Israël frappe le dernier hôpital chrétien de Gaza lors du dimanche des Rameaux, tuant un enfant

Ce dimanche des Rameaux, l’hôpital al-Ahli de Gaza a été ciblé et détruit. Selon Israël, le site abritait des infrastructures du Hamas. Le diocèse anglican, gestionnaire de l’hôpital, conteste fermement.

Au cœur d’un conflit toujours plus ravageur, une attaque israélienne survenue le dimanche des Rameaux a frappé l’hôpital al-Ahli de Gaza, unique établissement chrétien de la région et dernier centre médical encore pleinement opérationnel dans la ville. L’intervention militaire a eu lieu alors que les chrétiens du monde entier commémoraient l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem.

L’armée israélienne a justifié cette frappe en affirmant que l’hôpital abritait un centre de commandement du Hamas. Toutefois, selon le diocèse épiscopal de Jérusalem — gestionnaire de l’établissement et affilié à l’Église anglicane —, cette attaque a gravement perturbé le fonctionnement de l’hôpital, causant la mort d’un enfant gravement blessé lors d’une évacuation en urgence. L’édifice religieux voisin, l’église Saint-Philippe, a également subi des dégâts considérables.

Le révérend chanoine Don Bandar, deuxième secrétaire du Conseil des patriarches et chefs des Églises de Jérusalem, a déclaré dans un message publié sur Facebook que le bombardement de l’hôpital baptiste de la ville de Gaza par l’occupation israélienne, survenu le dimanche des Rameaux, constitue une insulte à tous les chrétiens ainsi qu’une violation flagrante de toutes les normes de conduite humaine.

Des installations médicales réduites à néant

D’après les témoignages recueillis par Middle East Eye, la frappe a anéanti le bloc opératoire et détruit la station d’oxygène indispensable aux soins intensifs. Le bilan humain direct reste faible selon la Défense civile de Gaza, mais les conséquences à long terme sur l’accès aux soins sont catastrophiques.

Un médecin local, contacté par les forces israéliennes, aurait reçu l’ordre d’évacuer dans les 20 minutes. Khalil Bakr, blessé, raconte avoir fui avec ses filles mutilées juste avant que l’hôpital ne soit frappé :

« Nous avons quitté les lieux quelques instants avant l’explosion. Mes filles, amputées et gravement blessées, étaient à bout de force ».

Réactions internationales et indignation croissante

L’archevêque d’York, Stephen Cottrell, s’est dit profondément choqué par le choix de cette date symbolique pour une telle attaque :

« Ce geste ajoute à la douleur d’un peuple déjà meurtri. Mes prières vont aux soignants et aux familles touchées ».

Du côté diplomatique, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a fermement condamné cette opération, qualifiant ces actes de « violations inacceptables du droit international humanitaire ». Il a souligné que les frappes israéliennes ont drastiquement réduit l’accès aux soins dans l’enclave palestinienne.

Le Patriarcat orthodoxe de Jérusalem a également dénoncé la destruction de l’hôpital, qualifiant l’acte de « tragédie humaine et spirituelle », soulignant que des dizaines d’établissements médicaux ont été détruits depuis le début de l’offensive.

Des accusations qui sèment le doute

Les déclarations de Tsahal sur l’utilisation d’hôpitaux par le Hamas comme bases militaires ont été de plus en plus remises en question. Des enquêtes menées par des journalistes internationaux et des ONG ont relevé des incohérences, allant jusqu’à accuser l’armée israélienne d’avoir manipulé des preuves.

L’un des cas les plus marquants remonte au mois dernier : 15 secouristes ont été retrouvés dans une fosse commune à Gaza après la destruction de leur convoi. Bien que l’armée ait affirmé que ces véhicules agissaient de manière suspecte, une vidéo retrouvée sur un téléphone d’un ambulancier tué a démontré le contraire : sirènes activées, marquages médicaux apparents, aucun comportement suspect.