec la Russie. Quant à cet avenir, en matière d’architecture de sécurité, le chef de la diplomatie russe a clairement fait part de sa préférence pour une «approche eurasienne», reléguant l’Union européenne au rang de «simple annexe de l’OTAN» où les intérêts européens ne seraient plus représentés. Des Européens insistant sur leur participation à tout accord de paix, alors même, a-t-il fustigé, qu’ils ont depuis 2014 «simplement gâché» leurs «chances» de contribuer à la résolution de la crise ukrainienne.
Sergueï Lavrov a notamment renvoyé aux aveux des anciens chefs d’État français et allemand – François Hollande et Angela Merkel – concernant les accords de Minsk, qui, selon les propos de l’ex-chancelière, n’auraient été qu’«une tentative de donner du temps à l’Ukraine» en vue d’un conflit ouvert avec la Russie. Le ministre russe a également rappelé le concours de l’ex-Premier ministre britannique Boris Johnson à l’échec des pourparlers d’Istanbul au printemps 2022.
À l’inverse, le chef de la diplomatie russe a salué la médiation de la Turquie, ainsi que la position de la Hongrie, et celle des États-Unis, «seul pays occidental, contrairement à Londres, Bruxelles, Paris et Berlin, à avoir pris l’initiative de trouver une solution».
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Sergueï Lavrov : Grande interview
Interview du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov par Irina Dubois, de l’association Dialogue franco-russe.
Au sommaire :
00:34 – Introduction par Irina Dubois
01:31 – La Russie est-elle ennemi de la France ? La France devra-t-elle sacrifier ses enfants ?
03:20 – Les accords de Minsk compromis
06:12 – Les menaces près de la Russie
07:12 – Les obligations de l’OSCE et l’expansion de l’OTAN
09:06 – La politique russophobe
10:00 – Macron pense que la guerre en Ukraine n’a pas été provoquée
11:15 – L’économie de guerre en France ?
11:42 – Rien ne prouve que la Russie va attaquer la France
13:06 – « Nous allons vaincre la Russie avec des armes classiques »
13:47 – Le problème des élites qui parient sur la guerre
15:04 – Le style arrogant des élites européennes
15:54 – Orbán et Fico
16:10 – Les experts du Dialogue franco-russe
16:28 – Les Russes frappent-ils les cibles civils ?
17:30 – Le rôle de l’ONU
19:00 – Tochka-U
19:30 – La maternité de Marioupol
19:48 – Boutcha : où sont les preuves ?
24:10 – Donald Trump est-il pacificateur ?
26:00 – Il faut traiter les causes profondes de ce conflit
27:30 – Comment les États-Unis traitent l’Europe et le reste du monde ?
29:00 – L’Amérique doit être première partout ?
30:03 – Boris Johnson
32:00 – Le dollar et le chaos international
33:09 – Les huit guerres arrêtées par Donald Trump ?
34:37 – La propagande : qui domine la guerre d’information ?
36:40 – Victoria Nuland et le coup d’État en Ukraine
37:20 – RT et Spoutnik
38:17 – Kaja Kallas
39:52 – Macron et Poutine, la relation franco-russe à l’épreuve
42:52 – Les dirigeants pragmatiques face aux élites russophobes
43:50 – La Finlande
45:59 – Le front bouge. Les Européens aident l’Ukraine. Les Rafale
47:20 – Un jeu occidental
48:37 – Pourquoi minimiser le rôle de la Russie et de la Chine dans la Seconde Guerre mondiale ?
53:30 – La France et les BRICS
54:11 – Le G7 et le marché libre
56:02 – Le business français de retour en Russie ?
57:35 – Lavrov diplomate et les risques du métier
Source: Dialogue F-R
- Source : RT (Russie)















