Le front ukrainien et les pseudos « négociations de paix »
La focalisation du discours politico-médiatique autour des fameuses négociations de paix, dont personne n'a la moindre idée ni du format, ni du contenu, tant cela semble hors-sol dans le cadre d'un conflit non épuisé, fait toutefois tomber quelques masques. L'échec des pays européens à être un centre politique, la réduction de l'Ukraine à un front et le choc à venir des Titans sont les premiers éléments, qui viennent à l'esprit.
Donald Trump continue à faire monter la pression autour d'une rencontre avec Vladimir Poutine, pour soi-disant ramener la Russie "à la raison" - en tout cas atlantiste - et mettre un terme à la guerre en Ukraine, qui soit dans l'intérêt des Etats-Unis, sans que la Russie, qui se dit prête à discuter, ne montre des signes d'optimisme particulier. Le problème majeur pour l'illusion, sur laquelle repose le monde aujourd'hui, est que ces pourparlers ne sont a priori conçus qu'entre les deux acteurs majeurs et réels de la scène géopolitique, à savoir la Russie et les Etats-Unis. Les autres sont remis à leur place, celle des figurants ou du personnel technique.
L'Europe réduite à l'Union européenne a disparu du champ géopolitique. Elle est un instrument régional de gouvernance globale, dans sa dimension institutionnelle. Géographiquement, elle est une périphérie, devant garantir la réussite de la politique de Roll back contre la puissance russe.
L'Ukraine est réduite, ouvertement cette fois, à un front. Elle est l'objet de la négociation et non le sujet. Ce qui inquiète Zelensky, autant que les dirigeants globalistes européens, qui voient ainsi le voile de l'illusion et de l'hypocrisie se déchirer et leur impuissance étalée sur la place publique - avant qu'ils ne soient jetés à la vindicte populaire, pour calmer les esprits et repartir sur de "nouvelles bases" - pour que surtout rien ne change, c'est-à-dire pour que le pouvoir ne change pas de main.
La gesticulation de Macron est ici assez ... pitoyable. Dans un discours devant l'armée française, déconsidérée et abandonnée au bon vouloir des hyènes atlantistes depuis des dizaines d'années, il veut mobiliser la jeunesse. Cette jeunesse, qui ne fait pas son service militaire - et qu'en fait ces élites ont peur de rétablir. Cette jeunesse qui méprise l'ordre, comme l'idéologie dominante l'ordonne. Alors restent de belles paroles, vides de sens, car aucun mécanisme concret de réveil du peuple français ne peut être mis en place, au risque de voir ce peuple et ces institutions nationales se retourner contre ceux-là mêmes, qui trahissent notre pays.
Dans la même veine, alors que personne ne pense à inviter la France, la Grande-Bretagne et surtout pas l'Allemagne, à ces putatifs pourparlers, l'OTAN et l'UE s'agitent en vue d'un soutien inconditionnel et éternel à l'Ukraine. Les porte-paroles de ces structures oublient un peu vite qu'ils ne sont que les gestionnaires d'organes, devant assurer la gouvernance globale. Ils ne sont pas des décideurs, ils sont des manageurs. Ils assureront la politique, qui sera décidée par les véritables forces politiques, tant que la globalisation existera.
S'il faut faire une pause dans le conflit, ils assureront la reconstitution des forces pour repartir à l'attaque, quand l'ordre leur en sera donné ; s'il faut continuer à se battre, ils mettront en oeuvre les ressources nécessaires, jusqu'aux armées nationales ou à la mobilisation s'il le faut pour sauver le pouvoir globaliste. Si la guerre prend réellement fin avec une victoire de la Russie, ils disparaîtront : car ce sont les instruments d'un monde global et atlantiste, ils n'ont pas leur place dans une autre configuration géopolitique. S'ils persistent, alors soit la Russie n'aura pas vaincu, soit ce ne sera pas la paix.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, l'URSS et les Alliés ont vaincu, non pas uniquement parce qu'Hitler est tombé et que les armées sont arrivées à Berlin, mais parce que le nazisme est tombé. L'idéologie, à la source du danger, a disparu. Il a alors été possible d'établir, pour un certain temps, une certaine paix.
Cette guerre ne prendra réellement fin, quand les sources du danger auront disparu, quand la globalisation et ses organes de gouvernance pourront être remplacés par un nouveau système. Plus humain. Plus équitable. Au moins pour un certain temps. Pour cela, il faudra une véritable victoire.
La victoire ne se négocie pas, elle se remporte.
- Source : Russie politics