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Mercredi, 12 Mars 2025

Norman Finkelstein sur le génocide à Gaza : le cessez-le-feu

Auteur : Community Church of Boston (Etats-Unis) | Editeur : Walt | Lundi, 10 Févr. 2025 - 16h15

Norman Finkelstein nous rappelle qu’en 2008-2009, l’Opération Plomb Durci a pris fin le 18 janvier, à la veille de l’investiture du Président Obama, qui ne voulait pas voir son début de règne entaché par le sang déversé à Gaza. De manière purement égoïste, Trump a bel et bien, contrairement à « Genocide Joe » Biden, mis fin à 16 mois de massacres, mais l’optimisme n’est pas forcément de rigueur.

***

Question : Professeur Finkelstein, quelles sont vos réflexions sur le soi-disant accord de cessez-le-feu, alors que le cessez-le-feu est annoncé mais que le génocide continue ? Quel avenir envisagez-vous pour les innocents Palestiniens ? Et j’ai une deuxième question : Que pensez-vous qu’il se passera avec le changement de gouvernement aux États-Unis et l’arrivée d’un nouveau président ?

Norman Finkelstein : Je ne prétends pas être un expert des négociations en cours qui ont abouti à cet accord de cessez-le-feu. J’ai, bien sûr, lu le texte de l’accord et pris connaissance de certains commentaires à ce sujet, mais je ne l’ai pas suivi de près, car je travaillais à un livre sur Gaza, qui me préoccupait. Mon sentiment de base… Non, je ne veux pas parler de sentiment, mais de compréhension, qui est la suivante :

Premièrement, il existe une analogie intéressante avec ce qui vient de se passer avec le cessez-le-feu. Je suppose que personne parmi vos téléspectateurs et auditeurs ne le sait, mais le 17 janvier 2009, l’opération « Plomb durci » a pris fin. Il s’agissait de l’assaut israélien sur Gaza, qui à l’époque semblait être un assaut de grande envergure. Il a duré du 26 décembre (2008) au 17 janvier (2009). Amnesty International l’a qualifiée de « 22 jours de mort et de destruction ». Savez-vous pourquoi elle s’est terminée ? C’est une histoire intéressante qui a un rapport avec les récents développements à Gaza. Elle s’est terminée parce que le président Obama était sur le point d’être investi président et qu’il ne voulait pas que ce spectacle à Gaza détourne l’attention de son couronnement. Il a donc demandé à Israël de mettre fin à l’attaque, et Israël, obéissant au maître, l’a fait.

Dans la situation actuelle, vous vous souviendrez qu’il y a environ un mois, le président Trump a annoncé que si les otages n’étaient pas libérés avant son investiture, il y aurait un véritable enfer à payer. Le président Trump ne voulait pas commencer sa présidence en lançant un assaut sauvage contre Gaza, d’abord parce que la population de Gaza avait déjà vécu l’enfer au cours des 15 derniers mois, il n’y avait donc pas grand-chose de plus à faire, et ensuite parce qu’il ne voulait pas commencer sa présidence sur une note aussi impitoyable et sans cœur. Il a donc lancé un ultimatum – ou plutôt, son émissaire a lancé un ultimatum à Netanyahou, en lui disant : « Signe l’accord. » L’accord, qui ne diffère apparemment pas beaucoup de celui conclu en mai de l’année dernière, a mis fin à la violence.

La leçon à retenir est que lorsqu’un président américain dit « Arrêtez ça », cela s’arrête. Tout ce discours selon lequel les Américains n’ont aucun pouvoir, que Netanyahou n’écoute pas, etc., n’a aucun sens.

Cela dit, comme vous le savez, le cessez-le-feu comporte deux volets : le premier est l’échange mutuel d’otages, les milliers d’otages détenus par Israël contre la centaine ou moins détenue par le Hamas. Ensuite, il y a le deuxième aspect : la promesse d’admettre l’aide humanitaire à un niveau élevé, c’est-à-dire 600 camions par jour, ce qui permettrait la reconstruction de Gaza et tout le reste. Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, la levée du blocus de Gaza et l’autorisation de sa reconstruction ont été promises après l’opération Plomb durci [2008-2009], après l’assaut israélien contre la flottille humanitaire Mavi Marmara [2010], après l’opération Pilier de défense en 2012 et après l’opération Bordure protectrice en 2014. Et pourtant, rien n’a été fait.

Comme lors de l’opération Pilier de défense, le ministre de la Défense de l’époque, Ehoud Barak, avait déclaré qu’ils étaient en train de signer un accord pour mettre fin à l’opération. Ces massacres de haute technologie, disait-il, signaient un accord qui incluait un cessez-le-feu et la levée ou l’assouplissement du blocus. À l’époque, M. Barak avait dit à d’autres responsables israéliens, qui se demandaient s’il fallait signer le cessez-le-feu et l’allègement du blocus : « Un jour après le cessez-le-feu, personne ne se souviendra de ce qui est écrit dans cet accord. » Je pense que c’est tout à fait exact. Je pense qu’après le cessez-le-feu et l’échange mutuel d’otages entre Israël et le Hamas, toutes les promesses concernant l’admission de l’aide humanitaire et la reconstruction de Gaza – rien de tout cela ne se produira. Elles s’évanouiront comme la neige sous le soleil du printemps. Cela ne se produira pas.

Original : Entrevue complète en anglais sur Youtube, 18 janvier 2025

Traduction : Alain Marshal pour son blog


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